Apprentissage de la lecture

J’ai beaucoup étudié l’apprentissage de la lecture durant mes études de psychologie et en Sciences de l’Education, et des débats étaient vifs sur le sujet avec certains enseignants, forts de leurs convictions et contre le décodage. Une polémique stérile enfle ces dernières semaines à propos des récentes « directives  » ministérielles qui ne seraient pas appropriées pour l’apprentissage de la lecture. Certains enseignants s’insurgent : cf Le café pédagogique

La consigne est d’apprendre les enfants à lire avec la méthode syllabique, qui donne de meilleurs résultats en lecture. On peut même lire sur certains commentaires ou articles, comme dans le café péagogique, que la méthode syllabique (le décodage)  serait « de droite » et que les méthodes « globales et mixtes » seraient « de gauche ». C’est assez pathétique, surtout quand on sait à quel point il est urgent d’apprendre à lire à tous les enfants. Les résultats sont alarmants, plus de 20 % d’enfants ne savent pas bien lire ni comprendre un texte, en 6 ème.

D’après la Conférence de consensus Cnesco-Ifé/ENS de Lyon  (mars 2016), en lecture « 39 % des élèves sont en difficulté à la sortie de l’école primaire (Cedre, 2009).  À l’entrée en 6 ème, un élève sur cinq avait, en 2007, des difficultés liées à la connaissance de mots du langage courant, un élève sur trois avait des difficultés liées à la connaissance de mots rares (DEPP 2007 – réponses au test SPEC 6). En 2012, 37% des élèves de 15 ans ne maîtrisent pas la compréhension de l’écrit à la fin du collège (PISA 2012).»…

Les études sont nombreuses et très intéressantes, mais il faut les connaître et bien les comprendre.

On peut écouter ces vidéos :

 

et lire cet article

Début de l’article :

« Bien décoder pour bien comprendre (version intégrale)

Edouard Gentaz, Liliane Sprenger-Charolles

Que nous disent les recherches sur les relations entre, d’une part, compréhension écrite et décodage en début d’apprentissage de la lecture et, d’autre part, décodage et capacités précoces de prélecture, d’analyse et de discrimination des sons du langage ? Ces recherches permettent-elles de justifier la nécessité d’évaluer et d’entrainer, dès la grande section, certaines capacités ? Sont-elles en phase avec le développement actuel des sciences cognitives de l’éducation et les travaux des fondateurs français des sciences de l’éducation ?

Nous présentons ici des travaux de recherche sur les relations entre, d’une part, compréhension écrite et décodage en début d’apprentissage de la lecture et, d’autre part, décodage et capacités précoces de pré-lecture, d’analyse et de discrimination des sons du langage, travaux qui permettent de justifier la nécessité d’évaluer et d’entrainer dès la Grande section certaines capacités. En conclusion, nous soulignons que la conception de la recherche sous-tendant ces travaux est non seulement en phase avec le développement actuel des sciences cognitives de l’éducation mais également dans la continuité des travaux des fondateurs français des sciences de l’éducation. »

http://www.cahiers-pedagogiques.com/Bien-decoder-pour-bien-comprendre-version-integrale#.WvbWf-hcyz0.facebook

ou cet article

http://www.cahiers-pedagogiques.com/Comprendre-vraiment-ce-que-les-neurosciences-ont-a-dire#.WvP4g42bk-M.facebook

 

Des parents me disent parfois qu’ils achètent ce livre avec cette méthode syllabique et progressive très ancienne, quand ils s’aperçoivent que leur enfant ne lit pas bien :

le Boscher est très vendu en france, on comprend bien pourquoi.

http://www.lire-ecrire.org/conseils-pratiques/manuels-scolaires-primaire/manuels-de-lecture-et-decriture/methode-boscher.html

méthode plus moderne :

http://grapholearn.fr/

https://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences/neurosciences/apprendre-a-lire_9782738126801.php

Enfin pour les puristes, voici un article scientifique :

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25793519

Differences in the predictors of reading comprehension in first graders from low socio-economic status families with either good or poor decoding skills.

traduction du résumé :

Partant de l’hypothèse que les bonnes capacités de décodage constituent un mécanisme de bootstrap pour la compréhension en lecture, la présente étude a étudié la contribution relative de la compétence précédente à celle de trois autres prédicteurs de la compréhension écrite (compréhension auditive, vocabulaire et conscience phonémique). 392 élèves de première année francophones issus de familles à faible revenu. Ce grand échantillon a été divisé en trois groupes en fonction de leur niveau de compétences de décodage évalué par lecture pseudoword. En utilisant un seuil de 1 SD supérieur ou inférieur à la moyenne de l’ensemble de la population, il y avait 63 bons décodeurs, 267 décodeurs moyens et 62 décodeurs médiocres. 58% de la variance de la compréhension en lecture s’explique par nos quatre prédicteurs, les capacités de décodage s’avérant être le meilleur prédicteur (12,1%, 7,3% pour la compréhension orale, 4,6% pour le vocabulaire et 3,3% pour la conscience phonémique). L’interaction entre les compétences de groupe et de décodage, la compréhension à l’audition et la conscience phonémique représentaient une variance supplémentaire significative (3,6%, 1,1% et 1,0%, respectivement). Les effets sur la compréhension en lecture des compétences de décodage et de conscience phonémique étaient plus élevés chez les décodeurs médiocres et moyens que chez les bons décodeurs, alors que la compréhension auditive expliquait plus de variance dans les décodeurs bons et moyens que dans les décodeurs médiocres. De plus, le pourcentage d’enfants ayant des difficultés de compréhension à la lecture était plus élevé dans le groupe des décodeurs pauvres (55%) que dans les deux autres groupes (décodeurs moyens: 7%, bons décodeurs: 0%) et seulement 6 enfants (1,5%) avait des facultés de compréhension de lecture altérées avec des capacités de décodage, une compréhension à l’audition ou un vocabulaire inaltérés. Ces résultats remettent en question les résultats des études sur les «pauvres apprenants» en montrant que, au moins en première année, une mauvaise compréhension de la lecture est fortement liée au niveau de compétences en décodage.

 

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