Les zèbres tournent en rond

 

Extrait de la préface de J C Terrassier :

« Les difficultés que peuvent éprouver ces enfants et que je décris sous le terme « dyssynchronies » ne sont pas intrinsèques mais simplement la conséquence d’une méconnaissance de leur développement normal et d’une réponse éducative difficilement adaptée. Les autres « dys », dyslexie, dysorthographie, dysgraphie, dyspraxies etc… relèvent par contre d’aides spécialisées.

Comme le remarque fort justement Madame Kirchgessner, une proportion importante des enfants précoces présente une scolarité réussie grâce à leur capacité d’adaptation et sans renoncer à exprimer leur haut potentiel. Une statistique valide est difficile à établir car il est vraisemblable que les précoces en difficulté ont davantage tendance à consulter les psychologues. A ma consultation de psychologue clinicien, je constate que la demande d’examens de développement concerne des enfants nettement plus jeunes qu’autrefois. Des parents mieux informés souhaitent éviter à leurs enfants les difficultés que prédisent certains médias et certains auteurs en dramatisant leur avenir. Le rôle du psy est alors de rassurer les parents et de les aider à déjouer les pièges qui peuvent se présenter et qui sont maintenant bien identifiés.

Le terme « difficile » revient constamment, vous l’avez constaté, dans ma brève préface.

   La précocité est, certes, embarrassante mais reste une chance et doit le rester.

   Aidons les enfants à vivre une précocité heureuse.

Jean Charles Terrassier »

En ce début de vacances, je rappelle mon deuxième livre. Les parents, enseignants auront un peu de temps pour lire et réfléchir davantage au sens du mot « zèbre » qui n’est pas un terme anodin. C’est une pirouette inventée pour paraître plus « sympa », mais en fait c’est un piège qui brouille toutes les pistes et qui n’est pas sympa du tout pour les personnes HQI.

Comme je l’écrivais dans ce livre :

« la pathologisation du haut potentiel est de plus en plus prégnante dans notre société française, malheureusement. C’est révoltant ! Cela commence à envahir les esprits et devenir comme une vérité.

L’intelligence érigée en pathologie ? Est-ce crédible ?

la généralisation est toujours en place, mais la majorité silencieuse des personnes à haut potentiel ne se reconnaît pas dans cette médiatisation. Une certaine prise en compte du phénomène du haut potentiel donne à voir un spectacle affligeant.

Le zèbre

Le zèbre, cheval des ténèbres,
Lève le pied, ferme les yeux
Et fait résonner ses vertèbres
En hennissant d’un air joyeux.

Au clair soleil de Barbarie,
Il sort alors de l’écurie
Et va brouter dans la prairie
Les herbes de sorcellerie.

Mais la prison sur son pelage,
A laissé l’ombre du grillage.

Robert Desnos « Chantefables »

Le piège est en place !

Ainsi, le remède s’avère être pire que la non prise en compte qui régnait jusqu’alors. Mais dans les années 1960, les enfants qui étaient vifs et rapides pouvaient aller au CP anticipé facilement, 20 % d’entre eux y accédaient sans difficulté (statistiques de EN). Dans les années 1960, la méthode de lecture était syllabique et il n’y avait pas 20 % d’enfants qui ne savaient pas lire en 6 ème… Le saut de classe était assez banalisé et les enfants surdoués n’étaient pas du tout handicapés. Actuellement, il est de plus en plus difficile d’obtenir un saut de classe ou un passage en CP anticipé, même pour des enfants qui savent lire en Moyenne section de Maternelle. Alors que les chiffres disent que ce sont les élèves les plus jeunes qui réussissent mieux le Bac, et que l’EN écrit sans le BO de 2012 par exemple, vouloir aménager des parcours scolaires spécifiques ! Aujourd’hui, des parents sont littéralement épouvantés de devoir aller frapper à la MDPH pour leur enfant précoce, et on les comprend aisément. Cette prise en compte de la douance par le ministère, obtenue de haute lutte, a de quoi surprendre !

Tout ça pour ça ! (Extraits du livre Les surdoués atteints de haut potentiel , L’intelligence malmenée.)

Dans la vidéo que j’ai citée hier dans mon article, J Siaud-Facchin indique que le haut potentiel n’est pas une pathologie mais elle décrit sans cesse de la pathologie dans ses interventions. En fait, J Siaud-Facchin décrit très explicitement des confusions avec des troubles (DYS, TDAH , TSA), puisque J Siaud-Facchin ne distingue pas ces troubles, mais impute au HQI les difficultés, dues à ces troubles. C’est surréaliste.

La vulgarisation d’un sujet ne devrait pas l’amener vers la médiocrité, comme c’est malheureusement le cas aujourd’hui. Ainsi, les zèbres tournent en rond, et ils creusent un trou, aussi grand que le déni de la réalité. Parce qu’il est plus simple pour eux, sans doute, de se dire « mes difficultés, c’est la faute à mon QI » plutôt que de concevoir son trouble de l’attention ou ses traits autistiques.

Lorsque Alizé raconte dans cette vidéo

( à 20 minutes) qu’elle a « piqué une crise parce qu’elle avait mal compris le « chacun aura sa chambre » , cela tient davantage de traits autistiques que de haut potentiel, et tout ce qu’elle raconte fait penser à un trouble de l’attention.

Quelques articles pour approfondir :

Penser différemment, à manier avec précaution…

Les bonnes intentions

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