Archives de catégorie : Réflexions

Amour et douance

Plusieurs questions au sujet de la vie de couple sont posées sur le site et par mail et je vais tâcher de donner mon ressenti brièvement mais chaque cas est unique ! Beaucoup d’adultes surdoués se questionnent au sujet de l’amour. Est-ce vraiment plus difficile de s’aimer et d’être amoureux lorsque l’on est adulte surdoué. ? Faut-il rencontrer « forcément » un ou une autre surdoué ? Faut-il en parler ? Difficiles questions, sans réponses évidentes, je le crains. Etre surdoué implique que les sentiments et émotions sont exacerbés, alors oui c’est plus difficile, mais en même temps c’est plus beau, plus intense. La passion pourra être destructrice, on est très souvent très déçu par « l’autre » parce que l’on est si exigeant, on attend tellement. Ce que l’autre ne peut pas donner. Cela peut se passer aussi dans les couples non surdoués mais comme les personnes surdouées sont souvent dans le « trop », elles aiment « trop » aussi, ou l’autre ne les aime pas « assez ». Les personnes surdouées ont une envie d’absolu certaine dans tout ce qu’elles entreprennent, et dans l’amour aussi, forcément.

Aimer un autre surdoué ou non, franchement cela ne doit pas être mis en avant, selon moi. Il est évident que l’on s’attire par le physique mais surtout par les affinités. Et évidemment on va vers un autre qui nous ressemble un peu au niveau des conversations, des centres d’intérêts. Et souvent on « tombe » sur notre moitié « surdouée » elle aussi….ou pas… Mais, avoir dix points ou 20 points de QI en plus ne doit pas être LE sujet de discussion dans le couple. Toutefois il me semble que ne pas parler du tout dans la relation de couple de la douance de l’un ou de l’autre (ou des deux) est difficile, mais il faudrait en parler comme quelque chose de banal, comme on prend un sucre dans le café, que l’on aime le sport chaque matin ou lire le soir. J’ai même rencontré des couples dans lesquels, l’un des deux est à haut potentiel, l’autre non, et cela a été préférable, pour que la vie soit possible. Car deux surdoués ensemble, cela peut faire des étincelles ! Et des petits surdoués…

Conclusion, vous l’aurez compris, il n’y a pas de règle, à mon humble avis.

La seule chose importante à mes yeux, c’est d’avoir aimé, au moins une fois dans sa vie, et surdoué ou pas, peu importe ! comme l’écrit si bien  Musset :

« La vie est un sommeil. L’amour en est le rêve. Et vous aurez vécu si vous avez aimé. »

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L’esprit scientifique ?

Réflexion suite à l’écoute de l’émission de la tête au carré de France inter, « La précocité intellectuelle de l’enfance à l’âge adulte »

Enfin , à la 19 e minute,  J. Siaud-facchin reconnait que tous les surdoués ne vont pas mal…Car dans le début de l’émission , on pensait que la description des surdoués était prise à partir des personnes qui consultent…ce qui implique que le biais des conclusions est évident :  pensée qui va dans tous les sens, impossibilité de suivre une conversation et j’en passe… je rencontre et j’ai des témoignages au contraire de gens à haut potentiel posés, de personnes qui réfléchissent, de gens qui ont  de la suite dans les idées , même s’ils en ont beaucoup (d’idées).  Quand on écoute ces deux spécialistes, on a l’impression que les surdoués ne sauraient pas réfléchir  ! Alors qu’ils analysent vite et qu’ils ont beaucoup d’intuition…

QUELLE TRISTESSE

A relire pour mieux comprendre les enjeux d’affirmations  » peu scientifiques » extraites de réflexions issues de cabinets de psychologie, c’est-dire touchant une population ciblée de personnes un peu  « détruites » par le système  scolaire, familial ou social.

l’article du 8.10.2012  Comment pensons-nous?

et l’article du 17.09.2012  Penser différemment, à manier avec précaution

ma conclusion de cet article :

En conclusion l’idée que les idées des enfants surdoués et adultes surdoués penseraient différemment , dans tous les sens, de façon anarchique est un concept qui serait faux. Ce concept est à manier avec une grande précaution. Ce d’autant plus qu’il ne reflète pas la réalité de nombreuses personnes surdouées.

 

j’ajoute que ce lien avait été l’objet également d’une discussion sur doctissimo :

http://forum.doctissimo.fr/famille/enfants-precoces-surdoues/propos-pensee-arborescencesujet_4044_1.htm

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« Petite Poucette » de Michel Serres 2012

Une réflexion au sujet du livre de Michel Serres  :  Petite Poucette ( le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer : une manière de vivre ensemble, des instit), 2012, éditions Le Pommier, à l’heure où certains enfants manipulent à l’école des tablettes et autres nouvelles technologies.

 

Je rappelle l’article que j’avais écrit à ce sujet

cliquer sur :

 

Et quelques extraits de l’article de Julien Gautier qui vous donneront peut-être l’envie de lire l’article en entier :  » Petite Poucette : la douteuse fable de Michel Serres | Revue Skhole.fr http://skhole.fr/petite-poucette-la-douteuse-fable-de-michel-serres    seenthis

C’est bien une sorte de conte, une histoire fabuleuse, comme le suggère le titre du livre, que Michel Serres nous propose, et c’est ce qui rend tout d’abord ce petit livre sympathique et enthousiasmant, et explique sans doute son succès : on aimerait y croire, alors que tant d’autres essais et débats ne cessent de nous annoncer au contraire le déclin, la catastrophe, la crise, etc. Mais cet ouvrage relève aussi, nous semble-t-il, d’un dangereux fantasme, dangereux en ce qu’il fait systématiquement l’impasse sur tous les aspects négatifs ou ambivalents des évolutions en question, produisant ainsi une sorte d’illusion idéologique conduisant à justifier l’état des choses en toute bonne conscience… »

… »Du point de vue de la stratégie des industriels, la logique marketing s’est certes sophistiquée mais elle obéit toujours au principe de la captation du « temps de cerveau disponible »[13], et les visées fortement capitalistiques des géants de l’Internet ne sauraient être négligées, comme en témoignent notamment les inquiétudes fondées des militants de la « neutralité » du Web. Il est à ce titre significatif, au delà de l’anecdote, qu’au moment même où M. Serres célèbre l’émancipation nouvelle de Petite Poucette grâce aux vertus de ses multiples prothèses numériques, les dirigeants des « Big Four » choisissent d’envoyer leurs propres enfants dans des écoles déconnectées…… »

… »En quelques pages, le raisonnement de Serres liquide un à un les éléments constitutifs de l’enseignement : nul besoin désormais d’école, ni de maîtres, ni même d’acte de transmission, puisque tout le savoir est aujourd’hui immédiatement disponible, extériorisé dans des bases de données numériques et accessible en permanence par le réseau. Ainsi, M. Serres écrit p. 21 : « Que transmettre ? Le savoir ? Le voilà, partout sur la Toile, disponible, objectivé. Le transmettre à tous ? Désormais, tout le savoir est accessible à tous. Comment le transmettre ? Voilà, c’est fait. (…) D’une certaine manière, il est toujours et partout déjà transmis. » A la limite, il n’est même plus besoin de l’apprendre, de l’intérioriser pour le connaître, puisqu’il suffit d’en disposer virtuellement, de pouvoir s’y connecter quand on en a besoin ; et la tête, qui a ainsi moins que jamais besoin d’être « pleine » n’a même plus besoin d’être « bien faite », dans la mesure où, selon Serres, les principales facultés de l’esprit (mémoire, imagination et même raison) peuvent être désormais entièrement déléguées aux machines externes qui les assurent de manière toujours plus efficace[16]. Que peut-il bien rester dans cette tête ainsi vidée non seulement de son contenu mais aussi de ses facultés ? »…

… »Ainsi, « apprendre » à lire et à écrire – enjeu central de la scolarité obligatoire des enfants – consiste à la fois dans l’acquisition de savoir-faire élémentaires mobilisant la main et l’œil, dans la construction d’un rapport réflexif global au langage et aux signes[25], et dans l’ouverture critique à des formes multiples de discours et de représentations portées par un vaste corpus d’œuvres écrites[26]. Peut-on sérieusement imaginer qu’il soit possible à chacun d’apprendre tout cela efficacement par soi-même, avec une connexion Internet et quelques logiciels ? »…

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malentendus = échec scolaire ?

 

Les malentendus des consignes à l’école.

Le problème de la compréhension des consignes à l’école est un thème largement débattu. Lorsqu’il concerne les enfants précoces, ce problème se corse et on tombe très vite dans des situations très amusantes mais qui peuvent avoir des conséquences beaucoup moins amusantes…l’enfant obtient un zéro…ou plusieurs 0…la maîtresse dit aux parents que vraiment cet enfant ne comprend rien de rien et que bien évidemment il ne peut en aucun cas sauter une classe ! pensez ! il ne comprend pas des consignes très simples !

Il ne s’agit pas d’un problème de compréhension ou d’échec scolaire comme on l’entend souvent , mais d’un problème de précision extrême.
Je vais prendre des exemples pour comprendre les nuances :

un exemple personnel, d’abord. Je me souviens que mes deux aînés avaient toujours des notes basses aux opérations « à trous » en CE1, si je me souviens bien. Ils se trompaient tous les deux exactement de la même façon ! Ce genre d’opérations est adapté pour apprendre et comprendre le sens de la soustraction. Comme ils avaient déjà compris depuis un moment la soustraction, ces opérations « à trous » ne leur convenaient pas du tout !  Cela déconstruisait leur logique acquise de la soustraction , alors que ces exercices étaient adaptés à la majorité des enfants de la classe. Ils savaient par ailleurs parfaitement faire les soustractions posées ou de tête. Je précise que mes aînés avaient de mauvais résultats uniquement dans ces opérations « à trous » :

Dans ma scolarité que je raconte brièvement dans chemins de traverse, en CE1, j’ai aussi un exemple de parole prise au pied de la lettre chemins de traverse (bas de la page).

Autre exemple très concret, un enfant vient montrer à sa maman son évaluation de lecture, à la question : « le loup s’occupe-t-il bien de ses petits ? » il répond « non » et obtient 0 à la question.
Dans le texte, pourtant il a souligné la réponse à la question. Quand la maman le fait remarquer, il répond très intelligemment : « non, dans le texte, il est marqué que la LOUVE s’occupe bien de ses petits et la question demande si c’est le LOUP qui s’en occupe bien ! »
Comment expliquer à l’enseignante qu’il a bien répondu à la question posée avec une très grande précision et une connaissance des subtilités du langage. Il est donc très anormal qu’à cette question , l’enfant ait 0 alors qu’il a parfaitement compris le texte lu. Dans ce cas précis , sa note ne reflète PAS DU TOUT son niveau de compréhension. Il est logique qu’ensuite il ne comprenne pas sa note , s’énerve et se dise « A quoi bon l’école ? » La démotivation peut arriver très vite si les malentendus se répètent souvent. et le pire c’est que s’il a souvent des 0…alors on dit : cet enfant est en échec scolaire ! alors qu’il s’agit d’une non compréhension de la part des adultes de sa trop grande précision ! c’est un comble !
Pour les parents il faut bien prendre le temps de décortiquer les résultats et de comprendre ce que l’enfant a fait et compris dans ses exercices et toujours relativiser les notes. Dans ces conditions, l’échec scolaire au sens où on l’entend généralement doit être relativisé également ! Si échec scolaire , c’est avoir 0 ! mais des 0 à foison obtenus dans ces conditions ne sont pas un vrai échec scolaire, c’est l’évidence…

Je mets un lien vers la page du blog cheval à rayures qui parle de ce sujet, et surtout l’intervention de fridou que je me permets de recopier :

« ils avaient travaillé sur les animaux polaires; en évaluation, la maîtresse leur avait donc donné une feuille avec des des images d’animaux, et ils ne devaient colorier que les animaux polaires. Lilian l’avait fait, sauf pour un; la maîtresse lui demande donc : « Et l’ours, tu ne le colories pas ? – Ben non, parce que si je le colorie, il ne sera plus blanc, donc ce ne sera pas un ours polaire !!!! ».

http://www.le-cheval-a-rayures.fr/2013/07/29/les-ehp-et-les-consignes/

CQFD

Merci aux mamans de raconter ces anecdotes très emblématiques.

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Créativité

Dans le systéme scolaire la créativité est peu encouragée. Les notes à l’école reflètent un niveau de base de connaissances générales et une capacité de synthèse. Ces connaissances sont d’ailleurs très utiles, mais on demande peu de créativité à l’école, dans le meilleur des cas,  car elle est parfois sanctionnée ! Certains enfants doués et peu scolaires sont souvent des enfants très créatifs. Mais l’école ne prend pas en compte cet aspect de leur intelligence. Or dans la vie professionnelle, et dans la vie , la créativité est essentielle. Un entretien de Todd Lubart avec Joëlle Aden et Enrica Piccardo, enseignants-chercheurs,  à Paris le 20 octobre 2009 traite de ces questions passionnantes et toujours d’actualité. Todd Lubart est professeur de psychologie à L’Université Paris-Descartes et auteur avec Mouchiroud, Tordjman, Zenasni de l’ouvrage « Psychologie de la créativité »(2003).

Extrait :
« JA et EP
Dans votre ouvrage Psychologie de la créativité vous parlez d’une dimension
cognitive de la créativité, pourriez-vous préciser ce que vous entendez par là ?
TL
Quand on parle de la cognition créative, on évoque l’idée que certains types de
traitement de l’information, certaines capacités de traitement de l’information
s’appliquent plus spécifiquement à la recherche de nouvelles idées. Au cours
des cinquante dernières années, de nombreuses recherches dans la littérature
scientifique ont identifié un certain nombre de capacités cognitives. Ces
capacités cognitives apparaissent peu dans les tests classiques d’intelligence,
cependant, certaines d’entre elles, comme le facteur général d’intelligence ou
des connaissances générales sur le monde – sont également sollicitées dans des
productions créatives.
Quand on parle de cognition créative, on parle de capacités cognitives plus
spécifiques qu’on peut mesurer mais qui sont relativement peu sollicitées à
l’école ou peu mesurées dans des bilans intellectuels classiques. La pensée
divergente est un bon exemple, elle a un rôle important quand on cherche
à avoir un maximum d’idées très diverses et elle témoigne d’une certaine
flexibilité de la pensée lorsqu’il s’agit d’explorer un thème ou un problème
dans des directions différentes.
On peut comparer pensée divergente et pensée convergente. La pensée
convergente cherche une seule bonne réponse, la réponse « optimale ». A
l’école c’est souvent la réponse qui est connue par l’enseignant. La pensée
divergente peut être développée par des exercices et dans certaines recherches
on constate que plus on cherche des idées éloignées de la norme, plus on a une
probabilité de tomber sur une idée différente de ce que les gens trouvent de
façon spontanée. C’est tout à fait normal car quand on pose un problème ou une
question, la plupart des gens sollicitent des connaissances qui sont rapidement
accessibles, il s’agit là des idées qui sont connues, partagées socialement. Par
exemple, si on dit chien beaucoup de gens vont dire chat, mais si on commence
à chercher des dizaines de mots associés au mot chien on va bientôt tomber
sur des associations plus idiosyncrasiques, plus originales, moins connues,
qui peuvent être source d’idées originales et créatives. C’est un exemple de
processus cognitif qui peut être sollicité dans des épreuves classiques….

…JA et EP
Toujours dans ce même ouvrage, vous mentionnez à plusieurs reprises le lien entre
créativité et émotions, pourriez vous définir la nature des facteurs émotionnels
et leur valeur en relation à la créativité ?
TL
On prête une attention croissante aux aspects émotionnels impliqués dans la
créativité, et typiquement on évoque d’une part les états émotionnels transitoires :
on peut être de façon ponctuelle dans un état plutôt positif ou négatif, plus
ou moins intense. D’autre part, nous évoquons également les caractéristiques
stables sur le plan émotionnel, comme des traits émotionnels de personnalité.
Certaines personnes prêtent plus d’attention ou donnent plus d’importance à
leur vie émotionnelle que d’autres. Certaines personnes vivent leur émotions
plus intensément que d’autres, elles vivent une vie émotionnelle plus riche, plus
idiosyncrasique et il y également des personnes qui ont ce qu’on appelle une
intelligence émotionnelle développée, qui savent reconnaître et utiliser leur
intelligence au profit des émotions ou des informations émotionnelles.
Il y a de plus en plus de recherches sur ces thèmes. On sait qu’il y a des
interactions entre des caractéristiques stables émotionnelles comme le niveau
d’implication d’une personne, son état émotionnel et ses productions créatives.
Il y a certains liens avec la motivation : être dans un état émotionnel peut
focaliser des énergies parce que l’acte créatif est potentiellement un moyen
d’évacuer une énergie émotionnelle dans un travail productif….»

intégralité du  PDF   cliquez sur   entretien Todd Lubart

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traumatismes et surdoués

traumatismes et surdoués

Les personnes surdouées étant hypersensibles pour la plupart, sont-elles plus facilement sujettes aux traumatismes ? A ma connaissance , peu d’études traitent de ce sujet. Evidemment je ne connais pas tout…Si on en croit Muriel Salmona, (et mon expérience) les professionnels sont déjà peu formés au sujet des psychotraumatismes, alors pour s’intéresser aux surdoués traumatisés …il ne faut pas trop en demander…

Le commentaire de Bleuenn me pousse à écrire un article sur ce sujet et à porter votre attention sur le site extrêmement bien fait du DR Muriel Salmona http://memoiretraumatique.org/ ,

que je vous encourage à lire si vous avez été traumatisés. Les traumatismes sont variés, ils incluent toutes les violences, que ce soit les violences éducatives, les violences physiques, sexuelles ou les violences dûes à des circonstances dramatiques (maladies, deuils). Dans ce site , les mécanismes sont très bien expliqués (explications humaines et neuroscientifiques) et l’espoir est présent.  

Pour répondre à Bleuenn au sujet de la non reconnaissance par les parents de la douance, il s’agit d’un réel traumatisme qui touche à l’identité. Les parents sont les premières personnes qui vous donnent votre identité, ils ont un premier regard posé sur vous. Ne pas reconnaitre la douance de son enfant , c’est comme ne pas reconnaitre sa couleur de cheveux . Aucun parent ne dit « il ou elle est blonde » alors que très visiblement l’enfant est brun. Il ne faut pas s’étonner ensuite que l’enfant ne sache plus très bien s’il est blond ou brun… ne pas reconnaitre la douance de son enfant et s’étonner , se plaindre ensuite que l’enfant ne réussisse pas est d’une violence inouïe. L’enfant n’a pas eu les apprentissages nécessaires au bon moment (comme tous les autres enfants ), et  il a mis en place des stratégies inadéquates pour contenter ses parents , c’est à dire « ne pas être surdoué (e)». Il est facile de comprendre que l’on ne peut vivre comme cela , en niant son identité.

Comme l’écrit Muriel Salmona, il faut faire des « retrouvailles avec soi-même ».

Je peux parler de mon expérience personnelle, surdouée et ayant subi pas mal de traumatismes (enfance, aplasie médullaire…). Il me semble que les traumatismes ont un impact plus grand sur moi, mais à bien y réfléchir, si une personne non surdouée les avait subis , elle aurait aussi eu des difficultés…MAIS  je crois que d’être surdouée permet de surmonter les traumatismes plus facilement. Les surdoués mettent en place à mon avis des mécanismes de sauvegarde encore plus exceptionnels et élaborés. C’est un avis tout personnel qui n’a rien de scientifique ! cela donne une touche d’espoir à Bleuenn, mais il faut du temps…

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Quand une psychanalyste rend les mères responsables de l’autisme.

Pour continuer sur l’autisme  , un article de Rue 89,  me révolte au sujet du documentaire  Le mur de Sophie Robert

 

 

Cet article m’agace car il fait écho à ce que j’ai vécu également avec la précocité de mes enfants  , 

« c’était de notre faute  » !  (et surtout de la mienne d’ailleurs…).  Bien évidemment , on ne peut comparer la souffrance  ressentie entre avoir un enfant surdoué et un enfant autiste.  mais parfois les conséquences  peuvent être aussi douloureuses pour les enfants surdoués lorsque la précocité n’est pas prise en compte.  (dépression, phobie scolaire…qui ne sont pas de petits problèmes ! ).  Le mécanisme de pensée est le même !  rejeter la faute sur le ou les parents alors qu’il s’agit de trouble    » inné « .

 
http://www.rue89.com/2012/01/26/autisme-le-documentaire-le-mur-condamne-par-la-justice-228785
 

En  France certaines personnes continuent le déni ,  continuent de croire les psychanalystes lorsqu’ils rejettent les causes de l’autisme sur les mères.

 

Extrait du PUF de Psychologie

Chapitre 3     les troubles du développement de l’enfant

E    troubles envahissants du développement.

l’expression trouble envahissants du développement reflète l’impact d’un trouble qui se manifeste précocement et touche toutes les fonctions de base entraînant d’autres perturbations en cascade. Dans le DSM quatre, les troubles envahissants du développement regroupent le trouble autistique, le syndrome de Rett, le trouble desintégratif de l’enfance, le syndrome d’Asperger et le trouble envahissant non spécifié. Cet ensemble de troubles est hétérogène par le degré d’altération, par la présence de troubles associés (déficience intellectuelle, épilepsie ou troubles du comportement). Le nombre d’enfants diagnostiqués comme ayant un trouble envahissant du développement a beaucoup augmenté ces dernières années grâce à une meilleure connaissance des symptômes, de la définition et à un dépistage plus efficace.

 Autisme infantile CIM 10 F84.0    trouble autistique DSM IV 299.00   autisme infantile precoce   Kanner(1943 )  CFTMEA R2000 1.00

décrit pour la première fois par KANNER 1943 sur un groupe de 11 enfants, l’autisme se caractérise par trois types de perturbations (triade autistique) : anomalie qualitative de l’interaction sociale, anomalie qualitative de la communication et intérêts restreints avec comportements  répétitifs et stéréotypés.


c étiologie

l’étiologie mettant en cause les parents, l’autisme étant conçu comme une réaction à un environnement hostile, est actuellement rejeté.

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La violence éducative

La violence éducative

Le livre de Céline Raphaël , « la démesure » met en lumière une réalité de violence éducative , allant jusque la maltraitance. Constatant que son enfant avait  «un don» , comme l’avait fait remarquer un professeur , le père de Céline s’était mis en tête d’en faire une « surdouée » du piano. Très jeune, dès 4 ans, elle a subi des heures et des heures d’apprentissage de piano, jusque 45 heures par semaine à l’adolescence. Cet apprentissage était assorti de maltraitances , de coups si elle faisait une fausse note…bien sûr , cette éducation est démesurée car excessive, et doit être bannie absolument , est-il besoin de le répéter. Céline avait effectivement un « don », et son père , par cet excès s’est chargé de la détourner du piano.

Les parents d’enfants précoces sont souvent accusés de « pousser » leurs enfants … La situation est totalement différente de cette violence éducative décrite dans l’histoire dramatique de Céline Raphaël.  Sans nier ce cas et que d’autres cas puissent exister, malheureusement , les parents d’enfants « doués » en général freinent plutôt leur enfant, ils peinent à le suivre parfois. Les enseignants , les psychologues et intervenants autour de l’enfant doivent veiller à ce que cette violence éducative néfaste ne soit pas à l’origine de bons résultats scolaires ou autres  (musique ou sport, notamment). Mais quand il s’agit d’enfants réellement doués et non poussés, la violence éducative est inversée, c’est-à dire que l’enfant subit un enseignement dans lequel il n’apprend strictement rien, comme subir un CP par exemple s’il sait déjà lire. Cela est une violence éducative également. Comme dans tout domaine , les excès sont à bannir absolument. Mais , ne pas encourager un enfant réellement à haut potentiel à travailler, sous prétexte qu’il doit « vivre son enfance » n’est pas pertinent, car son bonheur et son avenir peuvent être compromis. L’enfant doit apprendre l’effort, mais un effort mesuré en fonction de son âge et de son potentiel,  toujours dans la bienveillance.

Je vous encourage à relire à ce sujet l’excellent texte d’Arielle Adda  « le sens de l’effort ».

 

résumé du livre     »La démesure »  de Céline Raphael   (Max Milo éditions)

« Céline est privée de nourriture, battue des années durant, enfermée. Elle craint chaque week-end pour sa vie, travaille, travaille encore, pour briller et jouer les pianistes prodiges en gardant le secret sur l’horreur de sa vie familiale. Et autour d’elle, un silence assourdissant. Comment suspecter l’horreur de la servitude sous les atours de l’excellence ? L’exigence absolue de la perfection qui devient justification de tous les excès et de tous les abus et qui mystifie l’entourage d’autant plus facilement que cette esclave n’est pas affectée à une tâche de souillon mais à une production artistique réservée aux élites ? ’  daniel Rousseau

C’ est un parcours hors-norme, qu’elle raconte pour lever le tabou de l’enfance maltraitée. 

 

 

France 2 130123 la démesure par nado1244

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Le médicament existentiel

Grâce à Anaïs , j’ai relu le très beau témoigange de Philippe sur la page  Les adultes surdoués..A relire sans modération.

 

« Bonjour à toutes & tous…
Je suis un « drôle de zèbre » de 50 ans : en lisant vos témoignages, je constate que nos questionnements finissent tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, par converger. Je n’ai pas plus de réponses que vous, mais mon histoire, mes parcours m’ont appris à ne plus remettre à qui que ce soit, les rênes de mon existence. J’ai vu bien des psys et bien des médecins, au cours de ma vie. J’en ai entendu des diagnostics et des interprétations …

la suite  Les adultes surdoués

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agitation ou insolence

Parfois les enseignants ou les intervenants auprès des enfants surdoués ne semblent pas supporter leur agitation ou leur insolence. Ils qualifient ainsi cela de pathologie …, sans réellement mesurer les ravages d’une telle désignation  sur l’enfant précoce et sur son avenir.

Parfois , bien sûr, certains enfants surdoués peuvent être aussi hyperactifs. Dans ce cas , il faut faire les tests qui détectent l’hyperactivité et le déficit d’attention, et les différencier de la non motivation.

Je me suis souvenue de ce texte d’Arielle Adda datant de 2000 :

(texte que je n’avais pas encore placé dans  la page  publications, avec l’approbation de l’auteur)

QUAND L’ENFANT DOUÉ EST QUALIFIÉ  » D’AGITÉ  »
Arielle ADDA – Juillet 2000

« Depuis quelques années un comportement agité, qu’on aurait autrefois appelé « instabilité », très fréquent chez nombre d’enfants, est désormais connu sous le vocable « d’hyperactivité « . Les symptômes en sont bien connus, répertoriés et, comble de chance, il existe un traitement. Désormais les parents peuvent vaquer en paix à leurs occupations et dormir tranquilles : leur enfant ne perturbe plus la classe, il apprend bien et il est plus calme à la maison. Il suffisait de définir correctement l’ensemble de ces troubles et de leur trouver le remède approprié.

Quand il s’agit des enfants doués, les incertitudes, les équivoques et les malentendus s’accumulent comme à plaisir : tout le monde, ou presque, a maintenant entendu dire que les enfants doués possèdent des caractéristiques qui les différencient des autres, on ne sait d’ailleurs pas très bien lesquelles, mais il est désormais facile de dire qu’un enfant un peu différent est ainsi parce qu’il est « surdoué « . Ne reste alors qu’à l’accepter comme tel et à prendre son mal en patience, ou bien on le soigne, à l’instar des autres enfants. Il ne s’agirait, après tout, que d’un syndrome comme un autre.

A la faveur de cet exemple on peut constater à quel point la notion de don intellectuel engendre d’idées fausses. On en arrive à juger qu’un enfant fait partie de cette fameuse catégorie dite de  » surdoués  » uniquement parce qu’il ne cesse de s’agiter et les parents perplexes subissent leur sort sans oser se rebeller, puisqu’ils ont la chance et le malheur d’avoir un enfant pas comme les autres, mais si intelligent ! Ils s’entendent dire, de façon plus ou moins explicite :  » voilà ce qu’il en coûte d’avoir un enfant surdoué et vous l’avez sans doute bien voulu !  » On conseille donc de le mettre dans une « école pour surdoués « , lieu complètement mythique, car on sait qu’il n’existe pratiquement pas d' »école pour surdoués  » dans le Primaire. Les parents partent à la quête de ce nouveau Graal, qui va résoudre tous leurs problèmes, puisque leur enfant y trouvera enfin la nourriture intellectuelle qui lui convient. Cette quête impossible n’aboutit qu’à des solutions approximatives, peu satisfaisantes, surtout quand cet enfant n’est pas plus doué qu’un autre, mais seulement agité pour de multiples causes, allant du problème familial non résolu à la véritable pathologie, à traiter en urgence. « Enfant doué  » ferait désormais partie de la nomenclature des troubles et les enfants qui en seraient affligés ne peuvent s’adapter en milieu scolaire dit normal, malgré les efforts louables de l’Education Nationale pour intégrer dans ses classes toutes sortes d’enfants un peu différents dans cette optique, on considère qu’un enfant est intellectuellement doué s’il est très perturbé, mais on refusera de reconnaître ses dons à celui qui reste sage et calme, parce qu’il préfère éviter de se faire remarquer et de semer la zizanie au sein de la classe, même s’il n’y est pas très heureux.

Cependant, un enfant authentiquement doué peut, en effet, s’agiter en classe parce qu’il est d’un caractère impatient et qu’il connaît tout le programme alors que les autres peinent encore pour en saisir les prémices. On le juge insupportable, mal adapté, difficile, sans songer un instant qu’il puisse dire vrai quand il a l’audace de prétendre savoir lire et opérer des soustractions alors qu’il commence à peine son CP. Confronté à tant d’incompréhension, il peut se replier tristement sur lui, et se calmer enfin, dans une résignation désolée et parfois très nocive pour son évolution à venir, ou bien se mettre dans des colères folles, explosives, inquiétantes, colères qui peuvent brusquement cesser, une fois le don intellectuel reconnu et compris, par exemple en lui accordant la faveur tellement rare d’un saut de classe.

Pour eux comme pour ceux qu’on a indûment qualifiés de « surdoués  » à cause de leur comportement empreint de bizarreries, un simple examen psychologique suffit pour déterminer les causes d’une attitude déviante.

Il arrive aussi qu’un enfant qui avait été dans son tout jeune âge une merveille de calme, de sagesse et de maturité commence à donner tous les signes de l’agitation la plus désordonnée peu après son entrée à la Maternelle, entrée à laquelle il aspirait de tout son être. Non seulement il est un peu déçu de ne pas encore aborder la connaissance telle qu’il la conçoit et les moyens d’y accéder, mais surtout, et pour la première fois de sa vie, il se surprend en situation d’échec et la toute-puissante maîtresse le lui fait bien sentir. Il est alors envahi par une appréhension insupportable à l’idée qu’il va se révéler défaillant, décevant, et peut-être irrémédiablement idiot, lui qui désirait tant goûter aux plaisirs dispensés par le savoir et en attendait un bonheur infini. Il croit qu’il va être obligé de renoncer à ces joies multiples pour s’enfoncer dans un terne ennui, puisqu’il se montre incapable de réussir les tâches qu’on lui propose. La pression qu’il s’impose à ce moment-là est intenable, insoutenable, si douloureuse que l’enfant dans l’angoisse ne cesse de s’agiter, comme pour échapper à cette oppression qui l’écrase : cet enfant endolori, qui remue en tout sens sans jamais trouver de repos, offre un spectacle d’autant plus pénible à contempler qu’on se souvient encore de sa sagesse admirable. Il est alors urgent de démonter avec lui le mécanisme qui l’a conduit à cette situation impossible, de le dédramatiser, si possible avec l’appui de la maîtresse, qui ne pouvait se douter des exigences perfectionnistes de cet élève ni de l’angoisse mortelle qui l’étouffe, quand il voit les plus sombres perspectives d’avenir remplacer l’image idéale d’un enfant progressant joyeusement sur les chemins de la connaissance.

Cet aperçu de situations pourtant emblématiques n’évoque pas le cas le plus fréquent et le plus délicat à cerner : celui des enfants reconnus comme doués et qui ont du mal à conserver une bonne concentration d’esprit.

Cette difficulté à rester attentif en toute occasion est d’autant moins reconnue par les parents que ces enfants sont capables de rester des heures sans bouger si une activité les passionne. Il en va ainsi pour les fameux puzzles de mille – ou de multiples de mille – pièces que certains enfants d’à peine 2 ans réussissent grâce à une attention sans égale et dont les parents parlent encore des années plus tard pour appuyer leurs dires.

Les maquettes d’autrefois, remplacées par les légos, le tout supplanté par l’omniprésent ordinateur ont toujours su mobiliser totalement un enfant, ailleurs qualifié d’agité, mais qui réussit ici à merveille, preuve irréfutable de ses qualités d’attention.

En classe, ces enfants semblent papillonner, ils comprennent immédiatement toute explication, ils réussissent quelques exercices, puis ils se désintéressent du sujet et passent à un autre, tout différent, pour suivre un processus identique. Ils ne lisent que les histoires évoquant les sujets qui les intéressent et deviennent analphabètes face aux autres livres, ils peuvent écrire sans faute quand c’est nécessaire mais usent ailleurs d’une orthographe épouvantable, ils saisissent une règle en mathématique, mais accumulent les erreurs de calcul quand il faut l’appliquer dans des exercices, ils ont compris de quoi il s’agissait, cela leur suffit, point n’est besoin alors de s’éterniser sur un sujet qui devient ennuyeux à force d’être rabâché. Cette approche trop superficielle ne tarde pas à révéler ses dangereuses failles : l’élève doué ne s’est pas constitué une « banque de données mentales  » son seul projet était de comprendre et non de répondre aux exigences dans un protocole qui lui paraît extrêmement contraignant et qu’il refuse comme s’il lui était impossible de s’y soumettre. (Cette description est inspirée par les méthodes de Gestion Mentale mises au point par Antoine de la Garanderie, appliquées par Hélène Catroux). Dans ces conditions, rien n’est vraiment acquis, tout le savoir est intégré d’une façon embrouillée qui interdit de retrouver un élément dans son esprit au moment opportun. On sait qu’on a rangé quelque chose dans un tiroir, mais il est impossible de s’y retrouver dans ce fouillis. Hors de son contexte, qui facilite le mécanisme de la mémoire et l’émergence d’un souvenir, il devient trop difficile de retrouver une donnée isolée.

Cette incapacité à mobiliser son attention durant le temps nécessaire pour assimiler parfaitement une donnée nouvelle et pouvoir l’utiliser à tout moment, même longtemps après qu’elle a été abordée, fait dire que cet élève distrait est trop agité pour conserver une efficace concentration d’esprit, puisqu’il a déjà envie de passer à un autre sujet et qu’il bavarde, se dissipe et perturbe la classe studieuse qui applique les règles nouvellement découvertes dans des exercices un peu fastidieux, mais destinés à entraîner utilement l’esprit et à automatiser ce type de réflexion grammaticale, mathématique, logique, et tout ce qui s’apprend en classe pour la vie.

Ces enfants ressemblent à des boulimiques qui ne peuvent plus s’arrêter d’enfourner de la nourriture, avec un sentiment d’urgence de plus en plus contraignant, comme si la nouvelle boîte de biscuits, tout comme la découverte d’une nouvelle formule mathématique, allait enfin combler ce désir insatiable d’amasser, d’accumuler de plus en plus vite et d’une façon de plus en plus vorace, qui rend impossible toute réelle assimilation.

On pense aussi à ces lecteurs de romans policiers, incapables de contenir leur curiosité et qui ne peuvent s’empêcher de sauter à la dernière page pour éviter un insoutenable suspens.

Comment faire comprendre à un enfant à l’esprit vif, vivacité dont ceux qui savent l’apprécier le complimentent habituellement, qu’il est parfois obligatoire de se livrer à des exercices répétitifs, même s’ils lui semblent d’un mortel ennui. On peut d’ailleurs partager son point de vue et le comprendre : il est, certes, ennuyeux, lassant, d’un épouvantable manque d’intérêt de recommencer éternellement semble-t-il des exercices d’une totale facilité pour celui qui en a si bien compris le principe et qui ne peut imaginer qu’il en aura tout oublié quelque temps plus tard. Par la suite, c’est à cause de son angoisse, suscitée par la brutale découverte de son ignorance, qu’il s’agitera, comme pour se donner une contenance. On parlera alors d’un autre syndrome, celui de « déficit d’attention « conseil et tout semblera dit.

En attendant, on se trouve face à un enfant de 11, 12 ou 13 ans en grave difficulté scolaire, alors qu’il avait toujours été brillant, bien qu’un peu agité à cause de l’ennui provoqué par les longues, et même interminables, explications ressassées par la maîtresse, soucieuse d’être comprise par toute la classe.

Pour éviter cette catastrophe, on peut tenter de lui expliquer, dès son plus jeune âge, qu’il est nécessaire de s’imposer une discipline, de la même manière qu’il y consent pour son sport favori, et que les exercices sont absolument et impérativement obligatoires, parce que sa responsabilité commence déjà à ce moment-là et que son devenir est en jeu. Il aura du mal à croire que sa facilité, qui lui semble si naturelle et lui permet de se contenter d’une écoute distraite des explications, que cette facilité donc puisse l’abandonner un jour, il pensera que les règles sont pour les autres, et qu’il bénéficie d’un régime spécial, puisque l’école l’ennuie un peu, parce qu’il n’est pas très scolaire et qu’il a de bonnes raisons pour dire qu’il ne sert à rien de recommencer dix fois, cent fois le même exercice, mais un jour arrivera où il se sentira perdu et le cerveau vide face à une question que tous les autres sauront résoudre dans l’instant.

La notion d’effort est indispensable pour permettre aux enfants doués de progresser, le plus souvent un saut de classe leur permet de la découvrir, mais cet effort doit aussi porter sur l’acceptation de la contrainte si difficile à s’imposer à soi-même quand rien n’y oblige encore. Il faut apprendre à travailler, cette aptitude est encore plus rare chez les enfants doués qui se sont passés si longtemps de cette pénible obligation. Fournir un effort de longue durée oblige à acquérir une plus grande maîtrise de soi, mais les enfants doués, longtemps abusés par leur facilité, ignorent ce type de travail au long cours. Pour eux, tout doit arriver tout de suite, ici et maintenant, tout retard ou tout délai leur étant insupportable.

C’est pourtant à ce seul prix que la réussite est possible, puisqu’il s’agit des fondations d’un savoir qu’il faudra utiliser sa vie durant.

L’agitation, qualifiée le plus souvent à tort dans le cas des enfants doués, d' » hyperactivité « , n’est qu’une toute petite partie des manifestations d’un caractère impatient et passionné. Elle ne doit pas être isolée de l’ensemble de la personnalité mais elle peut être apaisée par des règles de conduite, dont on expliquera le bien-fondé, plutôt que par des médicaments. L’ignorer, en pensant qu’elle va disparaître d’elle-même, ou la subir sans la combattre parce qu’on la croit inhérente au don intellectuel, constitue une perte de temps et un gaspillage de dons.  »

 


 

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