rapport Obin 2004…

J’ai lu et fait un petit résumé, plutôt j’ai extrait des phrases importantes,  du rapport Obin écrit pour le ministère de l’éducation nationale, qui date de 2004. Après les évènements récents, on a l’impression que ce rapport de 2004 n’a pas été pris en compte, malheureusement. Ce rapport montre comment de compromis en petites lâchetés, parfois inconscientes, ou de « bonne foi », si je puis dire,  ou par  démission de la hiérarchie, les situations conflictuelles dans certaines écoles et collèges ont empiré. Ce rapport est très surprenant et difficile à lire. On est dans l’incompréhension. Quand le gouvernement s’interroge concernant les récents attentats,  des réponses sont dans ce rapport.

Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires

Rapport présenté par Jean-Pierre Obin   Juin 2004

Inspecteurs généraux ou chargés de mission ayant procédé aux enquêtes de terrain et collaboré à la rédaction de ce rapport   (Les départements visités sont indiqués par leurs codes numériques)

« objet d’observation : « tout ce qui manifeste publiquement (signes, comportements, déclarations, écrits, actions), individuellement ou collectivement, de la part d’élèves, de personnels ou de familles, au sein des établissements scolaires, une appartenance religieuse. »

confirmer notamment que les signes et tenues vestimentaires ne semblaient constituer que « l’arbre qui cache la forêt »…

dans une vingtaine de départements : soixante et un collèges, lycées et lycées professionnels publics jugés susceptibles, davantage que d’autres, d’être affectés par des manifestations de la religion…

montée en puissance du phénomène religieux dans les quartiers, notamment chez les jeunes…

déni généralisé de la part de beaucoup de personnels et de responsables : chacun commençant généralement par déclarer qu’il n’y avait pas matière à nous déplacer car il n’y avait rien à observer ou ne se passait rien dans sa classe, son établissement ou son secteur de responsabilité. Nos observations ont très souvent contredit ces affirmations…

Les histoires se ressemblent du nord au sud de la France, et nos interlocuteurs décrivent en général une évolution plus brutale que sur le plan social, un « basculement » rapide et récent, l’accomplissement en quelques années de ce qu’ils nomment souvent « l’islamisation » du quartier, impliquant des changements conséquents et visibles des modes de vie et des comportements personnels, familiaux et sociaux. A l’origine de ce mouvement ils évoquent souvent l’influence déterminante de jeunes hommes professant une religion à la fois plus pieuse, moins populaire et plus intellectuelle,…

Les régressions de la condition féminine p11

C’est sans doute le côté le plus grave, le plus scandaleux et en même temps le plus spectaculaire de l’évolution de certains quartiers….

Partout le contrôle moral et la surveillance des hommes sur les femmes tendent à se renforcer et à prendre des proportions obsessionnelles. Il faut avoir vu ces femmes entièrement couvertes de noir, y compris les mains et les yeux, accompagnées d’un homme, souvent jeune, parfois un pliant à la main pour qu’elles n’aient pas à s’asseoir sur un endroit « impur », que plus personne ne semble remarquer tant elles font partie du paysage, et dont personne ne semble s’offusquer de la condition, pour saisir en un raccourci la formidable régression dont nous sommes les témoins. Encore ces « Belphégor », comme les appellent beaucoup d’acteurs, ne sont-elles pas les plus mal traitées, car il y a toutes ces mères qui ne viennent plus dans les écoles chercher leurs enfants, et qui sont contraintes de déléguer cette tâche à un aîné ou une voisine, car elles sont totalement recluses à leur domicile, parfois depuis des années.

Alors que l’on observe de plus en plus souvent des fillettes voilées, les adolescentes font l’objet d’une surveillance rigoureuse, d’ailleurs exercée davantage par les garçons que par les parents. Un frère, même plus jeune, peut être à la fois surveillant et protecteur de ses sœurs. Ne pas avoir de frère peut rendre une jeune fille particulièrement vulnérable. A côté des fréquentations et des comportements, le vêtement est souvent l’objet de prescriptions rigoureuses : comme le maquillage, la jupe et la robe sont interdites, le pantalon est sombre, ample, style « jogging », la tunique doit descendre suffisamment bas pour masquer toute rondeur. Dans telle cité on nous dit que les filles doivent rester le week-end en pyjama afin de ne pouvoir ne serait-ce que sortir au pied de l’immeuble. Dans tel lycée elles enfilent leur manteau avant d’aller au tableau afin de n’éveiller aucune concupiscence. Presque partout la mixité est dénoncée, pourchassée et les lieux mixtes comme les cinémas, les centres sociaux et les équipements sportifs sont interdits. A plusieurs reprises on nous a parlé de la recrudescence des mariages traditionnels, « forcés » ou « arrangés », dès 14 ou 15 ans. Beaucoup de jeunes filles se plaignent de l’ordre moral imposé par les « grands frères », peu osent parler des punitions qui les menacent ou qu’on leur inflige en cas de transgression et qui peuvent revêtir les formes les plus brutales, celles qui émergent parfois à l’occasion d’un fait divers. Les violences à l’encontre des filles ne sont hélas pas nouvelles, ce qui l’est davantage est qu’elles puissent être commises de plus en plus ouvertement au nom de la religion…

Les écoles primaires

On signale des refus de la mixité, ceci dès l’école maternelle, de la part de petits garçons. Les cas de fillettes voilées semblent également se développer, de même que l’observance du jeûne (dans un cas dès le cours préparatoire) et le refus de la viande non consacrée à la cantine. Les activités corporelles et artistiques semblent être particulièrement visées : refus de chanter, de danser, de dessiner un visage ; le refus de jouer de la flûte revient à plusieurs reprises sans que l’on sache précisément à quel interdit cela correspond.

Plus souvent ce sont des tensions ou des conflits avec les parents qui nous ont été signalés. La plupart concernent la tenue vestimentaire « religieuse » des mamans. Certains instituteurs semblent considérer que le principe de laïcité vaut pour le territoire de l’école, et voient d’un mauvais oeil l’arrivée de mères voilées dans la cour ou au conseil d’école. Le conflit s’envenime dans le cas, de plus en plus fréquent, où la personne voilée n’est plus du tout identifiable. Ainsi, une école a dû organiser un « sas », sans fenêtre, où la directrice peut deux fois par jour reconnaître les mères avant de leur rendre leurs enfants. Les pères viennent plus rarement à l’école, mais ce peut être alors l’occasion d’autres types d’incidents comme les refus de serrer la main d’une femme, ou même de lui adresser la parole. On a vu également un père refuser que sa fillette soit laissée dans la classe d’un instituteur (homme) remplaçant l’institutrice.

L’obsession de la pureté est sans limite : à ces élèves d’une école primaire qui avaient institué l’usage exclusif des deux robinets des toilettes, l’un réservé aux « musulmans », l’autre aux « Français », répond comme amplifiée la demande récente d’un responsable local du culte musulman à l’inspecteur d’académie d’un important département urbain, d’instituer des vestiaires séparés dans les salles de sport, car selon lui « un circoncis ne peut se déshabiller à côté d’un impur. »…

Les signes et tenues vestimentaires p15

Se démarquer simplement de la France ou de ceux, élèves et professeurs, que l’on nomme « les Français »

L’opposition à la tenue marquant l’appartenance religieuse est quasi unanime dans le premier degré (mais il existe peu de tentatives), importante en collège, plus irrésolue en lycée. Une comptabilité précise faite par une académie dénombre une centaine de foulards ou voiles acceptés dans une quinzaine d’établissements, dont douze lycées.

Une première période, caractérisée par de fortes pressions pour éradiquer les « voiles », dans la première moitié des années quatre-vingt-dix, et qui s’est soldée par de nombreuses exclusions, a en effet été suivie, notamment après certaines annulations par des tribunaux administratifs, de plusieurs années pendant lesquelles principaux et proviseurs ont été, à l’inverse, encouragés à accepter les élèves et à forcer la main à un corps professoral jugé excessivement laïque. Les travaux des commissions Debré et Stasi, l’élaboration d’une loi, les débats qu’ils ont provoqués, ont récemment fait repartir le balancier dans l’autre sens. Dans plus d’un établissement nous avons en tout cas pu constater les dégâts provoqués par cette inconstance, dans les relations entre les personnes et les groupes au sein de la communauté scolaire….

une sorte de consumérisme scolaire s’est développée par endroit autour de la réputation de lycées jugés plus ou moins favorables à la religion musulmane (le « lycée musulman » dit-on de l’un d’eux),

certains pouvant alors drainer une « clientèle » et accueillir jusqu’à plusieurs dizaines de jeunes filles voilées, par une sorte de « laxisme attractif » selon l’expression d’un responsable départemental.

On peut espérer de l’application de la loi qu’elle fasse cesser cette confusion et ces rumeurs, et surtout qu’elle mette un terme aux marchandages auxquels certains se sont livrés, et qui n’ont guère contribué à faire comprendre et accepter par les populations issues de l’immigration l’un des principes fondateurs de la République, la laïcité. Certains récits de « discussions » et de compromis sont en effet proprement ahurissants, surtout si l’on sait qu’ils ont pu se dérouler en présence de représentants des autorités académiques : ici on a négocié la couleur du foulard, là sa taille, ici il s’est agi de découvrir le lobe de l’oreille, là de laisser voir une mèche de cheveux, ici on l’a interdit en classe mais pas ailleurs, là ailleurs mais pas en classe ; sans parler de ce lycée où les classes ont été composées et les emplois du temps constitués en séparant les professeurs favorables et défavorables au voile !…

… Le mois de carême musulman est également une occasion de tension dans beaucoup d’écoles, de collèges et de lycées. Massivement suivie, pratiquée par des enfants de plus en plus jeunes (depuis le cours préparatoire), l’observance du jeûne est manifestement l’objet de surenchères entre organisations religieuses, qui aboutissent à l’émergence puis à la diffusion de prescriptions de plus en plus draconiennes, et de pratiques de plus en plus éprouvantes pour les élèves : ainsi de l’interdiction d’avaler le moindre liquide, y compris sa propre salive, qui entraîne la pollution des sols par les crachats et les refus de la piscine ; ainsi encore de la nécessité en cas de faiblesse ou de maladie de « rattraper » les jours perdus en poursuivant le jeûne après le mois de ramadan. Les professeurs se plaignent évidemment de la grande fatigue de beaucoup d’élèves et les infirmières sont massivement sollicitées pendant cette période. L’une d’elles nous confie que ce qui était encore il y a peu encore une manifestation d’affirmation identitaire et une période de fête, semble devenir de plus en plus, chez beaucoup d’élèves, « un exercice de mortification » où la souffrance semble jouer un rôle central.

Les refus de la mixité et les violences à l’encontre des filles p21

Partout ces refus et ces violences, on l’a dit plus haut, se développent dans les quartiers « ghettoïsés », au nom de la religion. Ils caractérisent donc d’abord la vie familiale et sociale mais s’infiltrent et se développent dans la vie scolaire, parfois dans l’ignorance ou l’indifférence des personnels, souvent malgré les efforts qu’ils déploient, parfois hélas parce que certains d’entre eux en sont les vecteurs.

Dans beaucoup de collèges visités, le vêtement des filles, ainsi que leurs « mœurs », sont l’objet d’un contrôle général. Ainsi, dans certains établissements les jupes et robes sont « interdites » depuis cinq à un an selon les endroits, la tenue sombre et ample est imposée à toutes. Il est fréquent que les jeunes frères et plus largement les jeunes élèves garçons soient chargés de la surveillance vestimentaire et morale des filles, les plus âgés se chargeant de les punir, le plus souvent à l’extérieur de l’établissement mais pas toujours ; ainsi nous a-t-on signalé plusieurs cas de violences graves perpétrées dans l’enceinte de collèges : gifles, coups de ceinture, « tabassages ». Les activités sportives sont particulièrement surveillées, voire interdites.

L’antisémitisme et le racisme    p 22

D’une part on observe la banalisation, parfois dès le plus jeune âge, des insultes à caractère antisémite. Le mot « juif » lui-même et son équivalent « feuj » semblent être devenus chez nombre d’enfants et d’adolescents une insulte indifférenciée, pouvant être émise par quiconque à l’endroit de quiconque. Notre sentiment est que cette banalisation ne semble en moyenne que peu émouvoir les personnels et les responsables, qui mettent en avant, pour justifier leur indifférence, le caractère banalisé et non ciblé du propos,.. D’autre part les insultes, les menaces, les agressions, bien ciblées cette fois-ci, se multiplient à l’encontre d’élèves juifs ou présumés tels, à l’intérieur comme à l’extérieur des établissements ; elles sont généralement le fait de condisciples d’origine maghrébine. Dans les témoignages que nous avons recueillis, les événements du Proche-Orient ainsi qu’une sourate du Coran sont fréquemment invoqués par les élèves pour légitimer leurs propos et leurs agressions. Ces justifications peuvent aller jusqu’à assumer les persécutions ou l’extermination des Juifs. L’apologie du nazisme et de Hitler n’est pas exceptionnelle :… fréquent, pour les élèves, de demander sa religion à un nouvel élève ou à un nouveau professeur. Nous avons constaté que beaucoup de professeurs ne refusaient pas de répondre à cette question.

L’éducation physique et sportive p24

L’EPS fait partie des disciplines pour lesquelles les professeurs se plaignent souvent de manifestations ou d’interventions de nature religieuse perturbant leur enseignement. Beaucoup tournent autour de la mixité, ou de la préservation de la « pudeur » des filles… Beaucoup d’élèves préfèrent « un zéro » ou une punition plutôt que de pratiquer une activité ou de la pratiquer en tenue réglementaire. Les dispenses se multiplient et l’existence de certificats de complaisance est massive dans certains quartiers. Ces phénomènes explosent dans la période du jeûne. Certains comportements révèlent les conceptions obsessionnelles de la pureté de certains prescripteurs, comme le refus de se baigner dans « l’eau des filles » ou dans celle des « non musulmans. »

Confrontés à ces comportements, des professeurs, individuellement ou collectivement, transigent ou « négocient », acceptant grands ou menus accommodements avec les règlements, notamment pour les filles. D’autres les refusent. Parmi ces derniers, certains enseignants parviennent à maintenir l’intégralité et la mixité des activités physiques et sportives, d’autres se résignent et préfèrent abandonner celles qui sont le plus contestées, plutôt qu’entamer des transactions ; ainsi notamment de la piscine, en particulier pour les filles : « La gym se meurt ! » conclut, abattu, un professeur que nous avons rencontré…

Les mathématiques p28

La seule difficulté mentionnée par des professeurs de cette discipline, en des endroits fort éloignés, qui dénote la même obsession ou le même endoctrinement, est le refus d’utiliser tout symbole ou de tracer toute figure (angle droit, etc.) ressemblant de près ou de loin à une croix…

Les sciences de la vie et de la Terre p28

Comme l’histoire, cette discipline fait l’objet d’une contestation religieuse d’ensemble, au nom d’une conception, le « créationnisme », dont on sait qu’elle a ses partisans dans les trois religions monothéistes, et qui réfute la théorie de l’évolution des espèces au nom d’une lecture littérale de la Bible ou du Coran. Pour ses adeptes, schématiquement, la Genèse est un document historique et Darwin un imposteur. …

… Un nombre croissant d’élèves de religion musulmane refuse de visiter et d’étudier les oeuvres architecturales du patrimoine, cathédrales, églises, monastères, dès lors que ces bâtiments ont ou ont eu une fonction religieuse. Les accompagnateurs se sont trouvés plus d’une fois pris de court devant le refus d’une partie de leurs élèves de pénétrer dans un édifice. Dorénavant avertis, les enseignants réagissent encore une fois en ordre dispersé à ce nouveau comportement collectif des élèves. Très peu semblent lui opposer l’idée que l’inclusion de ces visites à l’enseignement qu’ils dispensent les rend obligatoires, obligation qui garantit l’égalité de traitement des élèves. De même peu arguent de la nature culturelle et non cultuelle des édifices religieux pour l’enseignant et les élèves. Et donc beaucoup transigent, soit en n’emmenant que des élèves volontaires soit en laissant à l’extérieur les élèves ne souhaitant pas entrer, ce qui pose des problèmes de surveillance et de responsabilité. D’autres renoncent à toute visite d’un édifice religieux.

Conclusion et propositions p32

…Des évolutions inquiétantes qui appellent une réponse d’ensemble p32

Dans certains quartiers, qui sont loin répétons-le de se cantonner aux banlieues des grandes villes, se sont déjà édifiées des contre-sociétés closes dont les normes sont le plus souvent en fort décalage voire en rupture avec celles de la société moderne et démocratique qui les entoure. ..

Des organisations, le plus souvent structurées sur le plan international, prospèrent sur ce terreau et assurent à cette nouvelle identité « musulmane » une promotion efficace, dans une surenchère permanente qui donne aux plus radicaux souvent le plus de poids auprès des plus jeunes ou des plus fragiles (parmi ces derniers on peut placer un certain nombre de jeunes convertis.). Le projet de ces groupes ouvertement ségrégationnistes et qui dénoncent l’intégration comme une apostasie ou une oppression, va encore plus loin. Il est aussi de rassembler ces populations sur le plan politique en les dissociant de la nation française et en les agrégeant à une vaste « nation musulmane ». Nous avons dit combien ce projet nous semblait déjà bien diffusé et mis en oeuvre dans la jeunesse scolarisée, notamment auprès de ces collégiens et lycéens qui refusent, parfois massivement, de s’identifier comme « Français » et ont pris comme héros les partisans de la guerre à outrance contre le monde occidental… »

La totalité du texte est en PDF sur   rapport Obin 2004    

le gouvernement a mis récemment en place une page  pour contrer les dérives

cliquer sur  stop-djihadisme.gouv.fr   

 

 

Share

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *