Une dérive préoccupante

Droit fondamental à l’éducation : une école pour tous, un droit pour chacun

Rapport droits de l’enfant 2016 – synthèse –  Jacques Toubon, Défenseur des droits et la Défenseure des enfants, Geneviève Avenard

 

Je vais vous parler aujourd’hui de ce rapport rendu public la semaine dernière.

On peut trouver ce rapport sur le site de l’ANPEIP qui a activement participé à ce contenu.

http://www.anpeip.org/1226

Ce rapport se concentre sur les droits des enfants à l’école. La violence n’a pas été prise en compte dans ce rapport, mais le sera ultérieurement.

A première vue, tout semble parfait, dans le meilleur des mondes. Il faut obtenir l’égalité des droits des élèves à haut potentiel intellectuel devant l’école (pages 59 et 60 du rapport)… Qui oserait être contre ? Personne…

Exemple la recommandation 17 qui est après celle qui indique qu’il faut s’occuper de la participation des élèves handicapés :

Recommandation 17

Le Défenseur des droits recommande au ministère de l’Education nationale d’intensifier ses actions de sensibilisation et de formation des enseignants au repérage et à l’accompagnement spécifique des élèves intellectuellement précoces.

Ces recommandations concrètes et opérationnelles à destination du gouvernement, des ministères de l’Education nationale et de la Justice, ainsi que des collectivités territoriales, contribueront, nous l’espérons, à réduire les inégalités ainsi que les discriminations sur l’accès à l’école.  Il est primordial d’aider tous les enfants à haut potentiel à s’épanouir à l’école.

Son contenu est préoccupant. Pourquoi ?  Car la dérive est insidieuse.

Tout semble parfait

Et pourtant, la généralisation est vite faite

« madame Sylviane YZET, vice-présidente de la Fédération, porte-parole du conseil d’administrations de l’ANPEIP Fédération qui a ainsi pu remonter les difficultés de scolarisation des EIP rapportées à nos bénévoles. »

On ne lit pas de « certains » EIP , non, …

Et pourtant , ces pages sont accolées dans ce même rapport aux côtés d’autres pages qui parlent de tout autre chose, d’enfants handicapés , de migrants… enfants qui n’ont pas accès à l’école… Contrairement aux enfants à haut potentiel.  (dans le chapitre 2 (p22)).

Pêle-mêle sont recensés les cas d’enfants de familles vivant dans des squats donc mal logés, allophones parlant peu ou pas le français, itinérants, mineurs migrants, enfants handicapés, hospitalisés, à haut potentiel intellectuel ou « en conflit avec la loi » …  selon Jacques Toubon, le défenseur des droits, ils sont « empêchés d’aller à l’école »…

On se dit, mais que se passe-t-il ? Ont-ils déjà visité un camp d’enfants mal logés ?

Savent-ils ce que c’est que d’être handicapé ? Ils devraient regarder le téléthon qui va passer en décembre pour visionner les reportages d’enfants myopathes qui subissent des opérations récurrentes, ou d’enfants qui ont une épidermolyse bulleuse dystrophique, ou plus simplement d’enfants qui ont eu , comme moi, une maladie du sang…

Savent-ils ce que c’est que d’être aveugle, sourd ?

Savent-ils que tout cela est bien différent et bien plus difficile que d’être un enfant à haut potentiel gâté?

 

Ce sont donc des groupes de pression influents  en politique d’éducation qui sont à l’origine de ce dévoiement qui me (nous) met mal à l’aise…

Et en plus ils (elles) en sont fiers…

On peut lire sur des blogs : « on avance » ! Oui , ils avancent vers le handicap…

Moi ce que je pense, c’est qu’on n’avance pas du tout, bien au contraire ! On dérive !

Pour ceux qui doutaient de ce que j’énonçais dans cette conférence et dans mon livre

Pathologisation de l’intelligence

C’est très pernicieux…

Placer un paragraphe sur les enfants à haut potentiel dans ce rapport de défense des droits des enfants les plus démunis et vulnérables est incongru, a peu de sens et peut entraîner chez ces enfants un malaise, qui serait dû au fait qu’on les considère comme des handicapés… Alors même, que les enfants réellement handicapés ne veulent pas être stigmatisés ainsi, et c’est très bien.

Le monde à l’envers…

En page 22 du rapport, il est écrit :

« Les élèves reconnus à haut potentiel intellectuel, bien que présentant de remarquables capacités, peuvent ainsi rencontrer d’importantes difficultés en classe se traduisant parfois par des redoublements et un désinvestissement progressif de l’école. L’article D.321-7 du code de l’éducation précise à cet égard que «  Tout au long de la scolarité primaire, des aménagements appropriés sont prévus au profit des élèves intellectuellement précoces ou manifestant des aptitudes particulières qui montrent aisance et rapidité dans les acquisitions scolaires. Leur scolarité peut être accélérée en fonction de leur rythme d’apprentissage. » »

 

S’il s’agit d’avancer de classe, est-il besoin de spécifier qu’il s’agit de « besoin particulier », alors même que le terme de particulier a une consonance péjorative ?

Donc, ces mêmes courants qui participent activement à la pathologisation du haut potentiel, à la mise à l’écart de ces enfants, vont dans le même temps demander et obtenir que l’on se préoccupe des enfants à haut potentiel de « façon spécifique » devant les autorités.

Si j’osais… non, je n’ose pas dire exactement ce que je pense… On abîme les enfants dans un premier temps et ensuite, on intervient comme étant le sauveur ! Un tour de passe-passe !

Ou bien , on ne reconnaît pas les troubles DYS , et on les confond avec des « troubles supposés» chez les EIP.

Comme l’a écrit J C Terrassier dans la préface de mon livre

«Les difficultés que peuvent éprouver ces enfants et que je décris sous le terme « dyssynchronies » ne sont pas intrinsèques mais simplement la conséquence d’une méconnaissance de leur développement normal et d’une réponse éducative difficilement adaptée. Les autres « dys », dyslexie, dysorthographie, dysgraphie, dyspraxies etc… relèvent par contre d’aides spécialisées. »

Les difficultés ne sont pas dues au fait d’être EIP, mais à d’autres problèmes (DYS ou autres).

Ne doit-on pas , en adultes responsables, donner une bonne image d’eux-mêmes à nos enfants ?

Cette bonne estime de soi indispensable, calquée sur le négatif, risque d’être écornée et délicate à mettre en place.

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