Premiers résultats de la cohorte EDEN

J’ai traduit le résumé de cette étude des chercheurs Peyre, Ramus, Melchior, Forhan, Heude, Gauvrit, qui indique les grandes lignes de cette étude, ainsi que les résultats qui sont très encourageants. Ces résultats vont à l’encontre des idées reçues diffusées par divers media de vulgarisation. Ces idées reçues viennent du fait que ces media interrogent des psychologues ou des associations qui concentrent les personnes surdouées « à problèmes » et font fi des études scientifiques. Ce qui est intéressant, c’est que les 23 surdoués décrits ont été pris au hasard parmi une cohorte de 1100 enfants. A priori, pas de biais de recrutement, mais il faut lire l’étude entière pour savoir comment ont été recrutés les participants. On peut donc faire ce que l’on appelle en statistiques inférentielles « une inférence », c’est-à-dire généraliser les résultats à la population entière à partir d’un petit échantillon.

Cliquer sur    Etude EDEN

Traduction du résumé :

L’intelligence supérieure est associée par certains auteurs à des difficultés émotionnelles, comportementales et sociales. Cependant, cette hypothèse est étayée par peu de preuve convaincante basée sur la population générale, et aucune étude n’a été réalisée au cours de la période préscolaire.

Méthode

Les enfants (N = 1100) de la cohorte mère-enfant EDEN ont été évalués à l’âge de 5-6 ans. Les problèmes de comportement, problèmes émotionnels et sociaux (symptômes émotionnels, des problèmes de conduite, des symptômes d’hyperactivité / inattention, problèmes relationnels avec les pairs et de comportement pro-social) ont été mesurés à l’aide de questionnaires remplis par les parents : Strengths & Difficulties Questionnaires (SDQ). Les QI étaient basées sur le WPPSI-III à 5-6 ans. Des variables pertinentes pour le développement cognitif des enfants ont également été recueillies.
Résultats

Nous n’avons trouvé aucune différence significative dans les scores de SDQ entre les enfants surdoués (N = 23;  QI Total> 130) et les enfants avec un QI Total dans la fourchette normale (N = 1 058 ≥ 70 et ≤ 130), à l’exception d’une association marginalement significative entre haut QI et difficultés émotionnelles à 5-6 ans. Des  analyses supplémentaires de sensibilité ne permettent pas de valider l’association entre QI élevé et des difficultés émotionnelles.

Discussion

Au cours de la période préscolaire, les enfants surdoués ne semblent pas manifester davantage de problèmes comportementaux, émotionnels et sociaux que les enfants avec un QI normal.

  • Mots clés Giftedness; Intelligence; Intelligence; ADHD; Preschool period

 

Emotional, behavioral and social difficulties among high-IQ children during the preschool period: Results of the EDEN mother–child cohort

  • Hugo Peyrea, b, , ,
  • Franck Ramusa,
  • Maria Melchiorc,
  • Anne Forhand,
  • Barbara Heuded,
  • Nicolas Gauvrite,
    • on behalf of the EDEN Mother-Child Cohort Study Group
    • a Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique (ENS, EHESS, CNRS), Ecole Normale Supérieure, PSL Research University, Paris, France
  • b Department of Child and Adolescent Psychiatry, Robert Debré Hospital, APHP, Paris, France
  • c Sorbonne Universités, UPMC Univ Paris 06, INSERM, Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de Santé Publique (IPLESP UMRS 1136), Department of Socieal Epidemiology, 75012, Paris, France
  • d INSERM UMR 1153, Epidemiology and Biostatistics Sorbonne Paris Cité Center (CRESS), Developmental Origins of Health and Disease (ORCHAD) Team, F-94807 Villejuif, France, Paris Descartes University, France
  • e Human and Articificial Cognition Lab, University Paris 8 and EPHE, Paris, France

 

Pour lire l’étude    cliquer sur   Science Direct

Nicolas Gauvrit nous avait parlé de cette grande étude EDEN dans un commentaire sur mon étude sur le haut potentiel.  Il s’agissait de l’étude EDEN. Les premiers résultats sont publiés dans une revue scientifique à comité de relecture, la revue très sérieuse  Science Direct.

Voici ce qu’il en disait :

« j’ai eu accès aux données d’une autre cohorte du même type (https://eden.vjf.inserm.fr). Pour l’instant, nous n’avons que les données à 5 ans (bien que les enfants aient maintenant plus de 10 ans), mais nous allons suivre l’affaire de près.

Dans la cohorte EDEN, il y avait plus de 1000 enfants, dont 23 surdoués. L’échantillon de surdoués est donc petit, malgré l’ambition du projet. L’étude ELFE comporte pour l’instant 18000 enfants, mais on peut s’attendre à ce qu’il en reste environ la moitié dans quelques années. Ce sera néanmoins très intéressant d’étudier les données, si cela est possible (il y a des restrictions importantes sur l’accès aux données !). »

sur    Etude à haut potentiel 2015

Share

7 réflexions sur « Premiers résultats de la cohorte EDEN »

  1. Bonsoir Nadine – oui j’avais bien vu que vous aviez procédé à une traduction.
    Donc OK… Tout dépend donc de comment on regarde l’échantillon…
    Si c’est sur la taille initiale, oui, 1.000 c’est bien.
    Mais si c’est sur la population des surdoués, 23, c’est peu.
    Question de point de vue.
    Merci pour votre réponse.
    Bonnes vacances !
    Cécile

  2. Bonjour Cécile, j’ai un peu tardé à vous répondre, car je suis en vacances. Pour ce commentaire, je ne l’ai peut-être pas bien spécifié
    mais j’ai traduit le commentaire des auteurs de l’étude, donc, ce n’est pas mon commentaire !
    Dans cette étude, ils n’ont pas un « petit » échantillon , ils ont 1100 enfants pris au hasard et 23 sont surdoués, ce qui est cohérent avec le 2,3 % ; donc ce n’est pas un petit échantillon ! Les statistiques sont des statistiques inférentielles, c’est à dire que l’on peut étendre des faits constatés sur un échantillon à la population entière, à la condition que les enfants soient pris au
    hasard !
    c’est un peu comme les sondages. On interroge 1000 personnes, et ensuite on dit que 30% de français votent X, 30% Y, 30% Z et 10% W.
    On a inféré à la population entière.
    Cette étude est une étude scientifique et il faut la considérer comme telle, avec toujours du recul nécessaire en sciences mais il faut la prendre en compte. Il me semble qu’il est inutile et contre productif d’exagérer les faits et d’inquiéter inutilement les familles car cela peut engendrer et induire faussement les faits. comme une prophétie auto réalisatrice . Vous parlez fort justement des problèmes de harcèlement, oui ils existent, mais ils ne sont qu’une conséquence (si je puis dire ) et les problèmes, ne sont pas intrinsèques au fait d’être à haut potentiel , mais dus à un environnement néfaste. C’est ce que J C Terrassier a souligné dans la préface de mon deuxième livre. Alors, il me semble qu’il faut être précis sur cette question et sur les termes.
    Je crois que personne ne sous-estime les drames humains, et surtout pas moi, qui reçoit comme vous des témoignages douloureux, c’est pourquoi il faut se référer aux études scientifiques et aux témoignages pour se faire une idée juste de la situation du haut potentiel.

    Vous pouvez écouter la vidéo de N Gauvrit :
    https://planetesurdoues.fr/index.php/2016/07/11/merci-nicolas-gauvrit/

  3. Bonsoir Nadine

    Les résultats EDEN sont intéressants mais votre commentaire me fait sursauter.
    Il est souvent mentionné la petitesse des échantillons sur lesquels on se fonde pour tirer des généralités.
    Si je lis bien ce résumé :
    – 1100 enfants ont passé un WISC
    – sur ces 1100 enfants, 23 ont eu un résultat supérieur à 130.
    – ces 23 enfants vont bien à l’exception d’un frange marginale (non quantifiée) d’enfants qui ont des difficultés émotionnelles et que l’on peut qualifier de haut QI.

    – 23 sur 1100 ont plus de 130 = 2.09% – les statistiques sont vérifiées.

    – le très haut potentiel (> 145) relève statistiquement du 1 pour 1.000. Ce que l’on peut effectivement qualifier de marginal.

    C’est là toute la limite des statistiques : peut-on légitimement considérer que 23 est représentatif de 280.000 (2% d’environ 13.5 millions de moins de 18 ans (source INSEE 2009) ?
    La taille des échantillons est souvent mise en cause dans les recherches.

    Pour estimer les difficultés émotionnelles, est il posé comme postulat que le harcèlement commence avant l’entrée en CP (mauvaises relations avec les pairs et/ou la personne en charge de l’enseignement qui auront un impact émotionnel sur l’enfant)puisque les enfants étudiés sont d’âge préscolaire ?

    Enfin, la froideur des statistiques est terrible. Sans quantification précisée dans l’étude, je pars du principe que marginal = 1 pour 1.000.
    1 enfant THQI pour 1.000 ça ne représente que 13.500 enfants de moins de 18 ans (stats INSEE 2009)- … mais le concept de marginalité statistique néglige la vie humaine
    Ainsi,il ne me semble pas que les associations qui se consacrent aux enfants précoces couvrent la totalité de ces enfants qui tombent dans la marginalité des statistiques.

    A l’autre bout de la courbe en cloche, il se passe la même chose avec les enfants atteints d’un retard mental sévère : je plains les familles qui se retrouvent en difficulté parce que les statistiques indiquent une prévalence du retard mental de 0.23% alors qu’elle est parfois plutôt estimée à 0.3% – un différentiel marginal de 7 pour mille qui affecte rien moins que 50.000 familles – une paille statistique, très certainement.

    Donc : oui (3 fois oui), être surdoué n’est pas synonyme de malheur et de souffrance, c’est certain, et il faut éviter de tomber dans ce pathos.
    De même qu’il faut éviter de tomber dans l »excès » inverse : se fonder sur la seule réussite aux tests et ainsi sous-estimer les drames humains.
    Comme d’habitude, rien ne peut se résumer en quelques mots, surtout dans ce domaine.

    « Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie » (Malraux)

  4. L’article référencé est en accès restreint.
    Celui-ci est connexe, et va un peu dans le même sens :
    http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4611085/

    Je note que l’échantillon est pris dans la population lycéenne, donc restreint à ceux qui ont franchi certaines étapes scolaires.
    Les auteurs indiquent qu’ils ont fait attention à leur méthode d’étude : elle est par conséquent valable (jusqu’à sa confraternelle dénonciation, bien sûr).

  5. Cyclobéarnais , les enfants sont très jeunes dans cette étude (5-6 ans), les parents peuvent répondre avec eux, ils les ont observés. Un enfant de 5 ans ne dira pas , par exemple, « j’ai un problème émotionnel »…les parents savent si l’enfant a des amis ou pas, s’il est invité aux anniversaires.

  6. Bonjour,

    Est-il normal que ce soit les parents qui remplissent les questionnaires concernant les problèmes de comportement, problèmes émotionnels et sociaux de leurs enfants (même s’ils sont jeunes, je sais)?

    Je trouve dommage qu’il y ait déjà une « perte d’informations » (j’entends par là que la communication n’est pas parfaite à 100%, des différences peuvent exister) entre ce que les enfants ressentent et comment les parents le perçoivent et le transcrivent dans les questionnaires (ça pourrait être mon cas, par exemple). Serait-il possible de donner plus de renseignements si je fais erreur?

Répondre à Cécile BOST Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *