La méthode scientifique est en ce moment très interrogée à propos d’une étude sur l’effet de la chloroquine sur le virulent coronavirus . J’ai eu l’idée d’écrire un petit article sur le sujet pour expliquer comment se prépare une recherche.
Le chercheur mène son étude selon un choix qu’il fait, mais il se doit de l’expliquer. Il doit décrire la façon dont il choisit les participants, la méthode, il doit ensuite y avoir une discussion pour bien expliquer l’intérêt de son étude ainsi que les faits observés , puis exposer les résultats. Au final, il faut indiquer les biais de l’étude ainsi que les limites, et ce que l’on pourrait faire dans un avenir proche ou lointain pour améliorer la connaissance. Tout doit être bien explicité pour que d’autres chercheurs puissent répliquer l’étude, car si d’autres études prouvent un effet significatif (au sens statistique) sur le même sujet d’étude, on obtient un consensus scientifique.
On peut lire l’article de Franck Ramus très complet
http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/comprendre-la-publication-scientifique/
L’étude du professeur Raoult qui fait polémique est celle-ci :
Chacun peut la lire pour se faire son opinion.
Il est indiqué qu’il y a 46 participants au départ . et non pas 20 comme on l’entend sur différents médias. Ensuite, il y a eu des pertes de participants .
ll est indiqué que ce n’est pas randomisé, c’est à dire que ce n’est pas fait en double aveugle, comme il est conseillé de faire habituellement. Ce fait n’est pas du tout dissimulé. Il est vrai que randomisé, c’est mieux. Aucun doute.
Il est indiqué que des participants ont quitté l’étude en cours, pour cause de volonté du participant, ou de mort. Quoi de plus normal ? Dans une étude scientifique, on doit obtenir le consentement des participants. Si ce n’était pas le cas, ce serait une faute.
Il est indiqué dans les résultats que l’association hydroxychloroquine et azithromycine réduit la charge virale en peu de jours.
Traduction de la conclusion :
« Ces résultats sont prometteurs et ouvrent la possibilité d’une stratégie internationale aux décideurs pour lutter contre cette infection virale émergente en temps réel, même si d’autres stratégies et recherches, y compris le développement de vaccins, pourraient également être efficaces, mais seulement à l’avenir. Nous recommandons donc que les patients COVID-19 soient traités avec de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine pour guérir leur infection et limiter la transmission du virus à d’autres personnes afin de freiner la propagation du COVID-19 dans le monde. D’autres travaux sont également nécessaires pour déterminer si ces composés pourraient être utiles comme chimioprophylaxie pour prévenir la transmission du virus, en particulier pour les professionnels de la santé. Notre étude présente certaines limites, notamment une petite taille de l’échantillon, un suivi limité des résultats à long terme et l’abandon de six patients de l’étude, mais dans le contexte actuel, nous pensons que nos résultats devraient être partagés avec la communauté scientifique. »
Nous attendons la réplication de cette étude qui est en cours à l’échelle européenne pour obtenir peut-être sur le même sujet d’étude un consensus scientifique, ou pas, on ne sait pas, ou pour connaître l’effet bénéfique d’une autre molécule. Peut-être.
IHU de Marseille n’est pas un petit centre de recherche.
https://www.mediterranee-infection.com/linstitut/les-10-points-cles/