Un débat ?

 

Je vais essayer d’analyser l’émission d’hier, si on peut appeler cela comme cela, car c’est sur la plate forme zoom, la table ronde organisée par J Siaud-Facchin . On pouvait voir aussi le tout sur facebook et poser des questions. Nombreuses, je le suppose puisque je ne peux les lire – c’est une conception archaïque du débat à l’heure moderne des réseaux sociaux, puisque l’on peut bloquer un « ami » qui dérange avec ses questions et remarques pertinentes (de surdouée) pour accroitre artificiellement sa notoriété. Je m’étais inscrite sur zoom, puisque JSF m’a bloquée depuis quelques temps sur son facebook.

Certains s’étaient interrogés, à raison, sur le fait de savoir s’il était opportun ou non d’accepter cette invitation. J’avoue que, sentant un risque de piège, j’étais un peu partagée et je n’ai pas d’avis tranché sur cette question. Mais le fait est, comme l’a écrit Franck Ramus sur fb, qu’il ne faut pas faire la politique de la chaise vide. Surtout qu’en 2018, je déplorais que des chercheurs français comme Nicolas Gauvrit et Franck Ramus , qui est au conseil scientifique de Education Nationale, n’aient pas été conviés à un colloque international à la Sorbonne, organisé par Florence Paris. Hier, l’exercice était utra périlleux, face à une organisation rompue  à la communication et au marketing.  Car J Siaud-Facchin, avant d’être proclamée « spécialiste des surdoués » par des journalistes, a été plutôt spécialiste dans l’art de la communication et dans l’art du réseautage durant 15 ans. On peut légitimement questionner la part de responsabilité des journalistes.  Fort heureusement,  Olivier Revol a admis qu’ils ont pris le wagon en marche et « on n »est pas toujours d’accord » . Il a redonné à J Charles Terrassier sa place de pionnier(ANPEIP 1971). Il a oublié Arielle Adda (en route), mais bon. J Siaud-Facchin interpelle d’ailleurs dans la présentation O Revol, avec du « mon frère » et Michel Habib « mon doudou ». On sentait déjà de sa part le sérieux scientifique poindre le bout de son nez. On sentait aussi une grande tension, (enfin, j’ai eu l’impression).

Si on veut comprendre l’ascension de Siaud-Facchin et de ses théories, voici un podcast (intéressant sur une grosse moitié) :

15 ans de marketing, cela explique un réseau puissant

https://www.histoiresdesucces.com/jeanne-siaud-facchin

 

Hier, on a assisté à deux heures de « débats » sur le haut potentiel, mais le temps imparti aux différents intervenants était inégal, c’est le moins que l’on puisse dire. Je me suis inscrite à ce « débat » parce que Franck Ramus et Nicolas Gauvrit y étaient invités.  J Siaud-Facchin y a associé les « grandes »associations , faisant mine de méconnaitre AFEAAS -Les hauts talents, qui est une association scientifique réellement.

Au début J Siaud-Facchin a parlé plus de 30 minutes dans une séquence d’auto congratulation, quasi publicitaire. C’était très (trop) long, ce qui a eu pour conséquence que les autres intervenants ont eu peu de temps ensuite. J’ai découvert Sophie Brasseur, autrement que par sa thèse. Je cite : « cliniciens, on pense que c’est représentatif
mais en général, on ne trouve pas de spécificités ».

Je cite F Ramus:  » merci , j’ai 5 mn
haut QI c’est factuel, neutre, objectif, seule définition internationale
dans la discussion, il faut distinguer HQI qui consultent et les autres. »

Nicolas Gauvrit a été contré à la toute fin par J Siaud-Facchin, sur les études sur la réussite scolaire des surdoués qu’elle contestait, en disant que ce sont des études anciennes… Mais non, en fait.

Il faut se rappeler quand même que J Siaud-Facchin écrivait en 2017 : « Tout le monde a le droit de réussir, les surdoués aussi ! » (oui, je sais, j’ai parfois trop de mémoire).

Au début de la prise de parole, concernant F Ramus  J Siaud-Facchin, a parlé d’un livre de Franck Ramus qui n’existe pas. ça, c’était pour détendre l’atmosphère.

Je ne vais pas tout résumer, mais J Siaud-Facchin, a démarré en citant les associations et pas celle que l’on a créée pour lutter contre la pathologisation du haut potentiel. AFEAAS

Les questions posées sur fb n’ont pas eu de réponse.  Ce sera peut-être pour une autre fois.

Je cite la conclusion de Stéphane sur mon groupe fb  hauts potentiel surdouées et positifs :

« Jusqu’ici JSF présente bien la chose je trouve, elle est très au fait des dérives liées à son bouquin visiblement:
1/ HPI, HQI, Surdoués sont des synonymes
2/ Le test de QI est ce qui fait foi pour identifier un HP
3/ On ne s’auto-proclame pas HP après avoir lu tel livre ou telle description, c’est là que commencent les dérives et un effet barnum potentiel
 »

comprendre « ne vous croyez pas surdoué après avoir lu mon livre TIPEH » , ce qui est un bon conseil.

A la toute fin, il y a eu une analogie avec le virus… oui… mais être surdoué n’est pas une maladie !

J’aurais aimé demander par exemple à JSF si elle se sent responsable (mais pas coupable) dans la prolifération de ces « fake news » : « « Les surdoués ont une perception du monde différente, une sensibilité exacerbée et une pensée en arborescence. On rencontre beaucoup de difficultés à l’école, au travail et dans la société en général. » »

https://www.ouest-france.fr/bretagne/vannes-56000/vannes-une-association-d-entraide-et-d-echange-pour-les-surdoues-6814126?fbclid=IwAR3Sz8SA9xW-TIHF6OD8bwbRWva95e_azh6WhYBshKQiGYXBb4gLcbhFYVk

Mais soyons positifs, c’est la première fois qu’une volonté de discussion s’exprime.

Quelques articles pour approfondir le sujet :

La morale

Copinage

Discussion avec J Siaud-Facchin sur facebook

https://planetesurdoues.fr/index.php/2019/04/08/faux-et-consequences/

ALERTE PATHOLOGISATION

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Votre cerveau

J’AI LU CECI SUR FB

« Chaque semaine, pendant la durée du confinement, Allary Éditions vous propose un roman et un essai en lecture gratuite.

L’essai de la semaine : « Votre cerveau vous joue des tours » d’Albert Moukheiber.
Riche de nombreux exemples tirés de la vie quotidienne et de récits d’expériences de psychologie sociale, cet essai rend accessibles les dernières découvertes des neurosciences et propose des outils pour faire de notre cerveau notre allié en toutes circonstances. »
https://bit.ly/2XVWa0D

« Pourquoi croyons-nous souvent avoir raison lorsque nous avons tort ? Pourquoi sommes-nous terrorisés par une toute petite araignée inoffensive ? Pourquoi avons-nous peur de parler en public alors qu’aucun danger ne nous guette ? Pourquoi nous laissons-nous avoir par les infox ? »

https://www.allary-editions.fr/publication/votre-cerveau-vous-joue-des-tours/

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Les risques de surdiagnostics

Un article de sciences et vie publié récemment pose la question des risques de surdiagnostics de haut potentiel, mais aussi de TDAH (trouble de l’attention) et des TSA (troubles du syndrme autistique).

« On ne compte plus le nombre d’articles et de livres consacrés à la précocité, la douance… autant de termes désignant une même particularité : des compétences cognitives hors normes. Les demandes de consultation pour évaluer son Q.I. ou celui de ses enfants ont, selon les professionnels, nettement augmenté ces dernières années. »

Pour lire l’article, cliquer sur :

https://www.science-et-vie.com/corps-et-sante/hyperactifs-surdoues-autistes-la-tentation-du-surdiagnostic-55421?fbclid=IwAR0TCdZ5j4wfl9McDw39ooDsso12igFXn330SyfTWJ3uZZsL5p0zGVWlqnY

Exemple trouvé au hasard :

« il dispose tout simplement d’une pensée complexe et est affublé d’une grande sensibilité.  »

Pierre et Fred (L’amour est dans le pré), leur fils surdoué ? Révélations….

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« La cause des femmes » Gisèle Halimi

En ces moments de confinement, nous avons beaucoup de temps pour lire ou relire nos classiques. Je relis ce livre « La cause des femmes » de Gisèle Halimi, édité en 1974. Cette avocate militante et auteur est peut-être moins connue des plus jeunes que Simone Veil, dans la lutte pour le droit à l’avortement. Mais son oeuvre militante a été décisive pour changer les mentalités sur ce sujet sensible.

 « à première vue, superficiellement, les batailles féministes apparaissent toujours comme marginales ou reformatrices. Mais en agglomérant, en faisant prendre conscience, elles obligent à l’analyse radicale, à la remise en cause du système ; elles impliquent une lutte qui les dépasse, qui finalement, s’inscrit dans le grand mouvement révolutionnaire. Mouvement dont les femmes deviennent le fer de lance. » P 166

 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/22/gisele-halimi-j-avais-en-moi-une-rage-une-force-sauvage-je-voulais-me-sauver_6012578_3224.html

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La peur

Au sujet de la peur collective que nous vivons en ce moment avec l’épidémie du coronavirus, j’ai lu cet article et je l’ai trouvé vraiment intéressant. C’est une réflexion philosophique du philosophe Comte Sponville sur le sens de la vie :

Une bonne nouvelle, quand même, ce méchant virus est moins mortel que ce que l’on croyait au début :

« En démographie, le taux de mortalité (ou taux brut de mortalité) est le rapport entre le nombre annuel de décès et la population totale moyenne sur une période et dans un territoire donné.
Le taux de létalité est le nombre de décès rapporté au nombre de malades. « 
 
coronavirus : taux de létalité = 1, 4 % (ou 3,4 % au début )
maladie très contagieuse
 
« Selon leurs conclusions, la probabilité de mourir après avoir développé les symptômes du Covid-19 est de 1,4%. « L’estimation du nombre réel de cas, nécessaire pour déterminer la gravité par cas, est un défi dans le cadre d’un système de santé débordé qui ne peut pas établir le nombre de cas de façon certaine », écrivent les chercheurs. »
J’ai (eu) une aplasie médullaire quand j’avais 19 ans,
taux de létalité = 30 %
taux de rechute = 30 %
maladie très rare , très grave mais non contagieuse.
Lorsque j’avais 19 ans, j’ai attendu huit longs mois avant de connaître le nom de cette maladie
 
Avec ce coronavirus, le problème est l’extension rapide à cause de la contagion extrême , et c’est ce qui a créé cette grand peur. Mais on peut s’en protéger avec des masques (du moins essayer, et si on en a).
 
L’ aplasie médullaire est une maladie dont on ne peut se protéger, c’est le cas de beaucoup d’autres maladies (par ex le cancer). Les malades d’aplasie médullaire ont moins de globules blancs pour contrer les infections et les virus. Ils doivent se confiner quand ces globules sont très bas ou être en chambre stérile pour les greffés de la moelle osseuse.
Je voudrais ajouter un point au sujet des médecins et soignants qui sont à l’honneur en ce moment difficile. Et c’est totalement normal. Mais il faut savoir que ces personnes travaillent ainsi dans les hôpitaux toute l’année et tous les ans. Enfin, c’est ce que j’ai pu observer.
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La méthode scientifique

 

La méthode scientifique est en ce moment très interrogée à propos d’une étude sur l’effet de la chloroquine sur le virulent coronavirus .  J’ai eu l’idée d’écrire un petit article sur le sujet pour expliquer comment se prépare une recherche.

Le chercheur mène son étude selon un choix qu’il fait, mais il se doit de l’expliquer. Il doit décrire la façon dont il choisit les participants, la méthode, il doit ensuite y avoir une discussion pour bien expliquer l’intérêt de son étude ainsi que les faits observés , puis exposer les résultats. Au final, il faut indiquer les biais de l’étude ainsi que les limites, et ce que l’on pourrait faire dans un avenir proche ou lointain pour améliorer la connaissance. Tout doit être bien explicité pour que d’autres chercheurs puissent répliquer l’étude, car si d’autres études prouvent un effet significatif (au sens statistique) sur le même sujet d’étude, on obtient un consensus scientifique.

On peut lire l’article de Franck Ramus très complet

http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/comprendre-la-publication-scientifique/

L’étude du professeur Raoult qui fait polémique est celle-ci :

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0924857920300996?fbclid=IwAR0R4MFjOvTtlmqBe8Jr6_yPNbY4AeWfnBznk8uP_XR3Mjuca7j7rb9bO98

Chacun peut la lire pour se faire son opinion.

Il est indiqué qu’il y a 46 participants au départ . et non pas 20 comme on l’entend sur différents médias. Ensuite, il y a eu des pertes de participants .

ll est indiqué que ce n’est pas randomisé, c’est à dire que ce n’est pas fait en double aveugle, comme il est conseillé de faire habituellement. Ce fait n’est pas du tout dissimulé. Il est vrai que randomisé, c’est mieux. Aucun doute.

Il est indiqué que des participants ont quitté l’étude en cours, pour cause de volonté du participant, ou de mort. Quoi de plus normal ? Dans une étude scientifique, on doit obtenir le consentement des participants. Si ce n’était pas le cas, ce serait une faute.

Il est indiqué dans les résultats que l’association hydroxychloroquine et azithromycine réduit la charge virale en peu de jours.

Traduction de la conclusion :

« Ces résultats sont prometteurs et ouvrent la possibilité d’une stratégie internationale aux décideurs pour lutter contre cette infection virale émergente en temps réel, même si d’autres stratégies et recherches, y compris le développement de vaccins, pourraient également être efficaces, mais seulement à l’avenir. Nous recommandons donc que les patients COVID-19 soient traités avec de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine pour guérir leur infection et limiter la transmission du virus à d’autres personnes afin de freiner la propagation du COVID-19 dans le monde. D’autres travaux sont également nécessaires pour déterminer si ces composés pourraient être utiles comme chimioprophylaxie pour prévenir la transmission du virus, en particulier pour les professionnels de la santé. Notre étude présente certaines limites, notamment une petite taille de l’échantillon, un suivi limité des résultats à long terme et l’abandon de six patients de l’étude, mais dans le contexte actuel, nous pensons que nos résultats devraient être partagés avec la communauté scientifique. »

Nous attendons la réplication de cette étude qui est en cours à l’échelle européenne pour obtenir peut-être sur le même sujet d’étude un consensus scientifique, ou pas, on ne sait pas, ou pour connaître l’effet bénéfique d’une autre molécule. Peut-être.

IHU de Marseille n’est pas un petit centre de recherche.

https://www.mediterranee-infection.com/linstitut/les-10-points-cles/

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«Les Surdoués»

«Les Surdoués», un magazine ludo-éducatif à télécharger

En solidarité avec les familles confinées, la revue pour adolescent propose un exemplaire gratuit à télécharger en version PDF sur leur site.

 

Une idée pour les adolescents, en ces temps difficiles de confinement. Quoique certains ados aiment se confiner, parfois ; mais pas quand c’est imposé.

http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/les-surdoues-un-magazine-ludo-educatif-a-telecharger-20-03-2020-8284389.php

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Coronavirus et lecture

3ème jour de confinement pour cause de coronavirus. Cela laisse du temps pour lire et relire des livres et des articles. Je relisais ce matin certains commentaires de l’article, (ce que vous encourage à faire aussi) :

La pseudoscience des surdoués

Cet article salutaire a été écrit voilà 3 ans. Il a fait bouger un peu les lignes de la dérive vers la pathologisation du haut potentiel. La prise de conscience a été insuffisante, certes. Mais la situation devenait critique, comme le montre certains commentaires violents.

Extrait d’un commentaire de Coline :

 » Votre démarche est absurde et inutile puisque les fondements en sont injustifiés. Tout ce que votre démarche sert à faire, c’est de revenir 10 ans en arrière, quand on pensait qu’intelligent rimait forcement avec tout va bien »

J’avais répondu le 14.03.2017 11:59

Merci Mélusine et Françoise
@ Coline, vous écrivez que « certains ont la stupidité d’étendre une seule description possible pour en faire une vérité absolue, ce n’est pas la majorité des professionnels cliniciens. » L’article indique ce qui circule dans les médias depuis quelques années. Si vous vous intéressez au sujet, vous ne pouvez avoir loupé ce courant.
Coline vous écrivez « Tout ce que votre démarche sert à faire, c’est de revenir 10 ans en arrière, quand on pensait qu’intelligent rimait forcement avec tout va bien. »
Or il faut retracer l’historique de l’ANPEIP, concernant la « pathologisation du haut potentiel » . Pour l’ANPEIP en 1995, c’est une absurdité, en 1995 ANPEIP indiquait dans un document : « « Pathologiser la précocité est une absurdité irrecevable en termes scientifiques » ANPEIP 1995 p7
Coline vous n’hésitez pas à qualifier la démarche est absurde et inutile, mais savez-vous que des personnes croient dur comme fer que le haut potentiel est une malédiction ? On peut lire par exemple sur un blog à rayures ce commentaire explicite :
« Bonjour. J’ai appris vendredi soir que mon fils de 17 ans (le mois prochain) était en surdouance. Je suis catastrophée car suis totalement démunie. Y aurait-il un groupe de parole vers lequel je puisse me tourner afin de rencontrer des familles dont les ados seraient dans le même cas ? Merci » et ce n’est pas le seul, malheureusement.
Là on est dans un système qui s’auto produit, les enfants croient que la douance est une malédiction, si leurs parents le croient car des professionnels et associations enseignent cela, et même des référents EIP dans l’EN.
Les dérives s’accentuent ce dernières années, avec une accélération ces deux dernières années, c’est pourquoi j’avais écrit mon dernier livre (préfacé par J C Terrassier, créateur de l’ANPEIP en 1971) et que cet article est utile au plus haut point.
Enfin, je vous rappelle ce principe du Code de Déontologie :
« Principe 2
: Compétence
Le psychologue tient sa compétence :
– de connaissances théoriques et méthodologiques acquises dans les conditions définies par la loi relative à l’usage professionnel du titre de psychologue;
– de la réactualisation régulière de ses connaissances;
Reconsidérez votre démarche et la démarche de cet article. Relisez-le peut-être.

On peut relire aussi

Mon deuxième livre    Les surdoués atteints de haut potentiel, l’intelligence malmenée. EDN 2016. est préfacé par  Jean Charles Terrassier, qui est l’auteur de l’ouvrage très célèbre  “Les enfants surdoués ou la précocité embarrassante”.

ou cet article :

Décryptage d’une vidéo de J Siaud-Facchin (mars 2016)

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Le pied !

Outre la préface qu’il avait écrite pour ce livre, Jean-Charles Terrassier m’avait permis de publier son texte, Pas en avant, visible en annexe du livre :

Pas en avant

Toute ressemblance avec des faits existants ou ayant existé…

Ce texte de Jean-Charles Terrassier, président de I’Association Nationale Pour les Enfants Intellectuellement Précoces (ANPEIP), a été recueilli et précédemment édité par Jean-Luc Blary dans TILL l’espiègle no-35 (Ier trimestre 1986). II est repris ci-dessous avec I ‘autorisation de I ‘auteur.

NICE, le 1er avril

Depuis plusieurs années, I ‘Education Nationale poursuit son effort de normalisation des enfants et de leur développement intellectuel.

Dans un souci de justice, le « Comité d’Organisation du Nivellement» (C.O.N.) incite le Ministère de I ‘Éducation à appliquer dorénavant aux pieds des enfants un système de prise en charge analogue à celui pratiqué sur leurs cerveaux avec le succès que chacun sait.

Partant du principe que les pieds ne sauraient en rien être considérés comme inférieurs à la tête, le C.O.N. réclame donc pour eux I ‘égalité de traitement et, en conséquence, la détermination de normes fiables pouvant par la suite leur être imposées.

Dans cette perspective, un groupe de podologues experts va devoir se pencher sur ce problème et déterminer scientifiquement, pour chaque âge de l’enfance, quelle pointure devra être offciellement considérée comme normale, et recommandée comme idéal de développement. Dans chaque région sera instituée une Inspection Podologique qui veillera à la bonne application des règlements et statuera sur les cas particuliers.

En effet, aucun système n’est parfait et des mécontents s’efforceront sans doute, là encore, de mettre en danger I ‘institution comme ils l’avaient fait autrefois sous le fallacieux prétexte du respect de la personnalité de I ‘enfant. Ils essaieront de nous apitoyer sur le sort des élèves qui, ayant les pieds en avance pour leur âge, souffriront de I ‘étroitesse de leurs chaussures. De toute façon, ils ne seront pas plus à plaindre que ceux qui auront de trop petits pieds, perdront leurs chaussures et devront continuer à pieds nus.

Cependant il convient de rester humain.

Ainsi les familles pourront présenter des demandes de dérogation pour que soit octroyée à leur enfant une pointure en plus ou en moins. Une telle mesure restera, bien entendu, exceptionnelle de façon à ne pas porter préjudice à notre radieux principe d’égalité.

En toute dernière extrémité, les enfants dont les pieds ne s’accommoderaient décidément pas du moule standard pourraient bénéficier du tiers-temps podologique, ce qui leur permettra de se déchausser, en toute légalité, pendant une partie de la journée.

Assurément, mettre sur pied une telle réforme apparaît fort ambitieux mais, après la normalisation des cerveaux, celle des pieds permettra de parfaire la mise au pas des générations montantes.

J-C Terrassier

Quelques articles pour approfondir le sujet :

La stigmatisation des surdoués est en marche

ANPEIP 1995

La pseudoscience des surdoués (Franck Ramus/Nicolas Gauvrit) 2017

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