« Petite Poucette » de Michel Serres 2012

Une réflexion au sujet du livre de Michel Serres  :  Petite Poucette ( le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer : une manière de vivre ensemble, des instit), 2012, éditions Le Pommier, à l’heure où certains enfants manipulent à l’école des tablettes et autres nouvelles technologies.

 

Je rappelle l’article que j’avais écrit à ce sujet

cliquer sur :

 

Et quelques extraits de l’article de Julien Gautier qui vous donneront peut-être l’envie de lire l’article en entier :  » Petite Poucette : la douteuse fable de Michel Serres | Revue Skhole.fr http://skhole.fr/petite-poucette-la-douteuse-fable-de-michel-serres    seenthis

C’est bien une sorte de conte, une histoire fabuleuse, comme le suggère le titre du livre, que Michel Serres nous propose, et c’est ce qui rend tout d’abord ce petit livre sympathique et enthousiasmant, et explique sans doute son succès : on aimerait y croire, alors que tant d’autres essais et débats ne cessent de nous annoncer au contraire le déclin, la catastrophe, la crise, etc. Mais cet ouvrage relève aussi, nous semble-t-il, d’un dangereux fantasme, dangereux en ce qu’il fait systématiquement l’impasse sur tous les aspects négatifs ou ambivalents des évolutions en question, produisant ainsi une sorte d’illusion idéologique conduisant à justifier l’état des choses en toute bonne conscience… »

… »Du point de vue de la stratégie des industriels, la logique marketing s’est certes sophistiquée mais elle obéit toujours au principe de la captation du « temps de cerveau disponible »[13], et les visées fortement capitalistiques des géants de l’Internet ne sauraient être négligées, comme en témoignent notamment les inquiétudes fondées des militants de la « neutralité » du Web. Il est à ce titre significatif, au delà de l’anecdote, qu’au moment même où M. Serres célèbre l’émancipation nouvelle de Petite Poucette grâce aux vertus de ses multiples prothèses numériques, les dirigeants des « Big Four » choisissent d’envoyer leurs propres enfants dans des écoles déconnectées…… »

… »En quelques pages, le raisonnement de Serres liquide un à un les éléments constitutifs de l’enseignement : nul besoin désormais d’école, ni de maîtres, ni même d’acte de transmission, puisque tout le savoir est aujourd’hui immédiatement disponible, extériorisé dans des bases de données numériques et accessible en permanence par le réseau. Ainsi, M. Serres écrit p. 21 : « Que transmettre ? Le savoir ? Le voilà, partout sur la Toile, disponible, objectivé. Le transmettre à tous ? Désormais, tout le savoir est accessible à tous. Comment le transmettre ? Voilà, c’est fait. (…) D’une certaine manière, il est toujours et partout déjà transmis. » A la limite, il n’est même plus besoin de l’apprendre, de l’intérioriser pour le connaître, puisqu’il suffit d’en disposer virtuellement, de pouvoir s’y connecter quand on en a besoin ; et la tête, qui a ainsi moins que jamais besoin d’être « pleine » n’a même plus besoin d’être « bien faite », dans la mesure où, selon Serres, les principales facultés de l’esprit (mémoire, imagination et même raison) peuvent être désormais entièrement déléguées aux machines externes qui les assurent de manière toujours plus efficace[16]. Que peut-il bien rester dans cette tête ainsi vidée non seulement de son contenu mais aussi de ses facultés ? »…

… »Ainsi, « apprendre » à lire et à écrire – enjeu central de la scolarité obligatoire des enfants – consiste à la fois dans l’acquisition de savoir-faire élémentaires mobilisant la main et l’œil, dans la construction d’un rapport réflexif global au langage et aux signes[25], et dans l’ouverture critique à des formes multiples de discours et de représentations portées par un vaste corpus d’œuvres écrites[26]. Peut-on sérieusement imaginer qu’il soit possible à chacun d’apprendre tout cela efficacement par soi-même, avec une connexion Internet et quelques logiciels ? »…

Share

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *