Le souci de l’autre

J’ai lu dernièrement un article stupéfiant intitulé .

 «70 % des surdoués sont en échec scolaire»

Je ne voulais pas faire de publicité à cet article , mais ne rien écrire pour contrer ces agissements pourrait passer pour de la connivence.

http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/70-des-surdoues-sont-en-echec-scolaire-554/

extrait  :
« La plupart des élèves à très fort QI quittent l’école avec juste un bac. Un tiers seulement font des études supérieures. Pour éviter ce gâchis, l’académie de Montpellier vient de nommer un «référent surdoués» dans chaque département.

Surdoués, à haut potentiel, intellectuellement précoces, gifted… les termes abondent pour nommer ces personnes hors normes dont le QI dépasse 130. On les croit promis à un bel avenir scolaire, à une trajectoire de comète. Faux. Seulement un tiers des enfants surdoués font des études supérieures d’après l’Afep (Association Française des Enfants Précoces). Depuis la rentrée, l’académie de Montpellier a nommé un référent dans chaque département pour mieux détecter et gérer ces élèves. Qui souffrent souvent dans le système scolaire et se détournent des études.

«C’est le bordel dans leur tête»
Aujourd’hui, on les repère mieux. Mais pas toujours. Et la bérézina se poursuit. En primaire, ils sont souvent premiers. Avec leur excellente mémoire, les leçons se retiennent toutes seules. La dégringolade vient après, en général. Avec leurs neurones restés en friche, et leur cerveaux qui pensent autrement, ils ont du mal à se mettre au travail. «Ils n’ont pas appris à apprendre, ils mémorisent des choses sans en comprendre la logique. C’est le bordel dans leur tête», résume Vlinka Antelme, présidente de l’Association Française des Enfants Précoces (Afep). Les méthodes d’enseignement traditionnelles les ennuient. Leur potentiel se retourne contre eux, notamment à l’université lorsque le travail est plus important…. »

 

« Employer les mots c’est avoir le souci de l’autre » dit Alain Bentolila, linguiste et auteur de nombreux ouvrages

Effectivement , si on ne maîtrise pas la langue, le langage, si on n’emploie pas le vrai sens des mots, à bon escient , comment peut-on communiquer ? Comment peut-on s’exprimer correctement ? Comment peut-on faire passer un message important , comment peut-on être crédible ?

Lorsque j’ai lu dans cet article qu’une présidente d’association emploie ce terme            « vulgaire » pour parler du fonctionnement des enfants surdoués : « c’est le bordel dans leur tête » dans cet article ci-dessus, j’ai été atterrée , au sens vrai du terme.

Ce mot « bordel » est un mot grivois, vulgaire. Ce mot désigne au sens premier, un endroit où se pratique la prostitution, et au sens figuré, un grand désordre. Et s’il y a un grand désordre chez les surdoués, c’est peut-être avant tout parce que l’on ne les éduque pas correctement. Et éduquer , c’est d’abord employer des mots corrects, nous les adultes .

J’ose espérer que cette personne n’a pas employé vraiment ce terme , mais est-ce que vraiment la journaliste aurait déformé ses propos, dans l’objectif d’écrire un article sensationnel ? Comme elle l’a écrit avec un titre accrocheur , mais au sens négatif du terme…

 Comment Lucile Quillet peut intituler son article  dans figaro.fr (23.11.2012) « 70 % des surdoués sont en échec scolaire « ?  Ou comment passer de 30 % ( chiffre généralement « avancé» mais non scientifiquement prouvé par les associations ), à 70 % , c’est-à-dire , si l’on sait compter, avec 40 % d’écart ?
Ce qui était d’ailleurs écrit dans cet article du figaro.fr du 7.11.2011 « comment savoir si son enfant est surdoué  » de Damien Mascret : http://sante.lefigaro.fr/actualite/2011/11/07/15576-comment-savoir-si-son-enfant-est-surdoue

Dans l’article de Lucile Quillet, il est écrit que seulement 30 % ne continuent pas les études après le bac. Est-ce que ceux qui ont le bac sont en échec scolaire ? Est-ce que ceux qui n’ont que le bac sont en échec scolaire ? Cela voudrait dire que les surdoués qui se dirigent vers d’autres professions non validées par l’université seraient en échec ? même s’ils sont en très grande réussite dans leur domaine ? et il y en a !

je vais ajouter un terme à ceux de Bentolila, employer les bons mots et les bons chiffres, c’est avoir le souci de l’autre.

Share

2 réflexions sur « Le souci de l’autre »

  1. Il y a actuellement une surenchère dans la vulgarité langagière pour montrer que l’on est « libertaire »… et les étrangères ne sont pas en reste puisque j’ai pu constater un nombre effrayant de « fuck » dans des commentaires en anglais dans plusieurs sites !

    Sinon, l’article montre bien que les filières longues et intellectuelles sont démésurement mises en avant au détriment des filières courtes… pourtant, quoi de plus beau que d’être boulanger, pâtissier, menuisier… Merci de votre bon sens

Répondre à Marie Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *