L’usage particulier des mots, suite

Rappel : j’avais écrit ceci sur facebook, à propos du titre d’une conférence de Nicolas Gauvrit, sur le haut potentiel intellectuel :

Comment stigmatiser des enfants qui ne demandent rien d’autre que d’avancer à leur rythme.
Personnellement , je n’ai jamais accepté cette expression
« élèves à besoins particuliers« .

Le message subliminal  serait, de mon point de vue, que les enfants surdoués sont « particuliers », puisqu’ils ont « besoin » de démarches éducatives « particulières ». D’ailleurs, si on y réfléchit davantage, le terme « besoin » est aussi très condescendant. Ces termes employés contribuent à victimiser les surdoués et à pathologiser la douance, alors qu’en fait , il s’agit la plupart du temps de demander un simple saut de classe.

Sur fb, il y a eu 129 commentaires, dont les commentaires constructifs de marie-Aude et de Karin :

« Comme le propose judicieusement Marie-Aude Visine, l’utilisation du terme « spécifique » éviterait à Nadine de se faire happer par la très vaste polysémie du terme « particulier » qui est effectivement plus chargé affectivement si on regarde les occurrences du terme, et amène à pointer les détails alors qu’on cherche une vue d’ensemble. Dans une « spécificité », le classement taxinomique l’emporte sur le jugement de valeur. Le saut de classe est bien une spécificité de l’enfant surdoué, qui constitue une sous-espèce de l’enfant neurotypique. Je suis sûre que Nicolas ne prendrait pas ombrage d’une légère rectification pour la prochaine occasion, si ça pouvait mettre tout le monde d’accord 😉« 

Eh bien si, malheureusement NG a « pris ombrage » (ce qui ne veut pas dire qu’il se soit mis à l’ombre) 😉 et il est impossible de discuter. je ne sais pas pourquoi, mais cela me fait penser à l’attentat de Charlie hebdo : des journalistes ont été tués à cause de dessins. Bon, je m’éloigne du sujet.

Je sais que ce que nous avons vécu avec nos enfants n’était pas facile à cause des réticences extrêmes envers les sauts de classe ; c’est heureusement résolu. Mais pour les générations futures, je crains que cela soit encore plus difficile. à cause de cette expression « élèves à besoins particuliers », les parents actuels se retrouvent à devoir faire face à 12 personnes de l’Education nationale pour un simple saut de classe. C’est ce que vivent les familles. Les enseignants qui n’aiment pas trop la douance (oui, il y en a) vont se ruer sur ce terme. Il faut regarder l’usage des mots.  Les enseignants qui ne veulent pas entendre parler de la douance vont s’emparer directement du terme « particulier » et de sa consonance négative, Cela va aussi à l’envers de ce que l’on nomme l’école inclusive, Alors que la plupart des parents d’enfants avec handicap réclament l’école ordinaire pour leurs enfants.

Aujourd’hui, si on n’est pas d’accord sur un point , c’est hop « je te cause plus » !…
L’argumentaire est inexistant, avec un refus de discuter sur le fond.
Exposer son point de vue c’est s’exposer à être banni…Je ne savais pas cela.  Mais je prends le risque , j’ai dit ce que je pense , et je crains VRAIMENT que dire dans une conférence que les enfants surdoués ont « des besoins éducatifs particuliers », les expose à subir la stigmatisation « tu es particulier ». Il me semble que l’on pourrait facilement l’éviter, en utilisant un terme moins négatif.
La conférence est reportée au mois de mai prochain pour cause de virus. Cela permettra à chacun de réfléchir aux conséquences sur les enfants surdoués, des mots employés dans des conférences pour des professionnels, faut-il le rappeler. Le terme « particulier » entraîne une idée chez les enseignants que l’élève est « particulier ». C’est cela qui est très choquant. On ne peut pas se satisfaire de cette situation.
Pour conclure sur notre sujet (des mots) avec Gisèle Halimi « les mots ne sont pas innocents » « Ils traduisent une idéologie, une mentalité, un état d’esprit. Laisser passer un mot, c’est le tolérer». Le terme « particulier » est inadéquat, stigmatisant et dénigrant pour les enfants surdoués.

On peut lire aussi cet article :

Et cet article de 2017 contradictoire avec le titre de cette  conférence :
« Si l’on en croit ce qu’on lit dans les médias et dans les livres spécialisés, les surdoués sont les véritables damnés de la Terre: ils sont en échec scolaire, inadaptés, hypersensibles, anxieux, dépressifs, dyslexiques, et plus si affinités. Comment est-ce possible, alors que le sens commun suggèrerait au contraire que les enfants les plus intelligents ont les meilleures chances de réussite dans tous les domaines ? Dans cet article, nous allons montrer que la plupart de ces allégations, sinon toutes, sont des mythes sans fondement. »
Share

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *