Itinéraire de l’adulte doué : une indicible désolation intérieure A. Adda. 2003

Itinéraire de l’adulte doué : une indicible désolation intérieure

De l’errance à la révélation

Nous commencerons par évoquer quelques aspects du chemin suivi par les adultes doués jusqu’à la révélation de leur don intellectuel : leur parcours et son aboutissement.

Il s’agit ensuite de guider l’explorateur après la découverte, peut-être fortuite, de son don, dans des contrées tout à la fois inconnues et familières.

Une indicible désolation intérieure…

Cet intitulé qui paraissait s’imposer en la circonstance est un peu trop brutal, douloureux peut-être à entendre sans précautions, mais il sera repris au cours de cet exposé.

Un tel sentiment de désolation est impossible à exprimer : il y a des moments où les mots, tous les mots, même les plus précis, deviennent réducteurs. Comment raconter à des interlocuteurs qui ignorent absolument de quoi on leur parle cette impression d’être « à côté » ou même « en dehors » de la vie normale que mènent les gens « normaux » sans se poser de questions ?

Il est tellement tentant pour l’entourage de porter un diagnostic hâtif, étayé par quelques notions de psychologie et de médecine, notions largement dispensées par les medias, ce qui fait que tout le monde pense posséder au moins quelques idées sur le sujet

Cette tristesse floue qui n’a pas de nom ni de visage, cette nostalgie d’un paradis qu’on n’a jamais connu, qu’on ne pourrait décrire, relève simplement d’une dépression passagère, comme on dit dans la météo.

« C’est sûrement ça, dit la jeune fille en pleurs, je dois faire une déprime… » Avec ce mot passe-partout, qui semble enfin donner un nom à l’impossible souhait, on imagine résolue la plus grande partie du problème.

C’est à cause de cette « déprime » qu’elle ne s’intéresse pas aux mêmes sujets que ses amies, que leurs distractions l’ennuient : elle est austère et trop sérieuse parce qu’elle est déprimée, ce sont donc les sujets rébarbatifs qui lui plaisent, en accord avec son état d’esprit. Elle n’a pas envie de rire. Il en va de même pour ce jeune homme qui reste sombre en toute circonstance, sans que l’on sache très bien pourquoi.

Que dire des plaisanteries qu’ils tentent parfois et qui ne font pas rire les autres, même s’ils se forcent charitablement ? Et que rajouter, quand cette plaisanterie qui leur a échappé, parce qu’elle leur est venue si rapidement à l’esprit qu’ils n’ont pas eu le temps de la refouler, cette plaisanterie, assez drôle finalement, ne fait rire personne et provoque, au contraire, un léger froid, comme un courant d’air glacial s’insinuant brusquement dans une pièce bien chauffée ?

Faire des efforts

« Il faut faire un effort », disent les amis attentionnés : il est bien difficile de faire un effort des heures durant pour écouter des conversations ennuyeuses, pour rire poliment, pour tenter de dire quelques mots appropriés à la situation. Si ces quelques mots traduisent un intérêt, ils risquent aussi bien de trahir l’ignorance d’un sujet à mille lieues des préoccupations ordinaires. Dans ce cas, celui qui a fait un effort passe pour un imbécile, qui n’est pas au courant des dernières nouveautés, parce que trop distrait et trop indifférent, trop intellectuel peut-être, ce qui est encore pire. S’il ne dit rien, il semble mépriser les autres, qui parlent avec intérêt d’un événement, d’une émission de télévision, d’un scandale financier. Se croirait-il supérieur ? Il en a l’air, en tout cas.

Des efforts aussi coûteux et aussi peu couronnés de succès ne peuvent être fournis très longtemps : il est fastidieux de passer ses loisirs à tenter désespérément de ressembler à des gens manifestement si différents de soi, mais il est terrible de renoncer à leur ressembler, parce qu’il n’y a pas d’autre solution. C’est beaucoup trop angoissant de penser qu’on est seul de son espèce, condamné à errer sans fin dans un désert affectif, en faisant semblant, quand on en a la force, de ressembler aux autres, comme on se met un masque les jours de carnaval. Voilà, c’est seulement au moment du carnaval qu’on peut sortir, bien à l’abri derrière un masque qui donne une apparence autre, pour une fois justifiée. Le déguisement est devenu licite.

Une désolation glacée et discrète

En fait, enfant ou adulte, l’individu doué a vite trouvé parfaitement normal d’être toujours un peu à part, il sait qu’il y aura forcément des différences, plus ou moins apparentes, plus ou moins supportables, mais il se retrouvera à l’écart, de façon subtile, parfois même il s’agira surtout d’une impression intérieure, moins évidente qu’il ne le pense. Cette désolation glacée reste discrète : la solitude lui va bien et même il n’existe pas d’autre état qui lui convienne aussi bien. Les enfants disent avec naturel, comme si cela allait de soi « J’ai des copains, mais je n’ai pas d’amis », et ils s’en contentent avec sagesse, puisque c’est leur lot. Dès la Maternelle, ils ont connu l’expérience de la solitude. Les parents racontent leur surprise quand ils s’aperçoivent que leur enfant est tout seul dans la cour, au milieu des autres qui bavardent, rient et courent partout, mais il ne s’en plaint pas particulièrement, et les maîtresses préfèrent ignorer ce problème, puisqu’il semble bien accepté par tous. Ces enfants répondent par un regard sceptique quand on leur affirme que, plus tard, au sein d’un groupe de semblables, ils trouveront tous les amis qu’ils voudront : ils soupçonnent une façon sournoise de les inciter aux bons résultats scolaires sous le prétexte que, dotés de bons diplômes, ils pourront choisir une profession où les doués abondent.

Pourquoi semble-t-il si difficile de parler des adultes doués ? Il serait tentant de penser que l’égalité a gagné. Les enfants, dans leur innocence, ont le droit d’être différents, puis tout doit rentrer dans l’ordre. Les adultes sont tous également intelligents, avec des intelligences diverses et voilà tout. Ceux qui se pensent différents sont de pauvres inadaptés qui se cherchent des excuses.

Je me suis demandée si les spécialistes n’avaient pas peur de parler des adultes, tout d’abord parce qu’il faut en parler aux adultes concernés, et on peut toujours craindre que ces auditeurs soient plus intelligents que l’orateur : on fantasme beaucoup au sujet de l’intelligence. La solution la plus facile consiste à se retrancher dans un jargon réservé à quelques initiés : les auditeurs ne comprennent rien, ils sont en infériorité, l’ordre est respecté. Il est certainement plus facile de parler des enfants : les auditeurs adultes se reconnaissent parfois, mais ce sont de lointains souvenirs estompés et peut-être transformés par la vie ; quant aux enfants, ils écoutent ce qu’on dit à leur propos, mais ils n’ont pas de grand recours, et puis ils ont tellement l’habitude d’entendre des commentaires bizarres à leur sujet qu’ils ne s’insurgent pas, ils rêvent et laissent passer . Mais le don intellectuel ne se soigne pas, alors quel est l’intérêt d’aborder un sujet dont on n’a rien à dire ? Si des adultes doués souffrent, c’est leur problème, qui n’a pas forcément de lien direct avec leur don, et il convient alors de soigner leur souffrance comme n’importe quelle manifestation d’un déséquilibre. On entend des thérapeutes parler de patients intelligents, certes, mais bien atteints par ailleurs, sans que leur intelligence ait un rôle quelconque dans leur malaise.

Je le répète inlassablement : on ne comprend naturellement et sans effort que ce que l’on connaît par expérience personnelle, soit parce qu’on a vécu soi-même une situation identique, soit parce qu’on a vu dans son entourage des personnes qu’on comprenait bien et dont on pouvait saisir la souffrance.

Il est vrai qu’il y a un confort à la fois intellectuel et affectif à se trouver « dans la norme ». Tous ensemble, bien au chaud grâce à la sympathie que chacun éprouve pour ses semblables, on peut considérer la vie d’un regard indulgent et apaisé. L’angoisse, propre à chaque être humain, se dilue un peu au sein d’un groupe chaleureux. Celui qui préfère se tenir à l’écart risque, en effet, de ressentir les assauts de cette angoisse décuplés par sa solitude : il n’a personne pour l’aider à supporter cette vague étouffante, mais il l’a bien voulu. Ce garçon ignore cette fille, là, si gentille et si jolie, qui ne demandait pas mieux que de venir à son secours, mais il lui a préféré une orgueilleuse solitude, sous le prétexte futile qu’il ne pouvait pas lui parler de ce qui lui tenait à cœur ; il a privilégié ses propres discours, fumeux et ennuyeux, et il en paye le prix. Tout comme cette fille qui ne cesse de pleurer, qui envie ses amies aux multiples aventures amoureuses, qui soupire on ne sait après quoi et qui se dessèche, seule et amère, alors qu’elle aurait pu facilement trouver un soupirant, surtout si elle consentait à parler comme tout le monde, au lieu de proférer des idées un peu trop originales, effrayantes parfois. Elle ne se rend pas compte qu’elle fait peur aux hommes ; finalement, elle doit être un peu idiote… mais bien attirante tout de même.

On ne devient pas normal impunément

Toutes ces descriptions, souvent énoncées sous forme de reproche « amical », ne correspondent pas à ce que ressent l’individu solitaire, quand il se voit parmi les autres, à la fois semblable et différent, mais d’une différence impalpable, impossible à décrire : elle le renvoie à sa solitude, qui semble bien être le refuge.

D’ailleurs, à bien y réfléchir, cette norme reste une idée abstraite, comme la « moyenne », qui ne veut rien dire et ne correspond à aucune réalité. L’ennui de cette notion, c’est qu’elle entraîne à sa suite celle d’anormal, et on a tôt fait de mettre dans cette catégorie tout ce qui semble un peu curieux, étonnant, singulier dans le sens d’opposition à « pluriel » : soit on est seul de sa catégorie, soit il y a beaucoup de monde.

On se plaît d’ailleurs à dire que les enfants doués sont, plus que les autres, sujets à des troubles mentaux, affirmation qui trouve un regain de succès en étroite relation avec la médiatisation plus grande de la notion d’enfants surdoués ou précoces, ou bien on affirme que les enfants doués n’existent pas — « Je n’y crois pas ! » — ; ils seraient seulement le reflet du désir ou de la pathologie de leurs parents. « Pour certains de ces enfants, peut-on parler de symptôme et, si tel est le cas, quelle en est l’adresse ? » entend-on dire à propos d’une population dite de « surdoués ». On imagine alors comment seraient considérés des adultes qui persisteraient à se croire dotés de capacités intellectuelles un peu plus élevées que cette fameuse moyenne.

Ambiguïté

Là encore, on en arrive à une ambiguïté délicate à cerner. D’une part, les personnes intellectuellement douées ont plutôt tendance à discerner leurs faiblesses avec une implacable lucidité qui leur interdit de se croire plus douées que d’autres, je ne cesse de le répéter, mais ces paroles s’effacent au premier accroc : on ne sait pas qu’on est intelligent, et on trouve toujours de très bonnes raisons pour expliquer la vélocité de l’esprit et l’originalité de la pensée. D’autre part, ces mêmes personnes douées semblent se placer délibérément à l’écart des autres, elles recherchent des interlocuteurs particuliers, elles disent des choses incompréhensibles, peut-être ont-elles tout simplement préféré prolonger l’esprit de leur enfance quand toutes les fantaisies imaginatives étaient considérées avec indulgence. Cette « différence » ne serait alors qu’un état infantile indûment reconduit à l’âge adulte. On sait que le prétexte le plus souvent allégué par les maîtresses pour refuser un saut de classe est ce fameux « manque de maturité » ; alors, pourquoi une telle prédisposition à l’infantilisme ne se poursuivrait-elle pas à l’âge adulte ?

Le terme de précoce, si souvent employé, comporte un effet pervers, que je dénonce chaque fois que je le peux, puisqu’il laisse entendre qu’un enfant, certes un peu en avance par rapport à ses camarades, va rentrer dans le rang dès qu’il aura grandi, et l’ordre régnera. L’adulte qui s’entête à se considérer comme doué serait peut-être même plutôt retardé.

Combien d’adultes viennent expliquer cette sensation d’inadaptation, vécue comme un handicap lourd et non comme un atout d’une richesse incomparable ? Ils donnent très souvent l’impression de ne pas habiter entièrement en eux-mêmes, comme s’il y avait une « terre inconnue », terra incognita marquée en pointillés sur une carte, parce qu’on se doute qu’il existe quelque chose par là, mais on ne sait pas très bien quoi.

D’ailleurs, il suffit parfois de quelques entretiens pour que les relations s’améliorent entre celui qui se connaît pourtant encore si mal et son entourage proche. Même adulte, on reste toujours l’enfant de ses parents, le petit frère ou la grande sœur de la famille, mais, dès qu’on commence à se voir soi-même différemment, les autres perçoivent ce changement et réagissent aussitôt, d’autant plus rapidement que cette transformation a été profonde, échappant même à la maîtrise de celui qui se cherche depuis si longtemps.

Quand, à la faveur d’un article, d’une émission, d’une conversation, ces adultes dont l’image est brouillée à leurs propres yeux pensent trouver un indice qui les éclairerait sur leur identité, ils entrevoient une lueur lointaine, presque trop lointaine pour qu’ils la croient réelle. Elle pourrait n’être qu’une illusion de plus, à l’image des amitiés qu’ils avaient crues sincères, sans parler des amours, trop souvent décevantes. Leurs élans passionnés leur ont laissé un souvenir cuisant qui les blesse encore des années plus tard. Alors, cette lueur jetant une lumière nouvelle sur leur âme doit être considérée avec prudence, circonspection, sans emballement, les déconvenues sont trop amères et laissent un goût âcre

Au travers de tout ce qui est dit, il apparaît bien que l’élément le plus important, l’essentiel de l’individu est l’image qu’il a de lui-même, et cette image a subi bien des avatars depuis le jour où le petit enfant a commencé à prendre conscience qu’il existait comme un tout bien défini.

Quand les enfants lisent un compte-rendu d’examen psychologique qui les décrit comme ils sont en réalité, ils en éprouvent un soulagement incommensurable : ils se croyaient  idiots, anormaux dans le sens le plus affreux du terme, et ils découvrent qu’ils possèdent une finesse d’esprit rare et précieuse, qu’ils savent user d’une imagination étourdissante et qu’ils peuvent se permettre de rêver d’un avenir empli de promesses, puisque leurs capacités leur permettront la réalisation de toutes les ambitions. L’image effilochée qu’ils avaient d’eux-mêmes se trouve comme par miracle réparée et même, plaisir insigne, particulièrement étincelante.

Les adultes qui n’ont pas connu ce réconfort gardent tant bien que mal une image d’eux-mêmes un peu défaite, avec des trous d’ombre, des manques, des vides, comme un puzzle dont on aurait égaré quelques pièces. Si ces pièces occupent des emplacements clefs, l’image ne sera jamais satisfaisante, et les manques apparaîtront avec évidence, même aux yeux d’un observateur peu attentif. Alors, que dire du porteur de cette image amoindrie, amputée, mais dont on ne sait de quelle partie ? Elle est incomplète, et personne ne peut dire clairement quelle est la partie manquante : ce vide n’a pas de nom, pas d’existence peut-être, puisque c’est un vide.

Longtemps, ceux qui ont connu ce désarroi ont cru qu’ils devaient, leur vie durant, cheminer péniblement sans jamais se défaire de cette sensation confuse, mais douloureuse , oppressante et lourde, très lourde ; ils tentaient alors de s’accommoder tant bien que mal de cet inconfort. Et puis, presque par hasard — mais y a-t-il un hasard pur ? —, ils ont lu quelques lignes ou parlé avec quelqu’un qui semblait les comprendre car il avait, lui aussi, peiné sur un chemin chaotique et caillouteux, et une lumière était apparue : il y avait une réponse possible à ces mille questions qu’ils auraient aimé se poser clairement, mais les mots leur avaient toujours manqué pour formuler cet indicible.

La panacée si volontiers envisagée, la thérapie, ne procure pas toujours le réconfort attendu. Il est si facile de trouver une bonne raison pour justifier tous les malaises. Parfois, il est préférable de mener sa propre route. Ceux qui sont déterminés, qui ont connu des périodes de souffrance intense et des difficultés de tous ordres en conservant tout de même une énergie vitale qui leur a permis de survivre, ceux-là savent bénéficier des minuscules prises qui leur permettent d’avancer chaque fois un peu plus. Comme ces alpinistes qui trouvent les plus petites failles pour s’y glisser et y prendre appui, ces adultes fatigués, mais animés par un espoir têtu, avancent en utilisant quelques mots entendus par hasard, un texte lu en passant, une histoire qui ressemble à la leur et qui finit bien. Il y a des contes de fées qui se frayent un passage jusqu’à la réalité. Il suffit parfois d’un infime élan, dont l’auteur n’a peut-être même pas eu conscience de l’importance, pour que celui qui est à la recherche de lui-même trouve un nouveau souffle et parte dans la direction que ces minuscules indices lui ont indiquée.

© Arielle ADDA. Lyon, 25 octobre 2003.
Texte reproduit avec l’autorisation d’Arielle ADDA, qui en conserve tous les droits.

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10 réflexions sur « Itinéraire de l’adulte doué : une indicible désolation intérieure A. Adda. 2003 »

  1. Après un souci de compréhension avec mon médecin généraliste, il y a quelques heures, le doute était de nouveau présent et aussi le retour de l’image négative de moi-même, du coup… n’arrivant pas à pouvoir me vider l’esprit pour dormir, je viens faire un tour sur le blog et je lis ce très beau et bon texte, qui me parle de bout en bout ! Mes doutes sur ce que me dit mon « instinct » s’estompe et je pense être sur la bonne voie, pour de nouveau avancer et être mieux avec moi-même ! Ce souci avec mon médecin, m’a montré, comme je le pressentais, ses limites à la compréhension de mon fonctionnement, par manque d’information. C’est à moi que j’en veux, d’avoir cru pouvoir « tout » lui dire et ça a fracturé net, la confiance que j’avais envers lui. Vos commentaires-témoignages découlant de cet article, m’aident à y voir plus clair et à « digérer » ce qui m’a déstabilisé cet après-midi ! Il m’a fallu du temps pour revenir ici, je crois qu’il est maintenant le bon moment pour moi, de pouvoir vous lire, lire les articles divers sur le sujet et peut-être vous apporter modestement mon aide, à travers mon vécu.
    Franck

  2. Quelle finesse et justesse dans ce propos !
    Voilà une spécialiste du sujet qui a conservé son intégrité et son honnêteté intellectuelle.
    Excellent !

  3. Je me permet de répondre ici à Cat, et je précise : je n’ai absolument pas l’habitude de faire cela (je ne supporte pas les forum). Par contre, ton témoignage (je me permet de te tutoyer vu que l’on est dans la « confession ») me pousse à te répondre en te donnant le mien.

    Pour ma part, j’ai très mal vécu pendant longtemps. Pendant pas mal d’année mon taux d’implication intellectuel et de motivation avoisinait celui d’un pois chiche. Rien ou presque n’arrivait à me délivrer de l’ennui, du coup ça a été la catastrophe sur la longue car je compensais en travaillant. En bref :
    « Youplaboum, moins de 25 ans : 1 burn-out, 1 dépression, 0 diplôme et retour case départ sans passer par le start. »

    Bon, je précise de suite : la dépression n’était pas due uniquement à cet ennui profond (j’ai un lourd passif familial). Mais au final, ma surcompensation dans le travail pour « combler l’ennui » et l’absence de réelles stimulations intellectuelles on fait explosé la bombe que j’étais…

    Du coup, j’ai écouté le signal d’alarme qu’était cette dépression. En gros, « tabula rasa ». On enlève tout et je sélectionne et choisis ce qui est, sera et ne sera plus jamais dans ma vie, à tout niveau. Bien entendu, j’ai fait très attention à vivre dans un environnement stimulant et motivant (projet à court-moyen terme, j’ai recommencé de lire des livres intellectuellement prenant, etc.) tout en faisant une psychothérapie à raison d’une fois par semaine pendant 6-8mois.

    Maintenant, je vais nettement mieux. Je suis nettement moins ennuyé qu’auparavant, je suis motivé et j’arrive même à m’auto-discipliner pour éviter l’ennui. Un miracle rare x)

    Tout cela pour dire qu’il ne faut pas désespérer : il y a toujours une solution (sinon ce ne serait pas un problème mais un état de fait). Et, surtout, je suis persuadé que l’un des meilleurs moyens pour sortir de l’ennui et de revoir sa vie à la loupe : qu’est-ce qui me stimule, me motive, m’intéresse, qu’est-ce que je voudrais faire à côté de mon boulot, pourquoi je continue de faire ça alors que je sais que cela ne sert à rien, etc. En gros, changer ses habitudes de vie, son environnement ou sa manière de voir les choses.

    Tout du moins, ça a marché pour moi. Je ne connais pas ta situation personnelle, je ne souhaite pas être pompeux ou prétentieux (je n’ai que 25ans… ce n’est pas une longue expérience de vie), je sais bien que ce n’est pas la panacée… et que ce n’est pas facile, mais c’est justement ce côté « défi » qui m’a permis d’avoir l’énergie nécessaire pour y arriver.

    J’espère que ta situation s’est déjà améliorée ou en tout cas que cela se fera bientôt (avec ou sans l’aide de mon témoignage) !

    Salutations,

  4. Merci cat pour votre témoignage. Cet article est un article de Arielle Adda de 2003 !
    La psychanalyse ne peut aider , malheureusement, aussi je vous encourage à lire mes articles sur la psychanalyse
    https://planetesurdoues.fr/index.php/2014/05/05/la-psychanalyse-et-les-surdoues/
    https://planetesurdoues.fr/index.php/2014/06/30/les-surdoues-et-la-psychanalyse/
    https://planetesurdoues.fr/index.php/2014/08/05/inne-psys/

    mais j’ajoute que quelquefois, un bon psychologue, mais formé à la psychanalyse, peut quand même être bienveillant. ne pas généraliser.
    Je vous encourage aussi à ne pas vous mettre en retrait, vous rencontrerez un jour les bonnes personnes!

  5. Et que dire de l’ennui .. cet ennui abyssal qui vient se coller en sus de cette désolation .. se couler dans la masse, mais pour quoi faire ? s’isoler oui mais pour quoi faire ? quelques années sur le divan m’ont appris juste l’inconsistance de l’autre, la mienne par le fait, il aurait fallu sans doute que j’aille au delà, là où se trouve ce que certains appellent l’acceptation, la psychanalyse n’apportant pas le bonheur, juste faire avec ce que l’on a, autrement dit et du moins tel que je le vois, sous-performer en somme, se contenter de .. c’est encore plus désolant ! au delà j’avoue bien volontiers que la psychanalyse en particulier lacanienne n’est certainement pas la bonne méthode pour quelqu’un comme moi qui précisément a besoin de réponses et plus spécifiquement de réponses extérieures ce qui j’en conviens relève du plus parfait fantasme névrotique ! J’ai bien essayé la psychothérapie où là l’échange a lieu mais soit je suis inapte, soit les professionnels croisés le sont, soit les 2. Bref, la surdouée que je suis est possiblement et aussi névrosée, forcément et tout ça pour dire que je n’ai toujours pas trouvé l’axe par lequel attaquer le problème pour qu’à défaut de guérir, au moins puis-je imaginer une once de réconfort. EN tous cas, merci pour votre intéressant article, il a le mérite de poser un décor, il ne saurait donner la clé, car la clé il me faut bien le reconnaître et si tant est qu’il y en ait une, je suis seule à la détenir. Merci en tous cas et courage à tous ceux qui se reconnaissent là, car il en faut ! Ne pas croire non plus que les années passant, la sérénité s’installe, la lucidité au contraire se fait plus crûe, plus dure et elle engage d’ailleurs à plus de retrait encore. Evidemment je pose là mon décor personnel, ce n’est pas une généralité.

  6. Greetings from Floride ! Je m’ennuie au travail alors jai décidé de consulter votre site web sur mon iphone pendant la pause déjeuner. I amour la connaissance fournis ici et ne peut pas attendre pour prendre un coup doeil quand je rentre à la maison. Je suis choqué et surpris à quel point rapide et vite votre blog est chargé sur mon portable .. Je ne suis pas même en utilisant WIFI, 3G juste .. Quoi quil en soit Quoi quil en soit, Vous avez un très bon Blog

  7. Je rajouterai quand même une chose, c’est que tous les derniers articles et les témoignages que j’ai lus m’aident aujourd’hui à essayer de ne plus réprimer le raz-de-marée de mes émotions mais les laisser être, les accepter, les observer, ne plus lutter, mais tenter de rester à flot sur cette vague, en tout cas bien m’accrocher, rester dans l’oeil du cyclone. C’est fou d’être traversée ainsi par ces secousses sismiques…celles provoquées par l’amour et les situations qu’il engendre, mettent mon équilibre mental à rude épreuve. Mais je ne retournerai jamais en HP, malgré ma façon de régler les choses, de fermer les yeux sur la douleur et d’essayer de penser et du coup passer à autre chose… Mon copain n’est pas responsable de ce qui m’anime et de son intensité, je cherche à lui dire que je l’aime et il me dit de me calmer.. il n’est pas prêt, je suis trop maladroite, il se sent oppressé.. Je ne sais plus où j’en suis et le saurai-je jamais? Demain est un autre jour, il décidera pour moi.

  8. Cela fait plusieurs mois que je suis la piste de la surdouance pour tenter de comprendre mon mal-être via une vision qui me permettrait de compléter tous ces vides… Je n’ai pas fait de test de QI car je sais très bien que je les foirerai… Mon émotivité est tellement à fleur de peau, et c’est de pire en pire avec les années (j’ai 34 ans), que je réussis surtout à me saboter moi-même quand je suis sous pression et qu’il y a des enjeux. C’est vrai que je souffre d’une image de moi particulièrement déplorable.
    C’est vrai que j’ai été (je suis) sujette à des troubles mentaux: 2 fois en HP à 23 et 24 ans pr suspicion de schyzophrénie, syndrôme d’abandon, polytoxicomanie… Battue par mon paternel jusqu’à mes 18 ans, délivrée de sa tyrannie depuis mais pas des séquelles…envies suicidaires, tentatives… J’ai voulu prendre les devants à mes 19 ans, consulter psychologue, psychiâtre..; ça n’a pas empêché l’HP, ça n’empêche pas cette violence d’être toujours là en moi, ça n’empêche pas le fait que mes relations affectives soient une catastrophe, que je n’arrive pas à construire un couple car malgré toute ma bonne volonté je fais toujours tout à l’envers à ce niveau-là…
    Mes émotions me font passer par le ravissement et la pire déchéance également…
    Je me demande avec toutes ces « mauvaises » cartes en main, comment construire ma vie et trouver un peu de bonheur durable, une « vie normale », sans tous mes tourments, un bouton off pour arrêter de penser, de me torturer… En ce moment j’ai un copain à qui j’essaie d’expliquer tout ça, j’ai peur de le faire fuir mais je ne veux pas cacher qui je suis réellement. Ce matin nous nous sommes disputés et depuis j’ai la nausée, le ventre noué, des palpitations, je tremble à moitié tellement j’ai peur qu’il me quitte, tellement j’ai peur qu’il soit dégoûté de moi… c’est complètement irrationnel et j’en ai marre d’essayer de me maîtriser, d’une part parce que je suis loin d’y arriver à chaque fois, et d’autre part parce que ça me demande un effort de ouf et je suis fatiguée de cette lutte permanente contre moi-même. J’en ai assez d’être atteinte constamment par ce qui m’entoure.
    A quoi ça sert, à quoi je sers dans ce monde? J’ai de grands projets que je suis incapable de mettre en pratique car je manque cruellement de confiance en moi. J’essaie de pratiquer la méthode Couet et de m’auto-persuader que tout va bien se passer, ça se retrouve balayé à la 1ère contrariété. Mes « amis » trouvent que j’ai un côté princesse/enfant gâtée, hautain, froid, snob et même élitiste alors que je suis loin d’avoir été chérie et encensée par mes parents!
    Quand est-ce que ça s’arrête tout ça? QUAND? Le jour de ma mort sans doute je serai soulagée… des fois j’ai tellement peur de finir seule, sans enfant… vivre uniquement pour moi ne me satisfait pas… encore combien d’années de solitude à voir mon entourage vivre sa vie et moi qui passe à côté de la mienne…?

  9. larmes,
    espoir,
    (famille)
    plus tout seul,
    chaleur,
    énergie inusable,
    bouche b devant mon ordi,
    éclaircissement,
    fascination par la précision des témoignages
    boulimie d’en savoir plus,

    « difficile d’avoir du recul sur ce qui nous constitue »

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