Un très bel article d’A Adda dans le journal des femmes :
« On ne cesse d’évoquer, à raison, l’extrême sensibilité des enfants doués : elle leur permet de comprendre ce qui n’est pas dit, de saisir les émotions de leurs proches sans se laisser duper par des paroles apaisantes destinées à les ménager, et pourtant, cette remarquable perspicacité semble disparaître, ou, du moins elle ne leur est plus d’aucune utilité quand ils sont confrontés à la méchanceté pure et à la bêtise.
En fait, ils ne conçoivent pas qu’un être humain, apparemment semblable à eux, puisse être gratuitement méchant, même en cherchant bien, il est impossible de trouver une justification à ses réactions agressives et presque destructrices, si ce n’est le désir, ou le plaisir, de faire du mal.
Cette pulsion leur est tellement étrangère qu’ils ne peuvent la prévoir et ils se sentent désarmés quand ils se retrouvent victimes d’un déchaînement de violence que rien n’a provoqué. Pendant qu’ils sont encore en train de se dire que « ce n’est pas possible et que quelque événement a dû leur échapper », leurs tourmenteurs s’en donnent à cœur joie puisque la route est libre et que rien ne vient entraver leurs amusements.
Pourtant les enfants doués ont tôt pris conscience des dangers du monde extérieur, peuplé d’individus malfaisants. Souvent, quand ils laissent libre cours à leur imagination pour inventer des histoires, ils évoquent des situations où ce sont des êtres mauvais qui l’emportent, mais il s’agit là de littérature,… »
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La fin de l’article pour les adultes est si prenante et si vraie :
« Pour les adultes aussi, la perversité c’est pour les autres, dans les romans, les films, ou les témoignages pitoyables des rescapés qu’on interroge à la télévision ou dans les journaux à grand tirage, puisque le malheur fait vendre. En aucun cas, ils auraient pensé se trouver eux aussi pris dans cet engrenage mortel sans l’avoir pressenti une seule seconde.
Quand on est idéaliste, perfectionniste, soucieux d’harmonie en toutes occasions, épris de logique et de clarté, il est difficile de concevoir les abîmes de noirceur que recèlent certaines personnes apparemment tellement humaines.
Enfants ou adultes, ceux qui ont connu de tels passages en enfer en conservent à jamais le souvenir vivace et aigu, mais ils savent aussi se reprendre et poursuivre leur route, appréciant plus que jamais les trésors qu’elle leur réserve et qu’ils feront fructifier avec bonheur. »
Tellement vrai. Le besoin d’une liaison absolue pour l’amitié est présent aussi, où la moindre réaction vue comme hostile (même si mal interprétée) de la part de l' »ami » est vécue comme une trahison. La confiance, je l’accorde facilement au début, mais si elle est rompue ou dégradée, il est alors très difficile de revenir à la liaison initiale sans regard critique ni questionnement sur l’autre. Et ça marque aussi sur le très long terme.