Compte-rendu du débat : Nos enfants sont-ils tous des génies ?
Je suis allée hier suivre le débat organisé par les éditions PUF au Grand Palais. J’ai mis du temps à écrire l’article car je voulais bien retranscrire les choses. Je le fais de mémoire parce que je n’avais rien pour écrire, aussi les mots ne seront peut-être pas strictement exacts, mais les idées le seront. Le débat était agréable et très bien dirigé par Arnaud Laporte. Ce qui fait que l’on ne s’ennuie à aucun moment. C’est très différent d’un colloque.
Au début, les intervenants ont défini le haut potentiel (2,3 % d’enfants ayant un QI >130 ) . A ce propos, J P Tassin a dit que lorsqu’il était plus jeune, on considérait surdoués ceux qui avaient un QI > 140. Il a d’ailleurs estimé qu’il y avait une grande différence entre les QI > 140 et ceux qui sont entre 130 et 140. Il disait même que ceux qui avaient des problèmes sont ceux qui ont un QI > 140. G Wahl a objecté qu’il peut y avoir des difficultés avec tous les QI. Et que tous peuvent aller bien aussi. Le problème de l’ennui de l’enfant a été soulevé. J P Tassin a raconté l’histoire d’un enfant que l’enseignant a placé au fond de la classe avec des exercices plus difficiles.
Caroline Goldman, ( se référant à son histoire personnelle !) a indiqué qu’il n’était pas dommageable de s’ennuyer en classe et que l’enfant doit s’adapter à l’école. C Goldman prend son cas pour généralité, elle s’est ennuyée à l’école sans dommage pour sa scolarité, donc on peut s’ennuyer. Elle a d’ailleurs indiqué qu’elle était dans la norme…G Wahl a contredit fort heureusement en disant que c’est à école de s’adapter. Si on place les intervenants en CP, ou un enfant surdoué qui peut suivre un CM1, et qu’on l’oblige à être en CP, cela ne peut pas fonctionner… J P Tassin est venu à la rescousse sur ce sujet. Ils ont répondu plus tard à une question de la déscolarisation, ils l’ont fortement déconseillée.
Il y a eu beaucoup de questions pour le joueur d’échec, grand-maître d’échec, O Renet, des questions sur les grands joueurs, sont-ils autistes ? O Renet a répondu qu’ils sont très normaux , sportifs, sauf quelques uns (comme partout , en fait) . Il s’occupe aussi d’un club d’échec avec des jeunes. Il a eu notamment un jeune qui a pris de la ritaline, et il a vu ses capacités aux échecs abaissées. « Il s’est éteint « a-t-il dit. J P Tassin a aussi ajouté que l’on qualifie trop vite les enfants d’hyperactifs. Comme il est spécialiste de l’addiction, il a regretté que l’on donne trop de médicaments aux enfants. il a dit également que ce sont souvent des garçons, et que toute la famille se focalise sur les tournois. S’il y a une sœur, elle n’est pas surdouée ! Je conseille de lire mon livre « Des femmes surdouées » !
C Goldman a parlé des enfants qui la consultent, de leur « excitation ». Mais C Goldman ne semble pas savoir qu’aimer les jeux de stratégie, comme les échecs ou le master mind, constitue une des caractéristiques du haut potentiel, et elle ne s’y intéresse pas. Elle ne rencontre pas d’enfants créatifs. A ce propos, G wahl a indiqué selon une étude qu’il faut un QI de 120 pour avoir une créativité et qu’ensuite, le QI ne joue pas tellement. C Goldman se préoccupe par contre des problèmes familiaux et affectifs, qui sont (selon elle) à la base du « surinvestissement intellectuel » des enfants. Comme on peut le lire dans ses articles décryptés et recopiés par moi-même ! sur innés-psys
Elle était durant ce débat moins décapante que dans ses écrits mais quand même…certains de ses propos interpellent.
Par exemple, elle ose dire que les parents sont « fiers d’avoir un enfant surdoué ou grand joueur d’échec »
Ses écrits :
« j’ajoute que ce choix symptomatique avait bien souvent été encouragé par un environnement socioculturel ou par des attentes parentales investissant particulièrement la pensée et la performance. »
Par exemple, elle ose dire que dans son travail de consultation, elle ne se préoccupe pas du haut potentiel…
Ses écrits :
« La prise en charge thérapeutique de ces enfants doit obéir aux mêmes lois que toutes les prises en charge de la souffrance affective infantile, qu’elle émerge chez un enfant ayant surinvesti la pensée ou non.
…Comme bien souvent, l’hypothèse sera donc d’envisager un travail de remaniement ciblé des liens intra-familiaux. »
Ces écrits datent de 2012…et non des années 1950 ou 1960…Le livre noir de la psychanalyse a été écrit en 2005…
Par exemple, elle ose dire que si des parents viennent consulter en croyant avoir un enfant surdoué, souvent ils ressortent avec un problème affectif. Ceci était dit dans un grand rire…
J’ai ressenti qu’elle était visiblement satisfaite d’avoir joué un bon tour à ces parents prétentieux. Cela peut arriver, mais bon…Gabriel Wahl avait dit (et Terrassier l’écrit aussi dans ses livres) que les parents se trompent le moins sur ce sujet de l’identification (comparé aux enseignants et médecins).
Pour C. Goldman, le haut potentiel ne serait pas inné, donc, si j’ai bien compris …J’ai peut-être dû mal comprendre…J’espère avoir mal compris…
La question de l’âge a été soulevée pour la créativité. J P Tassin a indiqué que les grands mathématiciens trouvent souvent leur « illumination » avant 25 ans.
Une question sur l’hétérogénéïté du QI a été posée par le public, mais il n’y a pas eu de réponse (je crois) et une autre personne a enchainé sur la psychanalyse et la « guerre » des croyances.
Gabriel Wahl a indiqué comme il l’avait fait sur France Inter qu’il ne faut pas sur-attribuer les problèmes et difficultés et les mettre automatiquement sur le compte du haut potentiel. Qu’il n’y a pas plus de problèmes DYS dans cette population. De même qu’il n’y a pas plus d’anxiété.
cliquer sur Les enfants intellectuellement précoces France Inter (3.05.2015)
La précocité intellectuelle est une chance, ou presque
Puis le public a pu poser des questions. Le sujet de la psychanalyse a été soulevé par deux spectateurs et a entraîné un début de polémique.
Ensuite j’ai posé une question : « d’où vient cette idée de surinvestissement de la pensée ? »
Réponse : c’est une hypothèse, qui vient de Freud….si l’enfant a un petit frère ou une petite sœur par exemple, il surinvestit la pensée !
« Mais alors, dis-je, un enfant unique ne peut être surdoué ? (ironiquement j’avoue)…
Réponse : « Vous ne réfléchissez pas beaucoup, merci Madame » très sec…
J’encourage les lecteurs à lire mes trois articles sur la psychanalyse La psychanalyse et les surdoués
Les surdoués et la psychanalyse Innés-psys
La psychanalyse analysée
et les documentaires de Sophie Robert Dragon Bleu TV Les déconvertis de la psychanalyse
J’ai sans doute omis quelques sujets mais vous me pardonnerez ! J’ai fait tout de tête !