« Surdouée et mère d’enfant surdoué », article d’Elodie Bousquet de l’express style
Hier j’ai lu cet article avec étonnement puis avec tristesse…Que faire quand les medias donnent des informations orientées négativement? J’ai écrit un commentaire sous l’article pour contrer ces préjugés :
Inquiétant pour l’avenir de présenter les enfants à haut potentiel ainsi…hors-norme passe encore mais « les lacunes » « étrange »…cet article met l’accent sur des enfants en difficulté, tous les hauts potentiels ne sont pas comme cela…on ne peut pas généraliser.
Commentaire bref, avec toutes en place de tous (j’ai écrit trop vite !)
Je voulais écrire plus longuement, alors je vais le faire sur mon blog, pour rassurer les parents qui viennent d’apprendre la douance de leur enfant. Les témoignages sont toujours intéressants, j’en suis sûre, mais généraliser à partir d’un témoignage, ou de quelques témoignages, est inquiétant. C’est une information tronquée, comme on en trouve un peu partout sur le net. Le mot « lacune » dans le titre est complètement hors de propos en ce qui concerne les enfants précoces. Le mot « zèbre » est le « surnom donné aux surdoués » ? Non, beaucoup n’aiment pas être assimilés à un animal. Le mot « étrange », où va-t-on si les enfants précoces sont qualifiés d’étranges ? On « apprend » dans cet article que le syndrome d’Asperger est souvent associé au surdouement !? On pourrait comprendre ainsi que les surdoués auraient souvent le syndrome d’asperger, alors que c’est l’inverse. Les personnes asperger peuvent être à haut potentiel.
Mais ce qui m’a fait le plus tilter ce sont les lacunes et les retards psychomoteurs. Faire croire que les enfants surdoués ont des lacunes en écriture…
Il n’y a pas plus de retard psychomoteur chez ces enfants !
L Vaivre Douret a étudié de façon longitudinale en 2004 le développement psychomoteur des enfants surdoués. Cliquer sur article L Vaivre Douret
« Nous constatons de fait, chez ces enfants en bas âge, une synchronie relative du développement des fonctions psychomotrices et psychologiques qui apparaissent précocement. »
A titre d’exemple, mais ce n’est qu’un témoignage, mes trois enfants étaient totalement à l’aise au niveau corporel dès le plus jeune âge, marche, course, manèges, vélo, natation, ski, écriture, dessin, c’est d’ailleurs par le dessin que nous avons compris que notre aîné était précoce. La prof de piano avait demandé de dessiner une clé de sol…il l’a dessiné parfaitement à 4 ans selon son modèle. Elle se tourne alors vers moi et me dit, mais il est surdoué ! Ah ? Nous l’avions inscrit au piano car il s’ennuyait trop en classe, une demi-heure par semaine. Cette professeur de piano qui avait un certain âge n’avait jamais vu cela…
Quant à dire que la difficulté d’écriture est une lacune fréquente chez ces enfants…
Selon une étude Santa Maria et Albaret de 1996
« L’étude porte sur l’évaluation de la qualité d’écriture et des troubles associés chez 11 sujets dont le quotient intellectuel est supérieur à 130. Les résultats indiquent que six d’entre eux sont dysgraphiques ou risquent de le devenir. Les caractéristiques du rouble graphomoteur ne se différencient pas de ceux rencontrés habituellement. »
Une autre étude de Liratni 2012
« Nos résultats poussent à ne pas généraliser les difficultés d’écriture à tous les enfants à haut potentiel, et laissent à penser que la réalisation écrite, chez ces enfants, s’appuie fortement sur leurs exceptionnelles capacités d’apprentissage.L’écart entre ces 2 aspects s’accentue chez les filles HPI. Reste à vérifier, dans un plus grand échantillon, si les enfants HPI sont effectivement plus rapides à l’écrit que les enfants tout-venant, et quel rang y occupent les filles par rapport aux garçons. Par ailleurs, l’écart observé entre les performances scripturales des enfants HPI ayant effectué un saut de classe et celles des enfants HPI suivant un parcours scolaire ordinaire soulève également des questions. Il est peu crédible que ce soit le parcours scolaire qui ait un impact sur les performances scripturales des enfants HPI. Au contraire, il est plus probable de dire que l’écriture de ces enfants était initialement rapide et a favorisé un passage anticipé dans la classe supérieure permettant une meilleure adaptation.
Par conséquent et bien que notre échantillon soit très limité, l’hypothèse qu’un trouble de l’écriture (Santamaria et Albaret, 1996) soit fréquent et caractéristique chez l’enfant HPI ne se valide pas au regard de nos résultats.
D’autre part, chez ces 12 enfants, les performances scripturales « normales » (ou déficitaires) contrastent fortement avec leur haut potentiel intellectuel. Le concept de dyssynchronie interne (Terrassier, 2005) stipule un décalage entre le niveau moteur et le niveau intellectuel. Cette notion semble donc en adéquation avec les résultats de notre étude. »
Mais de nos jours, ce sont ces informations sensationnelles qui priment. Sensationnelles, mais dans le négatif. Paradoxal…Les personnes à haut potentiel qui vont bien ne s’inscrivent pas dans les associations d’enfants précoces. J’espère que j’aurai des résultats avec la recherche avec 155 participants que je viens de lancer sur la scolarité.
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