Je suis tombée sur ces deux articles du blog « Talent différent », et j’ai été très étonnée par le contenu de deux articles récents au sujet de l’article de la revue ANAE, et par des commentaires très malveillants, encouragés et non repris.
le Haut Potentiel Intellectuel une vraie fausse pathologie à la française.
On peut écouter aussi l’interview audio sur planete douance
Voici les deux articles dont je vais discuter la pertinence aujourd’hui :
http://www.talentdifferent.com/4245-4245.html
http://www.talentdifferent.com/pathologisation-surdon-propre-a-france-4271.html
Jusque-là, on avait un peu circonscrit et identifié les « irréductibles », ceux qui sont anti-science, ceux qui ne comprenaient pas ou ne voulaient pas comprendre les statistiques. On avait pu lire les diatribes, non scientifiques et impertinentes, d’un autre blog dans un article d’anthologie « Mais qu’est-ce qui fait avancer une cause » après l’article de la Recherche de mars 2017 de Franck Ramus et Nicolas Gauvrit.
La légende noire des surdoués
On avait cru que les autres blogs étaient plus scientifiques, et surtout le blog Talent différent. C’était le parti pris par Talent différent.
Et puis non.
Mais se dire scientifique et avoir l’esprit scientifique, c’est différent (stop humour). Citer des articles scientifiques ( ou même un article du Huffington Post) ne suffit pas, encore faut-il savoir les lire et déceler les biais, il faut savoir identifier les références universitaires et identifier les experts. Pour le blog Talent différent, les experts des surdoués sont les cliniciens uniquement, apparemment. Mais
je rappelle ce principe du Code de Déontologie :
« Principe 2
: Compétence
Le psychologue tient sa compétence :
– de connaissances théoriques et méthodologiques acquises dans les conditions définies par la loi relative à l’usage professionnel du titre de psychologue;
– de la réactualisation régulière de ses connaissances;
Le raisonnement simple, néanmoins, qu’il convient d’avoir, en Science, est le suivant : lorsqu’on est en présence de données, d’articles scientifiques, il faut les lire, et surtout, lire la méthodologie et connaître le recrutement des participants. S’il existe trop de biais de recrutement, trop de limites, trop d’incertitudes, on ne peut pas conclure ni généraliser. C’est le raisonnement que j’ai eu lorsque j’ai fait mon mémoire d’études ; Talent différent avait été l’un des trois sites qui m’avait aidée dans ma recherche : Etude haut potentiel 2015
Est-ce que Cécile Bost a décidé de rejoindre les « zèbres » ?
Même si, comme elle l’écrit « la France n’est pas seule à pathologiser la douance »
il faut savoir qu’il n’y a qu’en France qu’il existe ce piège de la « zébritude » qui ne demande qu’à s’exporter.
Pourtant, l’auteur de livres et de blog qu’est Cécile Bost, nous avait dit qu’elle prenait en compte les études scientifiques.
En outre, des commentaires malveillants, voire injurieux, envers ANAE , Léonard Vannetzel et Franck Ramus sont écrits sur le blog et encouragés par Cécile Bost. Je fais remarquer que lorsque Cécile Bost intervient sur le blog de Franck Ramus, les réponses sont toujours très courtoises. Indiquer que Franck Ramus ou Léonard Vannetzel, ou Nicolas Gauvrit, coauteur, ignorent les études internationales est indécent et peu crédible. Néanmoins, Cécile Bost a lu et commenté abondamment l’article de Ramus et Gauvrit :
(cliquer sur l’image pour lire)
Reprenons les études citées par Talent différent dans l’ordre.
- Première étude citée de Renzulli et Park :
(Giftedness and High School Dropouts: Personal, Family, and School-related Factors – 2002)
Le biais de cette étude est énorme car comme il est écrit dans la méthode de l’étude
« Seuls les étudiants ayant abandonné l’école ont rempli ce questionnaire; par conséquent, les élèves doués et non doués ont été comparés. Dans l’étude 2, les données du questionnaire de l’élève ont été analysées pour examiner les facteurs personnels et éducatifs liés à la décision par les étudiants doués pour abandonner l’école. »
Ils ont donc examiné des étudiants qui ont abandonné et ont fait fi de ceux qui n’ont pas abandonné. L’intérêt d’une telle étude est minimisé ainsi. Voire anhihilé.
On s’aperçoit qu’il s’agit d’études de cas, donc non représentatives. le « vous aurez quelques statistiques qui complètent les précédentes; » n’est pas du tout pertinent dans ce cas. On comprend que cet auteur, Alex Pagnani, n’est pas vraiment sérieux lorsqu’il déclare dans sa conclusion « Most people, myself included, are natural procrastinators. »
Alex Pagnani currently resides in Athens, Georgia, where he is pursuing an educational psychology Ph.D. in gifted and creative education.
Un PDF est le mémoire de Nathalie Addor en 2002. Si on lit la méthodologie de l’étude, « La population de cette étude se compose de 14 adolescents. »
Très étonnant que Cécile Bost se réfère à une étude ayant si peu de participants, car elle fustige en général toute étude qui compte peu de participants, comme l’étude EDEN. Paradoxal. Dans un éclair de lucidité, l’auteur, Nathalie Addor, indique « De manière générale, cette étude s’est trouvée limitée par la taille de l’échantillon. »
On poursuit la lecture :
« Ces adolescents surdoués ont été recrutés par le bais du Programme Hélios (programme pour surdoués, Centre de Ressources Humaines à Roche). »
Mais faut-il poursuivre ?
http://www.nathalie-addor.ch/index.php?option=com_content&view=article&id=7&Itemid=115
La vulnérabilité particulière de l’amygdale.. elle est réelle, si on prend en compte la notion d’Overexcitability (Hyperstimulabilité) développée par Dabrowsky et surtout Piechowski.
Or cette étude sur La vulnérabilité de l’amygdale est introuvable.
Le 14.12.2017 Franck Ramus indique sur son blog cette étude :
« Sur la soi-disant hyper-sensibilité:
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0191886911001759
Les HQI ont en fait des scores moins élevés dans une mesure de surexcitabilité émotionnelle. »
Quant au document Une nation trompée, un extrait du résumé indique bien le sens que les auteurs ont voulu donner à ce texte ; les auteurs ne sont pas du tout dans des raisonnements identiques à la pathologisation française :
« Les écoles américaines évitent constamment les programmes scolaires accélérés, le moyen le plus facile et le plus efficace d’aider les élèves brillants. En dépit de la croyance populaire qu’un enfant qui saute une classe s’adaptera mal socialement, 50 ans de recherches démontrent que placer les élèves brillants à des niveaux supérieurs les rend souvent heureux. L’accélération signifie suivre un programme traditionnel à un rythme plus rapide que la normale. Les 18 formes de programmes accélérés comprennent la possibilité de sauter une classe, de s’inscrire à l’école plus tôt que la normale et de suivre des cours d’Advanced Placement (AP). Il s’agit d’un programme scolaire approprié. Cela signifie qu’on adapte le niveau et la complexité du programme aux compétences et au degré de motivation de l’élève. Les élèves qui sautent des classes ont tendance à être plus ambitieux que la moyenne et sont plus nombreux à obtenir des diplômes de second cycle universitaire que les autres. Interrogés des années plus tard, une grande majorité des élèves ayant suivi des cours accélérés déclare que ces cours leur ont été extrêmement bénéfiques. Les élèves ayant suivi des programmes accélérés se sentent stimulés d’un point de vue scolaire et bien intégrés. Ils ne succombent pas à l’ennui qui accable de nombreux élèves doués forcés de suivre le programme prévu pour leur tranche d’âge. »
Joan Freeman est aussi une clinicienne britannique. Elle a écrit sur le document cité ceci : » Provision for the gifted, though, is not often based on research evidence. »
Traduction :Les dispositions pour les doués, cependant, ne sont pas souvent basés sur la recherche de preuves.
J’ai copié quelques commentaires de Cécile Bost intéressants du blog ramusméninges de Franck Ramus, avec les réponses toujours courtoises et pertinentes de F Ramus. Mais il faut tout lire, comme je l’ai fait (et pas en diagonale, ni en vitesse).
(cliquer sur l’image pour lire)
En conclusion de cet article,
Les biais sont donc également répartis dans de nombreux pays, ce qui n’est pas vraiment une bonne nouvelle. C’est la conclusion raisonnable que l’on peut faire, et non pas annoncer que les surdoués « ratent davantage » leurs études ou que les surdoués vont très mal, dans tous les pays.
Talent différent écrit ceci après l’article de la Recherche :
« Les échanges qui ont suivi cet article ont été très vifs et je les ai trouvés, de part et d’autres, très partiaux. Chacun campe sur des positions absolues, sans vouloir envisager que la vérité est quelque part entre ces deux points de vue absolus. »
Je voudrais rappeler que, en Science, on peut et on doit discuter. Les échanges ne sont pas « partiaux » (ni des attaques), mais argumentés et doivent être fondés sur des preuves.
Je voudrais rappeler que, en Science, les invectives sont déshonorantes pour celles et ceux qui les prononcent et les écrivent.
Et je réécris mon commentaire sur le blog ramusméninges de Franck Ramus
15.02.2017
L’article de Ramus et Gauvrit dénonce les dérives. Oui, c’est un mal d’exagérer. C’est bien pour cela que cet article est important. Mais surtout, le code de déontologie des psychologues indique que les psychologues qui passent dans les médias doivent tenir à jour leur savoir.
Je rappelle enfin que ceux qui sont en difficulté n’ont pas été oubliés, bien au contraire, puisqu’il s’agissait de donner les vrais chiffres et les vrais caractéristiques, pour que ceux qui sont en difficulté soient bien identifiées et bien traités.
Quelques articles pour approfondir le sujet :
LES TROUBLES DYS
La terre est ronde ?
Haut potentiel intellectuel Nicolas Gauvrit 2016
Etude haut potentiel 2015 partie1
Une nation trompée de Colangelo, N., Assouline, S., & Gross, M. U. M. (2004).