Archives de catégorie : Chemins de traverse

Aux lecteurs du blog

Depuis début juillet, je n’ai pas écrit d’articles ; et pour cause. J’ai été plusieurs jours à l’hôpital pour observer étroitement des problèmes cardiaques. Cela va mieux avec des médicaments anticoagulants, mais il faut surveiller de près à cause de la maladie que j’ai depuis mes 19 ans : l’aplasie médulllaire. Il semblerait que j’ai une autre maladie auto-immune, en parallèle de cette première maladie auto-immune.

Les médecins que j’ai rencontrés sont à la pointe de la technique et de la recherche. J’ai observé quelques médecins et professionnels très doués. Je peux affirmer qu’ils ne passent pas leur temps à se dire qu’ils sont trop intelligents. Non, ils soignent leurs patients (le terme est vraiment approprié), et ils recherchent.

J’ajoute qu’il vaut mieux aller voir votre médecin généraliste « en vrai » si vous ne vous sentez pas bien. La peur du coronavirus est telle que l’on peut passer à côté d’autres maladies. Mais évidemment, il faut prendre toutes les précautions (masques, gel, tests) pour lutter contre ce virus.

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Une histoire exemplaire

La semaine dernière, je suis allée à la plage entre deux gouttes de pluie. J’y ai rencontré des grands parents avec leur petit fils. Ils m’ont raconté qu’il savait lire. Tant mieux, pourrait-on dire, sauf qu’il a 5 ans. Et demi à la rentrée, et qu’il entrera donc en Grande section de Maternelle. Je ne sais pas si l’enseignante a vu qu’il savait lire mais les grands parents l’ont vu, et pas que les petites histoires de ses livres qu’il sait par cœur, mais ils ont fait lire le journal. Il lit des mots comme « tourbillonner », « xylophone », des mots qui ne sont pas appris au CP, même en fin de CP, dans deux ans donc, pour ce petit garçon. Il a appris seul (ses deux parents travaillent), il sait manier aussi les chiffres et s’intéresse à de multiples choses. La maîtresse a dit qu’il était parfaitement à sa place, et même qu’il ne peut pas aller au CP, car cette année , dans ce CP à la rentrée, ils sont tous des cancres. Eh, oui, les enseignants ont une imagination fertile pour empêcher les CP anticipés.

Personne ne peut prédire l’avenir, mais on peut déjà penser que ce petit garçon, tout mignon et plutôt timide ne se rebellera pas, et s’il montre qu’il sait lire à sa prochaine enseignante, ce sera un exploit, de sa part. Je ne m’inquiète pas trop, car il est dans une famille cultivée qui lit et qui répondra à ses questions, en dehors de l’école. Mais certains précoces s’ennuient à mourir et décrochent au collège, car ils n’ont jamais appris à travailler. D’autres précoces, dans des familles de milieux plus défavorisés n’ont que l’école parfois. Pour eux, ce blocage des CP anticipés est plus que problématique. On est passé de 20 % de CP anticipés dans les années 1960 à 1 % et peut-être moins actuellement. On n’a pas de chiffres très récents.

Comme je racontais au téléphone ce matin cette histoire à ma mère, qui a été institutrice durant 40 ans, en CM2, et qui ne « connaît pas » ce problème des surdoués, elle trouvait quand même que c’était exagéré ! Lorsque je l’ai RE interrogée sur les motivations qui ont fait que je suis allée au CP à 5 ans, elle a répondu qu’elle ne savait pas, et qu’à l’époque cela se faisait facilement et on n’en parlait même pas. Ce qui est vrai. Pas un mot.

mon CP 

mon CM2

Elle a tout de suite embrayé brusquement (pour changer de sujet, ce qu’elle fait toujours) sur le film « Dunkerque », qu’elle a vu hier. Elle m’a raconté que mon grand-père (son père) a été fait prisonnier sur cette plage durant la deuxième guerre mondiale par les allemands. Ma grand-mère a fait 200 KM en vélo (seule, en temps de guerre) pour voir passer la colonne des prisonniers et l’apercevoir. Elle a ensuite tenu une ferme seule avec 3 enfants durant 3 ans. Lorsque j’entends dire parfois ce slogan : « aujourd’hui les femmes travaillent », cela me fait rire.

Mais je digresse. C’est beaucoup plus intéressant que les « problèmes de surdoués ».  Je devrais écrire un livre, moi.

Quelques articles à lire sur le sujet :

A lire    Un joyau méconnu  ;  l’accélération scolaire    de François Gagné  (premier livre sur le sujet : 1986)

Une nation trompée de Colangelo, N., Assouline, S., & Gross, M. U. M. (2004).

Le sens de l’effort.A.Adda.2006.

Le saut de classe ?

Etude haut potentiel 2015 partie1

En toute fin de cet article des Echos , Nicolas Gauvrit explique qu’il a entendu lors d’une conférence un référent EIP (Enfant intellectuellement précoce), donc une personne de l’Education Nationale qui doit normalement comprendre les élèves précoces et aider les parents démunis, dire qu’il ne fallait pas l’appeler si l’enfant va bien et pour un saut de classe.

Circulez, il n’y a rien à voir, et rien à prévoir.

https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/030346135213-enfants-surdoues-mythes-et-realite-2088421.php

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Les critiques

Je ne pensais pas être « attaquée » par mes pairs, moi qui l’ai été si souvent par ma mère…et qui a été encore étonnée de sa réaction devant mon livre que j’avais envoyé.

« ah , mais il est tout noir »…(la couverture) alors qu’il est plutôt blanc…

« ah, mais ton nom est écrit en grand » !

« ah, mais il est dur à lire comme livre » !

« ah, mais j’ai trouvé une faute d’orthographe ! » (une faute de frappe dans un témoignage, qui a échappé à ma sagacité, effectivement).

« ah mais je ne comprends pas pourquoi on peut être déprimé parce qu’on est surdouée » !

Or je lis sur un site un commentaire disant sans aucune justification que je ne serais pas surdouée, car bien sûr je n’ai rien compris à l’arborescence…

Une des idée du livre était de montrer que les femmes surdouées étaient humbles (certaines du moins) et ainsi je n’allais pas écrire en 4 eme de couverture, oui je suis, moa, surdouée, j’ai tant de QI, bien sûr que non. Je l’avais écrit sur « chemins de traverse » sur mon site,  j’ai été testée à 8 ans, et c’est sans doute pour cette raison, et aussi au fait que j’ai pu aller au CP à 5 ans, que je ne suis pas « abîmée », comme je l’explique dans mon livre.

C’est un problème très français et très « éducation nationale », je ne pensais pas le subir de la part de surdoués. Toujours critiquer, toujours chercher la petite bête, le petit truc qui ne va pas…en fait très exactement ce que  les surdoués reprochent si souvent aux enseignants et à l’éducation nationale en général.

Heureusement j’ai eu beaucoup de mails perso qui m’ont réconfortée.

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traumatismes et surdoués

traumatismes et surdoués

Les personnes surdouées étant hypersensibles pour la plupart, sont-elles plus facilement sujettes aux traumatismes ? A ma connaissance , peu d’études traitent de ce sujet. Evidemment je ne connais pas tout…Si on en croit Muriel Salmona, (et mon expérience) les professionnels sont déjà peu formés au sujet des psychotraumatismes, alors pour s’intéresser aux surdoués traumatisés …il ne faut pas trop en demander…

Le commentaire de Bleuenn me pousse à écrire un article sur ce sujet et à porter votre attention sur le site extrêmement bien fait du DR Muriel Salmona http://memoiretraumatique.org/ ,

que je vous encourage à lire si vous avez été traumatisés. Les traumatismes sont variés, ils incluent toutes les violences, que ce soit les violences éducatives, les violences physiques, sexuelles ou les violences dûes à des circonstances dramatiques (maladies, deuils). Dans ce site , les mécanismes sont très bien expliqués (explications humaines et neuroscientifiques) et l’espoir est présent.  

Pour répondre à Bleuenn au sujet de la non reconnaissance par les parents de la douance, il s’agit d’un réel traumatisme qui touche à l’identité. Les parents sont les premières personnes qui vous donnent votre identité, ils ont un premier regard posé sur vous. Ne pas reconnaitre la douance de son enfant , c’est comme ne pas reconnaitre sa couleur de cheveux . Aucun parent ne dit « il ou elle est blonde » alors que très visiblement l’enfant est brun. Il ne faut pas s’étonner ensuite que l’enfant ne sache plus très bien s’il est blond ou brun… ne pas reconnaitre la douance de son enfant et s’étonner , se plaindre ensuite que l’enfant ne réussisse pas est d’une violence inouïe. L’enfant n’a pas eu les apprentissages nécessaires au bon moment (comme tous les autres enfants ), et  il a mis en place des stratégies inadéquates pour contenter ses parents , c’est à dire « ne pas être surdoué (e)». Il est facile de comprendre que l’on ne peut vivre comme cela , en niant son identité.

Comme l’écrit Muriel Salmona, il faut faire des « retrouvailles avec soi-même ».

Je peux parler de mon expérience personnelle, surdouée et ayant subi pas mal de traumatismes (enfance, aplasie médullaire…). Il me semble que les traumatismes ont un impact plus grand sur moi, mais à bien y réfléchir, si une personne non surdouée les avait subis , elle aurait aussi eu des difficultés…MAIS  je crois que d’être surdouée permet de surmonter les traumatismes plus facilement. Les surdoués mettent en place à mon avis des mécanismes de sauvegarde encore plus exceptionnels et élaborés. C’est un avis tout personnel qui n’a rien de scientifique ! cela donne une touche d’espoir à Bleuenn, mais il faut du temps…

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video

 

http://www.capcanal.com/video.php?rubrique=2&emission=13&key=5U1PWzKPBs

Excellente émission que je vous recommande pour bien comprendre les enfants doués qui sont en difficulté scolaire. Très bonne discussion au sujet du QI, autour de l’enseignement, autour de la santé. Elle date de 2009 mais est toujours d’actualité. elle dure 60 mn mais vaut la peine d’être écoutée jusqu’au bout.

Olivier Revol explique que les fillettes se suradaptent. Cela est vrai, en général, sûrement plus que les garçons. Pour mes enfants, je l’ai remarqué aussi, ma fille était nettement plus scolaire que ses frères. Eux ne travaillaient que ce qui les intéresse, et encore. 

Mon dernier fils était très « dynamique », toujours en mouvement, et je rassure les parents , cela s’est passsé avec l’âge. Il ne faut pas confondre avec l’hyperactivité. Quand il jouait aux échecs, il stoppait tout mouvement et savait se concentrer d’une façon étonnante.

Personnellement j’étais toujours en mouvement,  très souvent punie, très espiègle parce que je voulais rire et je faisais rire les enfants de la classe, parce que je m’ennuyais. Sur le papier de la visite médicale, j’avais lu qu’il était écrit « nervosisme ». En CP, une mauvaise image de moi m’était donnée parce que je savais lire avant les autres. Je me souviens de ce CP comme si c’était hier…Alors que d’autres personnes plus bienveillantes auraient pu apprécier cette vivacité d’esprit, ce fourmillement d’idées, cet enthousiasme. je me souviens qu’à 5 ans , je tricotais des vêtements pour mes poupées. J’ai passé le QI à 8 ans , en étant très peu concentrée, personne ne m’avait expliqué ce que c’était. Je vivais dans un chaos familial et cette « agitation » a été confondue avec une conséquence des difficultés de l’environnement familial. Je suis la preuve vivante que l’environnement ne crée pas la douance.

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Je reprends mon blog après avoir travaillé sur le Master. comme j’ai travailé sur le sujet des surdoués , je  donnerai des extraits  de mon mémoire .

Aujourd’hui je voudrais raconter ma relecture de mes anciens bulletins scolaires .

je les ai retrouvés dernièrement , et en 4e,  une appréciation  a retenu mon attention et m’a fait sourire .

 » Les résultats sont bons , mais Nadine « tue » ses professeurs » !

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enfantillages

Lorsque j’ai pu enfin avoir des enfants, ce qui n’était pas gagné après cette maladie , une autre catastrophe m’attendait !  j’ai eu trois enfants surdoués !

Il faut prendre ce mot « catastrophe » au dixième degré, évidemment, un peu d’humour ne fait jamais de mal !  Avoir des enfants précoces , en soi,  n’est pas grave. Mais c’est le manque de compréhension ordinaire, le manque de bienveillance de l’entourage et de certains enseignants qui font que nous avons vécu un véritable parcours du combattant. Trois exactement.  Avec des enfants précoces, c’est à peu près une contrariété par jour avec l’école !

Après avoir lutté contre une maladie, je devais lutter contre une multitude de gens qui ne comprenaient rien aux problèmes de mes enfants.

Je vais raconter succintement ce parcours et des anecdotes dans la catégorie  « Les tribulations d’enfants trop vifs ».

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Chemin d’école

LYCEE .   UNIVERSITE.

Le résultat est que je n’ai jamais trop appris à travailler jusqu’en première, année ou j’ai changé d’école pour faire un Bac C, qui ne se faisaiit pas dans mon Lycée.

Je suis allée dans un lycée de garçons, nous n’étions  que 6 filles ! Le niveau était plus élevé, il a fallu que je me mette un peu à travailler. Ensuite, le Bac. Apres le Bac, j’ai entrepris des études de médecine, mais à 19 ans j’ai eu une maladie du sang très rare :  aplasie médullaire

J’ai dû arrêter mes études 3 ans. Après ces 3 ans, j’ai entrepris avec succès des études de biologie  (DEUG B) et une Licence de Chimie.

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Chemin d’école

COLLEGE

En 6e, je suis allée dans un collège-lycée privé, ma mère ne payait pas les frais de scolarité, car elle était institutrice dans le privé.

J’ai été une élève pauvre parmi des plus riches que moi, mais cela m’a énormément appris. Cela ne me gênait  pas outre mesure. Au contraire, cela m’ouvrait  d’autres horizons.

En 5e, un jour le  professeur de maths m’a prise à part, car elle avait remarqué que je ne participais plus, du jour où elle m’avait demandé de me taire pour laisser répondre les autres. Elle m’a dit  : »Vous n’êtes pas heureuse ! »               Ah, bon !

J’étais souvent exclue des cours car très bavarde ! Et j’étais souvent envoyée chez la directrice. Elle m’a dit un jour, en 4e,  « Mais qu’est-ce que j’apprends ?,  vous êtes une bonne élève ? »                     Ah, oui….

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Chemin d’école

CM2

 J’étais en classe avec ma mère qui était donc institutrice. J’avais une interdiction, c’était de dire mes bonnes notes, il ne fallait pas se vanter ! Comme je n’avais que de bonnes notes…C’est forcément parce qu’on est l’enfant de l’enseignant !

Ce fameux CM2, j’ai été malade tout le premier trimestre, mais au final, j’étais la 4e de la classe. Mais ma mère m’a fait redoubler ce CM2!!!!!  Le prétexte était : « Ce n’est pas grave, elle a un an d’avance ! »  et  « elle n’a pas les bases du premier trimestre ».

D’habitude, on ne fait pas redoubler d’élève qui est 4e d’une classe.

 

Je n’avais pas bien pris conscience du dégât de ce redoublement injuste. Jusqu’à ce que je lise ce texte d’Arielle Adda, que j’ai lu en pleurant . Arielle Adda a mis les mots sur ce que je savais et ressentais confusément. Ce texte est écrit en termes choisis et tellement justes.

 

« Enfants doués non reconnus / non identifiés :
Conséquences à l’âge adulte »
Arielle ADDA

Aout 1989, 

Colloque AFEP Paris Sorbonne 1996.

 

« …Lui a l’impression d’être depuis longtemps en deuil : il a été idéaliste, comme nombre d’enfants doués, mais lucide aussi et ce sont deux caractéristiques qui ne font pas très bon ménage. Il lui a fallu s’endurcir pour supporter toutes les petites meurtrissures de la vie quotidienne. Envolés ses rêves secrets d’accomplissement prestigieux, disparu son bonheur, quand il découvrait un savoir nouveau, qui lui ouvrait des horizons jusque là insoupçonnés, anéantie son exaltation à l’idée de ce qu’il pourrait réaliser.
Ce deuil peut avoir débuté lors d’un redoublement considéré comme injuste, et qui n’est jamais justifié dans le cas des enfants doués. On ne peut imaginer le mal que va causer cette décision, vécue comme arbitraire. Comme le disent certains professeurs : « c’est bon de redoubler au moins une fois, cela n’a jamais fait de mal à personne et ça incite à mieux travailler et surtout à consolider les bases« , ces fameuses bases, qu’il n’a même pas vu passer, tant elles lui semblaient élémentaires. On ajoute : « il est jeune, il ne faut pas qu’il se sente trop sûr de lui« . Eh bien, ce redoublement a provoqué une blessure si profonde qu’elle n’a jamais pu cicatriser, quelque chose est mort à ce moment-là, une certaine confiance dans l’adulte, un espoir mis dans « l’Ecole », considérée comme un temple où les merveilles de la connaissance allaient être dispensées, une idéalisation des professeurs qui « savaient », qui ne pouvaient pas se tromper et qui ont décidé que cet élève-là n’était pas digne de passer dans la classe supérieure. Ce fut comme un rejet dans les ténèbres extérieures et l’enfant doué ne s’en est jamais remis. L’amertume lui a laissé un goût qui ne peut s’effacer. On lui a irrémédiablement volé une année qui lui manquera toujours et la plus brillante des réussites sociales ne parvient pas à faire disparaître ce souvenir encore douloureux, des décennies après…

…Dès ce moment, cette image devient si mauvaise,si négative, qu’il n’est plus possible de la reconstruire aisément. Il faudrait beaucoup d’amour et d’attention pour retrouver la trace de l’enfant d’autrefois, si vif et si imaginatif. Quand on évoque le devenir particulièrement dramatique des enfants doués, adonnés à la violence, à la difficulté de vivre, adoptant des conduites extrêmes, il s’agit souvent de ceux qui ont connu un tel parcours…

…Toutes les qualités des êtres doués ne peuvent disparaitre totalement; ils conservent leur rigueur d’analyse, leur justesse de jugement; et les relations n’en sont que plus ardues. Exigeants, jusqu’au perfectionnisme, passionnés,même quand ils n’en laissent rien paraître, d’une ironie critique qui affleure souvent, ils ne peuvent se contenter de relations médiocres. »

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