Ce matin Europe 1 consacrait une émission aux enfants surdoués. Faut-il faire un article sur cette émission ? A priori, on pourrait se dire que non, car ce site ne peut pas faire de la publicité pour de la non-information. Mais je vais quand même corriger les erreurs de chiffres. Peut-on parler d’erreurs quand on a un facteur 70 d’écart ?
Cette émission d’une heure est animée par Héléna Morna sur Europe1. J Siaud-facchin est l’invitée de l’émission. Elle a donc une certaine responsabilité sur ce qui est dit durant l’émission qui était en direct.
Dès le début, on entend avec stupéfaction : « Les enfants surdoués : 70 % sont en échec scolaire, un sur trois n’aura pas son Bac »
J.Siaud-Facchin dit que ce n’est pas une pathologie, mais le discours durant toute l’émission est pathologisant à outrance, et surtout, la quasi-totalité des chiffres indiqués dans l’émission sont inexacts. J.Siaud-Facchin dit qu’il faut faire un « petit peu » attention aux chiffres…Oh que oui !… J.Siaud-Facchin écrit après l’émission que j’avais commentée, sur sa page Facebook, que les chiffres d’échec scolaire de 70 % sont un peu « gonflés »… Oui c’est sûr que passer de 30 % (chiffre qui est déjà bien « gonflé ») à 70 % est un peu , comment dire ? Rocambolesque.
J.Siaud-Facchin parle toujours « d’intelligence singulière ».
Est-ce que Héléna Morna fait une émission informative réellement ?
Cela me fait penser à cette maxime pleine de bon sens :
A force de crier au loup on finit par ne plus être crédible.
voici les pages du livre de J.Siaud-Facchin : L’Enfant surdoué (chapitre 4, L’enfant surdoué et l’école).
Page 96 p112
Cliquer sur le podcast de l’émission
J’hésitais à publier les liens vers Le festival pour l’école de la vie 2017. On peut voir que J.Siaud-Facchin participe à ce festival aux côtés de conférenciers qui sont dans la mouvance « des enfants indigos » , qui est une dérive sectaire. J’hésitais, mais les circonstances de cette émission désastreuse m’y incitent.
Le festival pour l’école de la vie renouvelle ses journées en 2017. Une psychologue expert de l’ANPEIP (J.Siaud-Facchin) y participe auprès de conférenciers qui parlent des enfants « indigos ». Mouvement à dérive sectaire, dénoncé par la Miviludes. J.Siaud-Facchin avait annulé sa participation l’an dernier.
Quelques articles : Le festival pour l’école de la vie
http://www.nouveauxenfants-arcenciel.com/2016/07/2eme-festival-pour-lecole-de-la-vie-du.html?m=1
http://www.festival-ecole-de-la-vie.fr/programmation/
http://carnetsief.canalblog.com/archives/2016/09/25/34382073.html
http://www.festival-ecole-de-la-vie.fr/enfants-surdoues-lenvers-decor/
On peut visionner le graphique que m’a donné Franck Ramus, professeur de psychologie cognitive à l’ENS, pour ma conférence à Lausanne (à la vingtième minute). Ce graphique montre la corrélation positive entre la réussite scolaire et les compétences cognitives. Donc , plus l’élève a un QI élevé, plus la réussite scolaire est élevée.
Franck Ramus et Nicolas Gauvrit rédigent en ce moment un article qui nous donnera des précisions à ce sujet. Nous l’attendons impatiemment. Il va sans dire que ce chiffre de 30% (et encore plus de 70 % !) est totalement exagéré.
Comment peut-on ainsi mentir aux parents sur Europe 1 ?
Je signale , en passant, que j’ai subi des pressions négatives avant cette conférence…
Merci Soyons Calmes pour ce commentaire , adressé à J Siaud-Facchin , je suppose ?
bien à vous
« restons bienveillants, attentifs »
Vous n’êtes pas bienveillante quand vous me dites que j’ai des problèmes parce que je suis intelligent, et que vous les connaissez mieux que moi.
Devenez bienveillante et attentive.
Merci de venir commenter sur cet article et sur ma page facebook. Merci d’accepter un échange de points de vue, au niveau des idées, sans croire qu’il s’agisse de querelles de personnes. Ce dernier point est important, car il est de plus en plus utilisé, bizarrement. Je porte un intérêt à votre travail mais aussi à toutes les communications qui traitent d haut potentiel, en général, si vous lisez bien mon site, et mes livres.
J’avoue ne pas comprendre, mais croyez bien que je fais des efforts. J’ai conscience d’être pour vous la « mouche du coche » si on peut dire, mais il me semble qu’il est important de toujours conserver son esprit critique. Aussi, je pense réellement que donner des chiffres fantaisistes inquiète inutilement et durablement les parents, les enfants, les enseignants, et cela contribue à entretenir des stéréotypes bien peu « constructifs » voire même « nuisibles » par définition. En outre, cela permet par exemple de se dédouaner de toute approche culpabilisante et / ou responsabilisante : puisque les psychologues ont dit que cela entraîne de l’échec scolaire, à quoi bon travailler.
Dans votre livre vous écrivez « près de la moitié des élèves surdoués ont des difficultés scolaires. Presque un sur deux redouble. Plus de 30 % d’entre eux n’arrivent pas aux études supérieures. » p96
Or les élèves surdoués redoublent moins que les autres, et le 30 % que vous citez date de Terman en 1940 !
Ce chiffre de 30 % que vous avancez (et 70 % dans l’émission) aucun chercheur ne l’a vérifié scientifiquement. Les études connues de l’AFEP ne peuvent être utilisées car issues d’une association qui regroupe des enfants et familles en difficulté. Nous attendons l’article de N. Gauvrit et de F. Ramus qui ne saurait tarder, je leur laisse la primeur de leur annonce, mais je crois savoir que ce n’est pas du tout 30 %. C’est bien moins.
J’ai réécouté l’émission avant de vous répondre. Vous dîtes bien qu’il ne faut pas pathologiser, mais l’émission ne parle ensuite que de difficultés. Donc l’auditeur ne retiendra que : être surdoué = difficultés. Dans ce cas, il faut modifier le titre ! Exemple : les enfants surdoués qui ont des difficultés. Cela sera plus clair pour le grand public. Vous savez peut-être que le référent EIP dans certaines académies se trouve à la MDPH (Maison des Personnes Handicapées)… C’est le sujet de mon livre, préfacé par J C Terrassier. Certaines personnes parlent « d’inclusion scolaire » ou de « handicap » … Difficile de ne pas pathologiser dans ces conditions délétères. Il y a aussi une méconnaissance du QI hétérogène, qui décèle des problèmes (DYS ou autres), et donc on ne parle pas dans ce cas du haut potentiel simple, si je puis dire. Le haut potentiel est un sujet complexe.
Vous avez la chance d’être très diffusée (en radio et TV) et vous vendez beaucoup de livres. Il me semble important, pour ne pas dire primordial, de diffuser des informations les plus justes possibles. Vulgariser le sujet ne devrait pas vouloir dire donner des chiffres « erronés » d’échec scolaire, ou des caractéristiques caricaturales, comme « dépression, rejet, isolement, phobie scolaire, anxiété » concernant le haut potentiel, ou « 30 % de hauts potentiels ont des troubles DYS » dans une radio de grande écoute.
A ce propos, je voulais vous demander : Qui informe la journaliste des chiffres qu’elle annonce ? Sur France deux en 2015, un bandeau avec ce 70 % passait aussi durant l’émission. Bien sûr, il existe des cas de grande détresse, je le sais, puisque je recueille des témoignages tous les jours. Il faut les prendre en compte, mais ne pas exagérer leur nombre.
Vous citez toujours les études mais vous ne semblez pas apprécier la recherche scientifique comme vous l’écriviez sur fb le 27 11.016 :
https://planetesurdoues.fr/index.php/2016/12/10/decryptage-dune-video-de-j-siaud-facchin-mars-2016/
On entend une maman dans l’émission dire que son enfant sachant lire s’ennuie au CP… Evidemment ! Le CP est une classe dans laquelle on apprend à lire. Vous savez que l’on est passé de 20 % de passages anticipés dans les années 1960 à 1 % ou moins actuellement. C’est un des points importants à considérer. On empêche ces enfants d’avancer, et ensuite, on s’étonne qu’ils aillent mal, c’est absurde.
J’en parle dans cette interview : planetedouance
http://www.planete-douance.com/blog/2016/01/18/planete-surdoues-nadine-kirchgessner/
Vous écrivez cette phrase : « Les surdoués ont le droit de réussir » . C’est une phrase étonnante, parce qu’ils réussissent, selon les chiffres de la DEPP. Vous avez sans doute un effet loupe sur l’échec et sur les difficultés, mais je voudrais vous demander de bien considérer tous les profils lorsque vous communiquez.
Bien souvent, si on y regarde de près, ce n’est pas le haut potentiel qui pose problème mais l’environnement : harcèlement scolaire ou moral, refus de sauts de classe, refus de prendre en compte l’intelligence, refus de prendre en compte les troubles associés, notamment les DYS.
Nous avons semble-t-il le même questionnement, depuis plus de 20 ans. Comment faire pour que tous les surdoués réussissent.
Pour m’occuper de mes enfants, j’ai observé dans les associations les « cas », et j’ai bien vu que ceux qui avaient pu avancer, et ceux qui n’avaient pas de troubles associés, allaient mieux. Je ne partage pas avec vous l’idée que « être surdoué est une chance » soit un mythe. J’ai exposé dans mes livres des explications et des solutions.
c’est vrai, nous pourrions intervenir un jour ensemble lors d’un colloque par exemple et je pourrais discuter de vive voix avec vous. Ce débat important doit être un débat public car il s’agit d’un problème de fond, qui concerne beaucoup de personnes, et je suis ravie qu’il se passe sur mon site. La recherche avance, rien n’est figé, c’est le principe même de la science. Aussi, attribuer des caractéristiques très négatives (trop approximatives et non vérifiées de surcroît) sur les personnes surdouées ne fera (ne fait) de bien à personne, ni à celles et ceux qui vont mal (parce qu’ils vont perdre espoir), ni à celles et ceux qui vont bien.
Vous citez J. C. Terrassier, qui pense aussi que le terme de handicap n’est pas adapté à ces enfants. il a préfacé mon livre « Les surdoués atteints de haut potentiel, l’intelligence malmenée». Et comme vous le dîtes, il sait de quoi il parle, puisqu’il a créé l’ANPEIP, dans les années 1970. Il a scruté très attentivement mon livre avant de le préfacer.
voici un « cas » de conséquence des faux chiffres:
https://planetesurdoues.fr/index.php/2014/12/20/au-secours-mon-enfant-est-surdoue/u
Bonne soirée
Merci beaucoup Nadine pour l’intérêt et l’attention que vous portez à mon travail. Oui, les chiffres sont parfois farfelus et font passer des infos erronées. Sauf si, on se disait dans ce cas, pour faire un pas de côté, que si 30% des surdoués peuvent, pour de nombreuses raisons, avoir des difficultés sur leur parcours scolaire, cela en fait 70% qui vont bien et réussissent ! Encourageant, non ? Comme le sous titre de mon livre le propose : l’aider à grandir, l’aider à réussir ! Car au-delà des chiffres, l’important est l’enfant qui a besoin qu’on l’aide à se comprendre, qu’on l’accompagne, qu’on mette en place ce qui lui permettra de vivre la vie dans laquelle il se sent bien. Comme je l’écris dans mes livres et encore aujourd’hui sur mon mur Facebook, les surdoués ont le droit, eux aussi, de réussir. Comme tous les enfants, comme chacun de nous. Le sentiment de réussite de sa vie s’entend ! Jean Charles Terrasssier, le pionnier, a été celui qui, le premier, a alerté sur cette « précocité embarrassante » qui pouvait paradoxalement entraîner des difficultés scolaire importantes. Et lui encore qui a écrit que cette forme d’intelligence se tricotait avec toutes les facettes de la personnalité. Encore lui qui a créé la première association pour venir en aide à ces enfants et qui a alerté, à escient, l’Education Nationale. Enfin, on commençait à comprendre que cette forme de haute intelligence pouvait, aussi, pénaliser certains enfants qui se retrouvaient en marge du système scolaire. En souffrance. Bloqués sur leur chemin d’épanouissement. Alors, ensuite, les recherches, les neurosciences, les publications nombreuses, parfois contradictoires , ont confirmé le propos : être surdoué est aussi « visible » dans les replis du cerveau. Puissance, efficacité, vitesse de traitement des informations, sensibilité, recherche de sens et besoin de précision et de justice (là nous ne sommes plus trop dans le neuropsy!) … L’intelligence n’est pas pathologique, évidemment !,mais une intelligence acérée peut entraîner, pour certains, des questionnements sur tout, tout le temps, un doute récurrent, une recherche permanente de sens qui, pour ceux dont la base affective est fragile, peut être à l’origine de nombreuses souffrances. Avec un sentiment de décalage rapporté par tous. Ceux qui vont bien, ceux qui souffrent. Faire de cette grande intelligence une force de vie, prendre la main, de façon éclairée à ceux qui souffrent, oui, c’est mon métier, ma mission, chevillée au corps, depuis longtemps. Dans cette intrication étroite entre évolution des connaissances scientifiques et observations cliniques quotidiennes avec des centaines de témoignages. Depuis longtemps je cherche à comprendre pourquoi ceux qui vont bien, vont bien ? C’est sur cette base que l’on pourra ouvrir l’horizon à ceux qui vont moins bien, ou très mal. Je suis bien sûre que vous partagez mon engagement. Alors merci, enfin, à la recherche de s’intéresser, vraiment, à ce sujet longtemps délaissé où les mythes, les vrais, faisaient croire qu’être surdoué était un cadeau de la vie gage de grande réussite … Ne revenons pas en arrière, restons bienveillants, attentifs, à faire de chaque différence (une grande ou une faible intelligence par exemple) un atout pour la vie ! Merci Nadine. Je suis convaincue que votre motivation est pour vous aussi l’aide et le soutien. Vous êtes psychologue aussi. Et concernée si j’ai bien compris. Je serai ravie d’en discuter de vive voix avec vous. C’est ensemble que nous pouvons avancer, c’est ensemble, avec la communauté scientifique que nous saurons mobiliser. Bonne soirée