Pack, son histoire.
Bonjour,
Bon, je m’excuse d’avance, il est fort probable que je passe du coq à l’âne, sans raison apparente, mais il y a une logique là dedans, même si je ne saurai pas toujours l’expliciter clairement.
je me lance à mon tour et je dois avouer que ce n’est pas évident. La difficulté pour moi fut d’admettre cette caractéristique que je vivais comme une maladie. Bon, je me suis souvent demandé si j’étais fou, schizophrène, bipolaire, ou ayant d’autres troubles du comportement, et naturellement j’ai souhaité découvrir cela par mes propres moyens plutôt que de consulter.
Bref, depuis, que j’ai admis détenir un « haut potentiel », je vais mieux dans la mesure où, maintenant, je sais dans quelle direction chercher. D’ailleurs le terme haut potentiel me déplait fortement.
Car pour moi un potentiel est dépendant du référentiel dans lequel on évolue, et je ne suis pas convaincu qu’avoir une prédisposition à réfléchir à tout, tout le temps et dans toutes les directions soit un avantage dans notre culture actuelle.
Je me présente, j’ai 33 ans et globalement on peut dire que je mène une vie « normale ».
J’étais un enfant plutôt introverti, en fait extrêmement introverti, sans amis. J’ai appris à lire seul, et avant mon entrée en CP. En fait, je me souviens très bien savoir lire en maternelle, car j’allais dans le bibliobus de l’école, qui normalement était réservé aux plus grandes classes.
Je me souviens également avoir appris mes tables de multiplication tout seul, parce qu’elles étaient écrites à l’arrière du cahier que l’on m’avait acheté.
Ma petite scolarité se passe normalement, j’étais plutôt très bon, notamment en calcul, mathématiques, sciences, histoire, français… bon en fait partout sauf en sport…
Le collège a été une étape déterminante en bien des points dans ma vie. Souffre-douleur de pratiquement tout le collège, j’avais un comportement souvent mal perçu par les autres. Je me mettais à pleurer si je n’avais que 18 en math. Je pouvais faire des crises de nerf terribles parce que les autres me maltraitaient, mais sans jamais réussir à me défendre ou frapper un camarade. Non pas que je n’aurai pas pu, mais j’avais juste conscience que ça allait lui faire mal, que potentiellement je pouvais le blesser, lui casser quelque chose ou pire le tuer. J’ai eu assez tôt la notion de la vie et de la mort sur laquelle je me suis souvent posé des question, du moins tant que je ne connaissais pas Lavoisier… hum… ceux qui auront compris rigoleront les autres se forceront.
Très en avance dans mes réflexions, j’étais à la fois extrêmement mature et terriblement puéril. Très candide, je n’arrivais pas, et c’est toujours un peu le cas, à imaginer que certaines mauvaises choses soient possibles. Du coup je ne savais pas les anticiper, et en subissait les conséquences.
Mes parents avaient beaucoup de soucis durant cette période, je n’ai pas su me tourner vers eux. Au début de ma 4ième, je me suis retrouvé pratiquement en échec scolaire. Je ne prenais plus aucun plaisir à apprendre à l’école, et voulais m’intégrer socialement en me faisant passer pour un des cancres qui, je l’avais remarqué, étaient plus populaires que moi.
Mes parents ont su me remettre dans le droit chemin, plutôt sévèrement à dire vrai. Dès lors, je me suis contenté de faire le minimum possible pour à la fois les satisfaire, et à la fois me satisfaire.
Ma scolarité peut se résumer depuis en 3 mots : « peut mieux faire ». Cependant à coté de cela, je lisais énormément parfois plusieurs livres en même temps. J’en ai même écrit, sur l’astronomie, les dinosaures, la science, l’informatique qui démarrait. J’avais besoin de coucher sur le papier ce que je savais, comme pour faire le bilan de mes connaissances. En fait, j’avais dans l’idée de refaire une sorte d’encyclopédie, car en bien des points, je trouvais légères celles que j’avais pu consulter. Légères dans la mesure où elle n’allaient pas assez loin dans leurs explications.
Ma rentrée au Lycée ressembla à celle du collège… Un bel échec de sociabilité alors que je m’étais promis d’avoir des copains.
Seulement, l’accès à des matières que je ne connaissais pas excitait ma curiosité, et forcément… je me retrouvais seul. Ma meilleure copine étant la bibliothécaire, qui me laissait partir avec des livres qui n’étaient normalement consultables que sur place.
Néanmoins ce manque de vie sociale m’a forcé à changer au point de tendre un peu plus vers la banalité. Cette asymptote était tellement proche de la moyenne que j’ai redoublé ma première.
J’ai pris ce redoublement comme une seconde chance. Dès lors, j’ai rayé de moi mes capacités, il faut dire que j’ignorais être un zèbre. Je me suis donc concentré à devenir « cool », au point d’y arriver et de me renier.
Je me suis plongé dans le sport jusqu’à l’excès, c’en était devenu presque une drogue, j’ai fait du tennis, du foot, de la boxe, de la natation, de la course à pied, de la musculation. Je me souviens le jeudi, quitter l’entraînement de foot pour aller à celui de boxe… De petit et gros, je suis devenu moins petit et moins gros, car certes je pratiquais beaucoup mais je n’y étais pas bon pour autant.
J’ai eu mon BAC, puis je suis rentré en classe préparatoire en physiques. Cela m’a déplu au plus haut point (sauf les mathématiques) et j’ai fini brillamment dernier admissible.
J’ai finalement décidé de faire un IUT Mécanique, alors que j’avais un goût prononcé pour l’électronique, mais bon ça va ça vient.
A l’IUT j’étais un véritable « branleur », je n’allais pratiquement jamais en cours, je ne faisais jamais mes devoirs personnels, j’arrivais en retard aux devoirs surveillés. J’ai pourtant fini, second de ma promo. Ce qui d’ailleurs avait le don d’agacer les autres. Mais bon j’étais plutôt populaire, président du bureau des élèves, alors pas de problème, ce fut une période où j’étais particulièrement heureux.
Suite à cela, je me suis inscrit dans une école d’ingénieur en mécatronique (oui toujours incapable de choisir entre l’électronique et la mécanique), poussé par mes parents car à la base je voulais faire un cycle court. Là c’est la catastrophe, je n’arrive pas à m’intégrer, les matières me désintéressent au plus haut point. Pourtant je ne suis pas mauvais, surtout pour le peu de fois où j’y allais.
Je me suis donc trouvé un travail, et j’ai abandonné en cours d’année ne me rendant pas au partiel.
Problème, cela déçoit énormément ma famille. Une phrase de mon grand père, m’a fait changer d’avis « Moi j’étais bon en classe, mais trop pauvre pour y aller, toi tu as la chance d’y accéder et d’en avoir les capacité, vis à vis de ceux qui ne peuvent pas tu n’as pas le droit d’abandonner »… Touché ! Je précise que ma famille est issue d’un milieu ouvrier et plutôt simple.
J’y suis donc retourné. Problème, j’ai raté des partiels, et j’ai récupéré pas loin de 14 zéros. Or, il ne m’est pas possible de les repasser. De plus les règles sont les mêmes pour tout le monde et il y a des notes minimales à avoir.
Je n’ai pas le choix il faut que je cartonne lors des derniers partiels. J’y arrive en finissant major de cette cession, ce qui me permet de pouvoir redoubler mon année. Mais toute cette année a été un calvaire pour moi, j’étais en profonde détresse personnelle, extrêmement malheureux.
L’année suivante, je rencontre celle qui allait devenir ma femme, et c’est, je pense grâce à elle que j’ai tenu bon. J’ai donc fait ce qu’il fallait pour avoir mon diplôme, mais sans vraiment forcer. Au final, depuis le Lycée, j’ai évolué entre 11 et 12 de moyenne, mais sans fournir d’effort. Voir les autres élèves taupiner jusqu’à pas d’heure le soir me fatiguait pour eux. Alors moi je sortais dans les bars, en boite. Et au final ils arrachaient un 16 pour les meilleurs, la plupart avaient entre 8 et 12, et moi j’avais toujours entre 11 et 15 selon les matières et mes goûts du moment. J’ai donc eu mon diplôme, sans soucis mais sans non plus marquer les esprits des profs comme étant un brillant élève.
J’ai trouvé directement du travail. Dans une toute petite structure, ce fut une chance sans le savoir…
En effet, cela m’a obligé à faire énormément de choses, et des choses radicalement différentes. Je suis passé de la qualité, à de la grosse ingénierie, en passant par de l’informatique, de la RH ou de la R&D.
Seulement, je finis par m’ennuyer, je pense souvent à en changer, mais je n’arrive à m’y résoudre. J’ai cette sensation d’abandonner l’équipe si je pars.
Finalement, le destin m’a facilité les choses puisque, la société a fermé il y a maintenant 2 mois. Heureusement, j’ai eu beaucoup de projets personnels à côté, qui m’ont permis de ne pas sombrer dans l’ennui, mais au fond de moi j’avais toujours cette tristesse, cette frustration, un sentiment que j’ai beaucoup de mal à décrire et même à ressentir. Ce qui m’a poussé à faire un gros travail d’introspection.
Voilà un rapide historique, et une longue présentation. Je pense que cela permettra de mieux cerner ma personnalité, avec ces morceaux de vie choisis. Mais je pense que comme tous les HP, il y a beaucoup à dire.
Depuis 2 mois, je me pose donc beaucoup de questions sur ce que je veux faire et pourquoi, et j’ai de très grosses difficultés à dire ce que je souhaite.
J’ai fait un CV, il est ridicule. Il y a trop de trucs dedans, il n’est même pas crédible. J’ai effectué quelques entretiens, si globalement le relationnel passe, on me prend pour un affabulateur lorsque j’explique ce que j’ai pu faire en 7 ans. Certains ne font pas cela en une vie ! Et pourtant, d’une je n’ai jamais eu la sensation de forcer, de deux, cela n’arrive même pas à me satisfaire.
Pire, certaines choses que j’ai pu faire me semblent tellement naturelles que je ne pense pas à les mettre en avant dans un CV ou une lettre. C’est durant l’entretien que parfois cela ressort.
Je passe donc beaucoup de temps à lire, comprendre, chercher. Dès que quelque chose m’interpelle, je fouille sur internet, je croise les sources (c’est vrai que maintenant il y a google d’informations alors, il convient de trier le vrai du faux), et je crois qu’il n’y a que cela qui arrive à me nourrir.
Pour donner des exemples : le médecin, me prescrit un médicament banal contre les maux d’estomac. Je lis la notice (déjà faut être un peu à la masse quand même), du coup je regarde la composition, je cherche à en connaître les effets. Puis je regarde s’il existe d’autres médicaments, leurs effets, s’ils ne sont pas mieux, pour en parler à mon médecin qui me demande si je n’aurais pas fait une ou deux années de médecine. Ce qui le conduit à me dire, que le médecin c’est lui, et que je dois lui laisser faire son travail. Ok je comprends tout à fait, mais j’ai également besoin de comprendre pour accépter.
Il y a quelques semaines, je regardais un film avec ma femme « jeux de guerre ». Franchement pas terrible. Par contre le film traitant de la guerre en Irlande du Nord, durant toute la soirée j’étais sur internet à tâcher de comprendre les tenants et aboutissants. Qu’est-ce que l’IRA exactement, étaient-ils détestés ou populaires, pourquoi ils agissaient de la sorte, quelles conséquences… et de fil en aiguille j’ai fini par obtenir les partitions de « Sunday Blooddy Sunday » que j’ai commencé à jouer. Tout ça pendant le film. Et lorsque ma femme m’a demandé de suivre un peu plus le film, je lui ai expliqué qui était le traitre, et en gros comment cela allait se finir… du coup on est partis se coucher. Je précise que je n’avais jamais vu le film.
Ma sœur était chez moi, elle avait une formation dans ma région pour devenir hôtesse de l’air. En la faisant réviser je connaissais parfois mieux son cours qu’elle alors que je ne l’avais pas lu. Juste que cela me semble évident que cela soit « comme ça ».
Tout est comme ça tout le temps, il faut que je sache ! Que je comprenne et tout sur tout. Presque une obsession, une drogue, mais dont je n’avais pas conscience jusqu’il y a encore peu.
Souvent mes proches me disent «J’aurais parié que tu ne serais pas d’accord avec nous », « j’étais sûr que tu aurais quelques chose à en redire »… ou ce genre de remarque systématique lors d’une conversation. Car leurs réflexions me semblent souvent « bas niveau », et je trouve important de prendre de la hauteur face à une situation, de changer de point de vue afin de pouvoir en discuter. Je me mets souvent à la place des autres dans une conversation, m’amenant parfois à défendre les idées, contre lesquelles je suis.
Sur certains fora c’est pareil, je suis celui qui a toujours une réflexion pas comme les autres, une idée différente, où une façon d’argumenter « tordue ». Au moins maintenant je sais pourquoi, et j’avoue être soulagé.
Ainsi, en évoluant sur le net, je suis tombé sur des articles sur les surdoués, et en pleine introspection j’ai souhaité approfondir le sujet. Je me suis totalement reconnu (de A à omega) dans les descriptions. Et cela m’a permis de comprendre énormément de mon comportement passé. Ainsi que de mettre enfin le doigt sur ma frustration permanente.
Je ne sais pas sur quoi porte précisément cette étude, le cognitif, peut être d’une logique floue…
Quels aspects de la personnalité ou du fonctionnement à mettre en avant. Pas de soucis pour témoigner, seulement je vais avoir besoin soit de questions précises, soit de la finalité de l’étude afin de pouvoir y apporter.
Je pourrais fournir de nombreux exemples dans la vie de tous les jours, des situations, des remarques, des cas où il y a clairement un écart de fonctionnement intellectuel entre les autres et moi.
De mon coté ce qui m’intéresse, c’est de savoir comment vous réussissez à vous épanouir dans votre vie professionnelle, à la recherche d’un travail, j’avoue éprouver de grosses difficultés pour m’aiguiller. Tout ce que je trouve est basé autour de valeurs que je n’arrive pas à accepter, tout tourne autour de l’argent, il faut produire plus, vendre plus, payer plus… seulement cela ne m’intéresse pas du tout ça, je préfère, créer, inventer, apporter aux autres.
Ma vie personnelle est à l’inverse une bien plus grande réussite et clairement plusieurs choses m’on énormément aidées. La première est ma femme, la seconde est ma fille qui est une source de créativité inépuisable. Grâce à elles, j’ai toujours envie d’aller de l’avant, et de tout faire pour leur offrir une existence heureuse. Mais je sais également, que leur bonheur passera par le mien, puisque le mien passe par le leur.
J’ai eu la chance de faire beaucoup de formation en communication, me permettant de mieux comprendre les autres et donc moi dans une certaine mesure. Cela m’a permis d’être plus tolérant, avec les réactions des autres.
Une chose me fait sortir de mes gonds, c’est le manque de réflexion que peuvent avoir parfois les « gens ».
Maintenant je me rends compte que le problème, n’est pas les « gens » mais moi. C’est moi qui ne réfléchis pas comme eux, et non eux qui ne réfléchissent pas. Du coup j’essaye d’avoir un peu plus de tolérance, mais c’est vraiment dur, car à l’inverse la plupart n’en font pas preuve.
Je ne me sens pas du tout intégré dans cette société de consommation, dans cette façon de penser, je n’arrive pas non plus à faire quelque chose sachant que cela se fera au détriment de quelqu’un d’autre. Je me sens comme un étranger, parfois je me dis que je devrais partir vivre au Bhoutan.
Bon j’arrête là car sinon je vais écrire 300 pages et je n’aurai toujours pas réussi à dire tout ce qui me passe par la tête.
Bonjour Pack,
J’écris, à mon tour, mes petits mémos, je suis tombé sur ton site au cours de quelques recherches.
Oh que je me reconnais dans ton histoire… Comme c’est agréable de se dire, au fond, que malgré un mode de fonctionnement un peut particulier, qu’on n’est pas seul.
Je ne sais pas si vous avez lu du Michel Serres. Il arrive à porter un regard très tendre sur un monde dont il ne fait pas partie.
Je trouve cela très fort, cela pousse à regarder les choses différemment, et à « jeter sur le monde un regard sans haine », sans tomber dans du Leibniz, je pense qu’il est possible de trouver une explication, une raison, qui nous fait paraitre le monde plus compréhensif à nos yeux.
Puis, il convient de se regarder soi de la même façon, « sans haine, ni armes ni violence ». Ainsi je pense que l’on peut retrouver de l’estime de soi, et se comprendre.
Ce n’est pas facile, j’ai des jours où je me sens très bien, en harmonie avec ce qui m’entoure, des fois c’est plus compliqué.
Mais c’est grâce aux jours compliqués que je progresse, et aux jours harmonieux que je vis.
J’aimerais tellement réussir à écrire tout ce qui me questionne dernièrement comme tu l’as fait. Je pense que je vais le faire, juste pour moi ce sera déjà très bien je pense. Je me retrouve dans énormément de tes questionnements Pack, et dans ton histoire. Cela fait également peu de temps que certaines choses s’éclairent pour moi, et en même temps plus j’avance, plus des questions se posent et moins les choses s’éclairent. De plus, en redevenant moi-même, j’ai l’impression de me couper de plus en plus du monde …
Pour ce qui est de la question du CV, pour ma part je ne mets dessus que ce qui est pertinent pour le poste que je recherche ou auquel je postule. J’omets ce qui pourrait faire percevoir mon parcours comme chaotique. Un recruteur n’a pas besoin de tout savoir.