Un article aujourd’hui un peu polémique mais il semble qu’il fallait l’écrire. Car , actuellement, on assiste à de telles dérives dans le monde de la douance !
L’article interview deux professionnelles, Claire Meljac et Christine Arbisio. L’article indique qu’il y a actuellement beaucoup de dérives, notamment lors d’échecs scolaires, de troubles du comportement des enfants. On le savait déjà, je l’écris depuis longtemps, mais il faut le redire :
Echec scolaire n’est pas égal à surdoué !
C’est une évidence, mais il existe des demandes envers les psychologues fondées sur ce principe. Ces demandes sont créées par tout un mouvement, mû par une recherche de reconnaissance. Ce courant a inventé ce concept (surdoué = échec scolaire) vrai pour un petit pourcentage , et assez faux pour la plupart des enfants surdoués, pour le généraliser à tous, dans le plus grand mépris des recherches scientifiques en cours.
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Claire Meljac, psychologue, docteur en Psychologie, eut la chance durant ses études de bénéficier de l’enseignement de Jean Piaget. C’est ce qui explique, en partie, son intérêt pour un secteur longtemps négligé par les psychologues : celui de l’apprentissage des mathématiques et des obstacles parfois rencontrés par les apprenants (enfants ou adultes). Sa thèse publiée sous le titre « Décrire, Agir et Compter », aux Presses Universitaires de France en 1979, et l’instrument psychologique qui en résulta (UDN 80, puis UDN-II) développent ce thème. Depuis lors, elle a présenté de nombreuses études consacrées à ce même sujet, seule ou en collaboration avec les meilleurs chercheurs. Elle a aussi animé plusieurs colloques ou formations traitant de l’acquisition
Christine Arbisio
Psychanalyste, psychologue clinicienne, maître de conférences à l’université Paris 13.
Multiplication des tests de QI : comment « l’enfant surdoué » est devenu la (mauvaise) réponse à tous les comportements à problème des élèves pour éviter de les gronder
l’article débute ainsi :
« Atlantico : Les professionnels constatent que le nombre de consultations parentales pour évaluer le QI de leur enfant a considérablement augmenté ces dernières années. Avez-vous pu observer cette augmentation dans votre pratique de tous les jours ? Si oui, comment l’expliquez-vous ?
Claire Meljac : En dix ans, j’ai pu constater un changement radical de l’approche des parents vis-à-vis de l’évolution de leur enfant, au sein de mon association comme dans le service hospitalier pour lequel je travaille (une unité spécialisée dans la prise en charge des enfants en difficulté, parmi lesquels des « surdoués », bien évidemment).
Au début de la création du service en question, les parents venant consulter des psychologues le faisaient sans idée préconçue.
Ils désiraient évaluer le niveau scolaire ou général de leur enfant, afin tout simplement de savoir s’il devait sauter une classe ou redoubler par exemple, ou encore s’ils devaient s’adresser à des aides spécialisées (rééducations, soutiens psychologiques, etc.). Aujourd’hui, bien des parents arrivent dans le service ou à l’association en m’expliquant que si leur enfant a des problèmes (échec scolaire, non-intégration, hyperactivité…), c’est uniquement parce qu’il est surdoué. Ils désirent en fait une certification officielle mais, pour eux, la réponse s’impose déjà.
C’est en effet beaucoup plus flatteur et déculpabilisant pour les parents de répéter que leur enfant a des problèmes parce qu’il est plus intelligent que les autres, plutôt que de s’entendre dire que non, leur enfant est « normal » sur le plan intellectuel et a tel ou tel autre problème de comportement pour des raisons X ou Y. L’étiquette de « l’enfant surdoué » est d’autant plus utilisée comme cache-misère que la littérature sur la question a littéralement explosé ces dernières années, le grand public étant très friand de ce genre de témoignages ou d’analyses scientifiques plus ou moins bien vulgarisées.
Christine Arbisio : J’ai en effet pu constater une augmentation très importante du nombre de parents qui viennent me consulter pour évaluer le QI de leur enfant, de manière presque caricaturale. En 2015, tous mes premiers échanges avec la famille ont abordé au moins une fois cette possibilité, alors qu’aucun des enfants que j’ai évalués n’était vraiment précoce. J’ai aussi pu constater que cette problématique, d’abord réservée aux milieux sociaux aisés, touche désormais toutes les classes sociales. »
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Extrait :
« Quel poids doit-on donner à l’évaluation du QI d’un enfant dans l’analyse de sa précocité intellectuelle ?
Claire Meljac : Le QI brut (c’est-à-dire un simple chiffre, sans analyse) est un indicateur important, mais cela reste un simple indicateur, qui est très, très loin d’être suffisant pour analyser une véritable précocité de l’enfant. Il faut aussi par exemple prendre en compte et évaluer ses capacités de concentration, de communication, sa confiance en lui, le milieu dans lequel il évolue.
Par ailleurs, les psychologues utilisent bien trop exclusivement un test appelé WISC (W pour Wechsler), qui donne certes des indications précieuses mais qui, dans certains cas, est loin d’être exhaustif. Il existe de nombreux autres tests qui permettent d’évaluer la précocité de l’enfant sous un autre angle. Je citerai à ce propos l’œuvre très riche du grand chercheur qu’était Jean Piaget. »
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