Les ‘coupe-circuits’ ?

Depuis la diffusion de la série de TF1, les articles sur la douance abondent, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont pas parfaits. Quand ils sont écrits par des médias peu influents, ou marginaux, on peut laisser passer, mais quand ils sont écrits par Allo docteur sur France 5, c’est problématique.

Décryptage d’un article tout récent de Allo docteur sur France 5.

Qu’est-ce que le haut potentiel intellectuel ?

« On voudrait un bouton stop pour nos pensées, mais il n’existe pas ».

  • En fait , c’est inexact. La plupart des personnes surdouées sont très satisfaites de penser. Sans en faire une généralité, personnellement, je ne pense jamais trop, mais plutôt pas assez. J’aimerais réfléchir encore davantage, et lire davantage. Mais les journées n’ont que 24 H.

Cette série, bien que poussée à l’extrême, montre une représentation assez réaliste du haut potentiel selon la psychologue Jeanne Siaud-Facchin, spécialiste du HPI.

  • En fait , c’est inexact. Cette série n’est pas du tout représentative des adultes surdoués et surdouées. C’est mon point de vue. Cette caricature des adultes surdoués dans cette série sur TF1  HPI  est l’aboutissement d’années de désinformation et de pathologisation sur le sujet des enfants surdoués et maintenant des adultes surdoués. Jeanne Siaud-Facchin n’est pas la spécialiste du sujet puisqu’elle prend souvent des distances avec la science, et passe à côté d’autres problématiques, (comme le TDAH ou les TSA), en imputant tout au haut potentiel .                                                                                            RAPPEL :  Ramus et Gauvrit (2017)  La légende noire des surdoués
  • RAPPEL :  Décryptage d’une vidéo de J Siaud-Facchin

 » les « surdouées » se caractérisent par « une grande place accordée à l’activité mentale, le besoin de stimulation intellectuelle, la curiosité, le besoin de nouveauté, et la difficulté avec les situations répétitives », selon Emmanuelle Gilloots…au point que parfois la personne perd le fil de sa pensée. »

  • En fait , la fin est inexacte. Les personnes surdouées savent très exactement où elles en sont. Si elles « perdent le fil », il s’agit plutôt de troubles attentionnels (TDAH).

« il semblerait que chez les enfants HPI, ces coupe-circuits ne se mettent pas en place »

  • En fait , c’est inexact. En psychologie, aucune mention de cette notion de « coupe-circuit » n’existe. Si des problèmes existent, il s’agit plus vraisemblablement d’autres troubles. Ce n’est pas le haut potentiel seul qui est en cause. Sans doute , par « coupe-circuit », la psychologue veut parler de déficit d’inhibition. Dans le cerveau, une quantité d’informations arrivent dans le cortex préfrontal, qui est une sorte de trieur d’informations. Les personnes à haut potentiel sont plutôt très réactives et rapides lors de la résolution de problèmes. Si certains semblent ne pas pouvoir inhiber les pensées parasites, il faut plutôt rechercher d’autres problèmes que le seul haut potentiel pour l’expliquer. Cela peut-être un autre trouble , psychologique passager ou neurologique latent (DYS, TDAH, TSA) , mais ce n’est certainement pas le haut potentiel qu’il faut incriminer. Car les personnes à haut potentiel inhibent généralement mieux les distracteurs. (Pascale Planche)
  • D’après    :   Le fonctionnement et le développement cognitifs de l’enfant  intellectuellement précoce
  • In: L’année psychologique. 2000 vol. 100, n°3. pp. 503-525.
  • On peut lire aussi tous les travaux de Houdé sur le sujet de l’inhibition.
    Ancien article Houdé, O. (2007). Le rôle positif de l’inhibition dans le développement cognitif de l’enfant. Le journal des Psychologues, n°244.

« Cette absence de ‘coupe-circuit’ pourrait expliquer l’hypersensibilité des cinq sens chez les personnes HPI. »

« Au quotidien, le haut potentiel intellectuel implique une « hyperactivité cérébrale » et une « hypersensibilité des cinq sens », explique Alizé Lim. « C’est épuisant de ressentir tout, trop, tout le temps »

  • En fait , c’est inexact.Il s’agit de l’hyperesthésie, qui concerne surtout les personnes avec autisme.

« J’ai découvert à 27 ans que tout mon fonctionnement cognitif, mon hypersensibilité et mon fonctionnement émotionnel étaient définis par ce haut potentiel. » (Alizé Lim )

  • Toujours inexact. L’hypersensibilité et le fonctionnement émotionnel ne sont pas définis par ce haut potentiel. La définition du haut potentiel est d’obtenir un QI supérieur à 130 aux tests de Wechsler.

« beaucoup de HPI rencontrent des difficultés scolaires. »

  • Très inexact. En fait, depuis l’article La pseudoscience des surdoués (La légende noire des surdoués) en 2017, Jeanne Siaud-Facchin ne dit plus cela, puisque c’est faux. Mais l’article renvoie à un autre article de 2010 ! C’est le point d’achoppement qui a motivé mon article, et le suivant, concernant les difficultés sociales supposées.

« En outre, les personnes à haut potentiel rencontrent régulièrement des difficultés sociales, selon Emmanuelle Gilloots. D’après elle, la raison en est simple : « ils sortent du moule en permanence, parce qu’ils pensent différemment »

  • Que dire ? Cela devient fatigant, cette notion : « ils pensent différemment ». Il vaut mieux ne pas relever, cela risque d’être désobligeant.

« Prendre en charge un enfant HPI« 

  • D’habitude, on « prend en charge » les personnes malades ou handicapées ou déficientes.

 

Quelques articles pour approfondir le sujet :

Décryptage d’une vidéo de J Siaud-Facchin (mars 2016)

Dérive au ministère

Penser différemment, à manier avec précaution…

Confusions TDAH/Haut potentiel

Cerveaux et réseaux

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