J’avais écrit le 17.06. 2012 un article au sujet de l’émission « envoyé spécial » du 16.06.2012.
j’écrivais ceci : » Un peu moins de parti pris négatif pour cette émission si on compare aux « envoyé spécial » sur le sujet que j’avais déjà vus, il y a bien longtemps, mais quelques petites phrases maladroites par ci par là. .. »
MAIS je viens de lire les commentaires sur le net de « le nouvel observateur.com le plus » du 18.06.2012
« Envoyé spécial » : quand l’émission tombe dans les clichés sur les surdoués
je remercie le commentateur classical fan qui remet l’émission en perspective. j’ai été une téléspectatrice abusée. Jean Dubé est toujours un grand pianiste contrairement à ce que la journaliste voulait nous entraîner à croire…
conclusion : MEFIANCE lorsque l’on visionne des reportages malveillants, et les reportages sur les surdoués, en général. J’avais eu un peu la puce à l’oreille en regardant le wikipedia de Jean Dubé, mais ne connaissant pas tout de ce milieu artistique musical, je ne pouvais être aussi claire que classical fan.
Nous avons avec ce sujet une preuve supplémentaire que les vrais surdoués sont souvent les plus modestes.
Arielle Adda nous parle de divers sujets , à bâtons rompus, qui me touchent particulièrement.
De l’approche passionnelle du QI. Pourquoi Le QI agace certains professionnels, et nous relate un historique très intéressant . On comprend les tenants et aboutissants des dérives malveillantes actuelles au sujet de la douance et du QI. Elle nous parle de la pétition anti QI (à l’initiative d’après mes souvenirs, de R. Voyazopoulos « Des psychologues s’interrogent sur le QI et certains de ses usages », le journal des psychologues, n 230, 2005). Cette pétition avait été signée soi-disant par elle ! ERREUR
Peut-on être intelligent et mûr ? Oui bien sûr !
Elle nous parle de la campagne fausse sur le fameux politiquement correct « les surdoués ont une intelligence différente ! »
De l’inquiétude au sujet des sectes, attention danger .
Du syndrome de l’imposteur, du perfectionisme, de la mise en place de l’armure (faux-self) pour se protéger des autres, de l’humour fin, de l’amour.
De la résilience, les personnes surdouées ont une force en eux.
Des pervers. Les gens doués attirent les pervers car ils sont généreux.
Jacques Grégoire: Concepts de l’intelligence et nouvelles façons d’aborder le cas des HPI
Il explique les limites d’identification des personnes surdouées selon les critères du QI, les erreurs de mesure, la prise en compte d’autres critères. Le test de QI n’est qu’un aspect de la mesure de la douance. Il faut prendre les résultats avec prudence et comprendre les résultats hétérogènes. L’analogie avec le chêne et le gland est un peu malheureuse mais elle nous fera sourire…
Passionnant , mais difficile à résumer, car il y a des graphiques.
Retenons l’essentiel : les hauts potentiels ne sont pas des cas intrinsèquement psychopathologiques.
Monique de Kermadec: L’adulte surdoué : bien vivre sa douance
Message d’espoir de M. de Kermadec en découvrant pourquoi certains adultes surdoués réussissent et d’autres ne réussissent pas. Apprivoiser la différence ressentie par les adultes à haut potentiel. L’adulte surdoué est rarement satisfait et ses relations avec le monde sont parfois difficiles. M. de Kermadec reprend les critères des personnes qu’elle reçoit en consultation, cela implique qu’elle ne rencontre pas nécessairement les adultes surdoués qui vont bien. Elle rencontre également des adultes qui ont réussi professionnellement mais qui sont passés à côté de leur vie, car ils ne savaient pas qu’ils étaient surdoués.
Exposé des défenses mises en place par l’adulte surdoué pour se protéger : le déni de sa douance, la résignation, ne pas prendre de risque, dépendance du regard de l’autre.
Intéressant exposé des évènements de vie qui peuvent être des moteurs à chaque période de la vie.
Lire et relire ça et là, diffusé en petites touches subversives à mon sens , que les personnes et enfants surdoués pensent différemment me pose question. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement? Chacun pense différemment , c’est-à dire que chacun a sa pensée, sa personnalité, sa façon de concevoir les choses et le monde, que l’on soit surdoué ou non. Inculquer aux enfants précoces qu’ils pensent différemment me semble dommageable, voire très dommageable. Si l’on m’avait dit cela après mes tests de QI lorsque j’avais 8 ans , je pense, je suis sûre que cela m’aurait beaucoup angoissée. Ma mère n’a rien dit, rien fait et c’est sans doute une meilleure chose que si elle m’avait dit que je pensais différemment….je crois que cela m’aurait donné une image déformée de moi-même et je n’aurais pas pu être bien avec les autres et avoir des amis. Bien sûr les enfants surdoués ont des réflexions philosophiques (parfois ou souvent), bien sûr ils vont très vite, (parfois ou souvent), bien sûr ils calculent très vite (parfois ou souvent), bien sûr ils ressentent fort les évènements, (parfois ou souvent). Leur éducation n’est pas simple, mais si on leur inculque cette idée d’état de différence extrême de pensée, il sera encore moins simple de les guider dans ce monde qui n’est déjà pas toujours facile pour eux. Dans un article j’ai même lu qu’aujourd’hui leur éducation était pensée sur le même plan que les enfants déficients ou autistes…il faut raison garder…l’éducation des enfants surdoués est mille fois plus facile que ces enfants précités. On ne peut vraiment pas mettre sur le même plan les enfants déficients et autistes et les enfants EIP. Au sujet de la pensée en arborescence , j’ai réécouté très attentivement l’intervention du Pr Michel Habib dans le premier congrès virtuel de la précocité (mai 2011) . La pensée en arborescence est une invention non scientifique, qui est calquée sur les enfants surdoués qui vont mal . Plus précisément : comment étayer une théorie avec des enfants que l’on voit en consultation , c’est-à-dire des enfants qui sont en difficulté , voire en grande difficulté. Il faut bien définir ce que veut dire « mode de pensée différent ». les personnes surdouées hiérarchisent également leurs idées , peuvent avoir un traitement cognitif séquentiel . C’est l’apprentissage des très jeunes enfants qui leur apprend justement à bien « penser », à hiérarchiser leurs idées, à bien s’expliquer.
Je retranscris l’intervention du Professeur Michel Habib , neurologue à La Timone à Marseille au premier congrès virtuel de la précocité (mai 2011).
Neurologie de la précocité intellectuelle
« Résumé du point de vue scientifique sur les particularités du cerveau des enfants et adultes précoces avec plusieurs méthodes :
Méthodes Electrophysiologiques : Elles montrent que le cerveau des personnes précoces fonctionne plus en cohérence, les différentes parties du cerveau sont probablement plus en relation les unes avec les autres. D’où l’idée au départ d’une intelligence qualitativement différente et d’une intelligence en arborescence qui s’opposerait à l’intelligence standard qui serait une intelligence à succession d’évènements . Mais cela est battu en brèche par l’IRM fonctionnel.
IRM fonctionnel : l’imagerie fonctionnelle cérébrale apporte une contradiction à cette idée en arborescence montrant que certaines zones différaient de façon significative , les zones frontales et pariétales.
Comparaison de deux groupes : surdoués QI > 130-135 et non surdoués avec l’IRM
La comparaison des zones qui sont impliquées dans la notion de précocité montre une particularité fonctionnelle mais dans le sens d’une accentuation du fonctionnement de certaines zones, frontales et pariétales. Il ne s’agirait pas d’une particularité globale de fonctionnement du cerveau des précoces.
Imagerie morphologique : La substance blanche est constituée de fibres, elle est mesurée finement par la méthode DTI , l’organisation de ces fibres chez les précoces a une plus riche connectivité dans les lobes frontal et pariétal. L’approche négligée mais intéressante est d’observer les patterns des circonvolutions sur la surface du cerveau ; on a montré que dans les familles de précocité intellectuelle mais avec aussi des cas de dyslexie, il existe aussi ces particularités du cerveau morphologiquement différentes ; ces différences d’anatomie du cerveau sont présentes dès la naissance, donc c’est constitutionnel.
Enfant précoces ayant unehétérogénéité de leur profil cognitif, avec des difficultés d’appprentissages associées à la précocité : précocité + troubles dys, (dyslexiques, dyspraxies) est assez fréquente.
M. Noelle Magnier de Nice a montré dans une étude qui utilise les potentiels évoqués, que les enfants qui ont profil inhomogène ont un fonctionnement électrique différent que ceux qui ont un profil homogène. Les profils hétérogènes avec supériorité de la fonction verbale se reposent sur leur hémisphere droit.
Les méthodes IRM sont prometteuses et sous utilisées comme moyen de compréhension du fonctionnement des précoces , l’avenir apportera des informations très importantes. »
En conclusion l’idée que les enfants surdoués et adultes surdoués penseraient différemment , dans tous les sens, de façon anarchique est un concept qui est faux. Ce concept est à manier avec une grande précaution. Ce d’autant plus qu’il ne reflète pas la réalité de nombreuses personnes surdouées.
Un article passionnant de Arielle Adda qui explique que le sens de l’effort est indispensable pour réussir la scolarité ; je n’ai rien à y ajouter car il explique très exactement ce que nous avons observé ( la grande déception à l’entrée en maternelle, le jeu (notre fils aîné disait « je joue à l’école, et je travaille à la maison ), nous avons évité « le piège de la facilité » par les sauts de classe, fort heureusement…:
« On s’étonne toujours de voir des enfants manifestement très intelligents en échec scolaire. les causes en sont multiples, les découvrir permet d’aider ces enfants en perdition…. »
Réflexion au sujet de l’émission de hier « d’Envoyé Spécial » du 16.06.2012
Un peu moins de parti pris négatif pour cette émission si on compare aux « envoyé spécial » sur le sujet que j’avais déjà vus, il y a bien longtemps, mais quelques petites phrases maladroites par ci par là. Malheureusement ils ont filmé ,pour le suivi à l’âge adulte , des enfants surdoués qui avaient passé le bac à 14 ans…comme si c’était la seule norme ! Donc on est assez près de la caricature.
Benjamin QI, 148, un sur mille, le directeur s’est opposé à son saut de classe…on voit qu’il s’ennuie, il ne fournit aucun effort, ce qui risque de poser problème dans les plus grandes classes au lycée et à la fac…sa mère dit qu’il doit prendre son mal en patience…on attend la suite … Il raconte bien comment il a été harcelé à l’école, surtout en primaire.
La journaliste signale bien que l’intelligence de Benjamin passe inaperçue (on entend presque son soupir de soulagement …).
La souffrance de Gaël est diffficile à supporter. On dirait que la journaliste pense que c’est le fait de savoir qu’il a un haut QI qu’il l’a mis mal à l’aise ?…alors que très souvent les jeunes sont soulagés d’apprendre leur QI et d’enfin mettre un mot sur leurs maux. Vraisemblablement c’est le décalage avec les jeunes de son âge qui font ressentir sa différence . De toutes façons , la différence il faut l’accepter…
Samuel Sené vit bien sa vie professionnelle de chef d’orchestre. Il explique bien que trop d’années d’avance entraînent un trop grand décalage.
Jean dubé « le petit mozart niçois » présenté sous son plus mauvais profil, quasiment comme un musicien has-been vit chez sa mere . Par curiosité, je regarde son wikipédia, et je lis qu’il est effectivement extrêmement doué, même s’il vit une traversée du désert passagère qui n’a rien d’étonnant dans le monde artistique. Sa mère est présentée comme une caricature de la mère de surdoués…Elle l’a enlevé de l’école…Personne ne trouve rien à redire au sujet de l’attitude du père de Mozart…
Quant à Pejman , c’est le vrai artiste !
Ce reportage a quand même le mérite d’avoir filmé des surdoués à quelques vingt années de décalage.
Les surdoués à l’honneur ces derniers jours ou …au déshonneur. Plusieurs reportages ou articles récemment au sujet de la douance nous montrent des personnes à haut potentiel adultes ou adolescents en souffrance ou en grand désarroi.
http://www.lemonde.fr/vous/article/2012/05/14/les-maux-inavoues-des-adultes-surdoues_1700385_3238.html
Dans cet article du monde , la surdouance est un « mot barbare » ! Il va sans dire que je ne partage pas cet état d’esprit nihiliste et déprimant qui n’est dû qu’au regard porté sur les surdoués . Ne vit-on que par ce regard ? Comment ne pas comprendre plutôt que c’est une chance si on sait la saisir, si surtout les parents des petits précoces la détectent assez tôt , si l’entourage est bienveillant ? C’est trop demander sans doute à la lumière du reportage suivant.
Reportage hier soir en fin de journal de France 2 (avancer à la 28 e minute ). Le reportage démarre par une histoire incroyable que raconte ce jeune qui a été humilié par un enseignant. Eh oui , cela se produit encore…un enseignant l’a mis au milieu des autres et a dit « voilà un surdoué « . Dans ce cas , le déshonneur va à cet enseignant. Cela parait incongru , mais cela s’est passé. Imaginons un enseignant dire « voilà un …myope » , » voilà un …blond » , « voilà un …sourd » ou que sais-je encore. Pour cette dernière phrase on ne l’accepterait pas. L’enseignant aurait été blâmé pour faute professionnelle. Mais un surdoué, allons-y , on peut dire n’importe quoi … On sait que l’on ne craint pas grand chose. C’est comme cela que l’on crée de toutes pièces ce « malaise des surdoués » qui autrement n’existerait même pas. Pour un enfant myope, on donne des lunettes, pour un enfant blond, c’est encore acceptable, même si l’enseignant n’aime que les bruns…pour un enfant sourd, on se préoccupe de son éducation avec des méthodes adaptées . Mais un enfant surdoué , là c’est insupportable.
Malheureusement , cet enseignant n’est pas le seul à agir de la sorte. En 6 e, mon fils aîné a rencontré une enseignante qui l’a stigmatisé en le regardant mais sans le nommer, en disant , « il y a des surdoués qui n’ont même pas que des 20 ! ». Bien sûr, il faisait bien attention de ne jamais être le premier. Nous avons dû le changer d’école en cours d’année.
Certains enfants surdoués peuvent vouloir éviter l’école, qui est la source de leurs ennuis pour une part . Il faut toujours essayer de les maintenir à l’école le plus possible malgré les difficultés.
Cet article est intéressant mais je ne suis pas d’accord sur plusieurs points importants, car il ne montre pas la réalité de tous les surdoués..
Parler de « symptômes » de la douance est inadapté, il faudrait plutôt parler de caractéristiques. Mais il existe tellement de différences entre les personnes surdouées qu’il est très complexe de les définir.
Il est dit dans cet article que « L’enfant est en décalage avec son évolution physiologique, affective, psychomotrice »
Ceci n’est pas toujours vrai. Certains surdoués sont au contraire très très en avance sur le plan affectif et psychomoteur. La dyssynchronie peut se produire mais n’est en aucun cas une généralité.
La première personne à parler de surdoué pour mon fils ainé a été la professeur de piano. Il avait dessiné la clé de sol à 4 ans parfaitement, et elle n’avait jamais vu ça.
Mais il est vrai qu’une proportion de personnes douées se montre gauche et malhabile dans les gestes de précision, dans leur manière de marcher, comparé à leur niveau intellectuel. Mais ce ne n’est pas la réalité pour tous les surdoués. D’ailleurs il serait intéressant de tester le QI des sportifs de haut niveau.
« Que penser des classes réservées aux surdoués ? »
De mon expérience, nous avons testé ces classes une année, cela a été une catastrophe. Concentrer ces enfants, les laisser entre eux , n’est pas, à mon avis, toujours bénéfique. C’est concentrer les problèmes et les exacerber. Une expérience en Allemagne est relatée dans le livre de G Weigand et R Hess « la relation pédagogique ». Leur expérience a été difficile également, pour les enfants et les enseignants. Ce n’est pas leur apprendre ce qu’est la vraie société et, à un moment, il leur faudra bien réintégrer les classes « ordinaires ». Ce peut être une solution de la dernière chance, pour des enfants en très grande souffrance mais certainement pas pour des enfants testés « juste pour savoir qu’ils sont doués », et qui vont relativement bien dans leur système scolaire.
Il n’y a pas d’idéal, chacun agit selon le cas spécifique, le contexte scolaire et l’environnement familial. Il vaut mieux dans un premier temps discuter avec les enseignants de façon très discrète et mesurée.
Dans notre cas, nous avons toujours très peu parlé aux enseignants de la douance, car cela s’est mal passé à chaque fois. Aujourd’hui, il semble que cela soit plus possible, car les enseignants sont plus informés, notamment grâce au travail des associations. mais ce n’est pas toujours le cas. parler de la précocité de son enfant avec l’enseignant peut être mal perçu., car perçu comme étant de la prétention.
Excellente émission que je vous recommande pour bien comprendre les enfants doués qui sont en difficulté scolaire. Très bonne discussion au sujet du QI, autour de l’enseignement, autour de la santé. Elle date de 2009 mais est toujours d’actualité. elle dure 60 mn mais vaut la peine d’être écoutée jusqu’au bout.
Olivier Revol explique que les fillettes se suradaptent. Cela est vrai, en général, sûrement plus que les garçons. Pour mes enfants, je l’ai remarqué aussi, ma fille était nettement plus scolaire que ses frères. Eux ne travaillaient que ce qui les intéresse, et encore.
Mon dernier fils était très « dynamique », toujours en mouvement, et je rassure les parents , cela s’est passsé avec l’âge. Il ne faut pas confondre avec l’hyperactivité. Quand il jouait aux échecs, il stoppait tout mouvement et savait se concentrer d’une façon étonnante.
Personnellement j’étais toujours en mouvement,très souvent punie, très espiègle parce que je voulais rire et je faisais rire les enfants de la classe, parce que je m’ennuyais. Sur le papier de la visite médicale, j’avais lu qu’il était écrit « nervosisme ». En CP, une mauvaise image de moi m’était donnée parce que je savais lire avant les autres. Je me souviens de ce CP comme si c’était hier…Alors que d’autres personnes plus bienveillantes auraient pu apprécier cette vivacité d’esprit, ce fourmillement d’idées, cet enthousiasme. je me souviens qu’à 5 ans , je tricotais des vêtements pour mes poupées. J’ai passé le QI à 8 ans , en étant très peu concentrée, personne ne m’avait expliqué ce que c’était. Je vivais dans un chaos familial et cette « agitation » a été confondue avec une conséquence des difficultés de l’environnement familial. Je suis la preuve vivante que l’environnement ne crée pas la douance.
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