Trop grande intelligence

 

Gabriel Wahl m’a transmis cette publication provenant du Journal International de Médecine, récente sur le thème :
UNE TROP GRANDE INTELLIGENCE PEUT-ELLE ÊTRE NÉFASTE ?

Mieux vaut être riche, beau, intelligent et en bonne santé. Certes, mais tout est une question de mesure, et certains auteurs ont suspecté une relation entre une grande intelligence et la fréquence des troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Mais cette suspicion n’a jamais été véritablement confrontée à l’épreuve des faits.

C’est à cette tâche que se sont attelés les auteurs d’une vaste étude épidémiologique parue dans le British Journal of Psychiatry (1). L’objectif était de déterminer si les enfants avec les QI les plus élevés avaient une plus grande fréquence de TDAH. Ils ont pour cela puisé dans les données issues d’une cohorte de 2 221 enfants nés aux Pays-Bas entre octobre 1989 et septembre 1991 et ayant passé le test d’intelligence Weschler Intelligence Scales (WISC) entre les âges de 10 et 12 ans.

Finalement, pas de surprise

Le QI était en moyenne de 97,2, avec une surreprésentation des garçons dans les QI élevés (supérieurs à 130). Un niveau socio-économique bas était associé aux QI les plus bas, et un niveau élevé aux QI les plus élevés. Les résultats scolaires étaient bien corrélés aux résultats du WISC, avec 7,7 % d’enfants ayant sauté une classe parmi les QI supérieurs à 130, contre 0 % pour un QI entre 55 et 69.

Dans cette étude, ni les problèmes attentionnels, ni les « symptômes externalisés » (comme les comportements agressifs), ni les « symptômes internalisés » (comme l’anxiété, la dépression, les plaintes somatiques, le retrait social), ni l’impulsivité n’étaient plus fréquents chez les enfants avec un QI élevé. En réalité, tous ces items sont inversement corrélés au QI (quand ils sont évalués par les parents et les professeurs). De façon intéressante, lorsque l’on interroge les enfants eux-mêmes aucun de ces items ne varie en fonction du QI, les troubles rapportés sont de la même intensité quelle que soit l’intelligence mesurée par le WISC.

Le mythe du QI

Le QI est donc inversement corrélé aux symptômes de TDAH. Soulignons cependant une limite majeure de cette étude, inhérente à toute mesure de l’intelligence : les difficultés attentionnelles ont forcément un impact sur la passation des tests. Vouloir évaluer l’intelligence comme une variable totalement indépendante de symptômes aussi variés que l’anxiété, la dépression, l’attention, l’agressivité, est totalement illusoire. La difficulté d’interprétation du WISC est ici encore majorée, car les auteurs n’ont conservé que deux épreuves (en l’occurrence l’épreuve du cube et l’épreuve de vocabulaire), rendant inaccessible une donnée de l’interprétation de ce test, qui est l’hétérogénéité des résultats entre les différents subtests. Cet aspect du WISC est pourtant fondamental, qui est souvent à mettre en lien avec des difficultés psychiques de l’enfant.

Dr William Hayward

Références : Rommelse N, Antshel K, Smeets S, Greven C, Hoogeveen L, Faraone SV, et al. High intelligence and the risk of ADHD and otherpsychopathology. Br J Psychiatry. 2017; 211: 359–364.

 

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