Haut potentiel intellectuel et syndrome d’Asperger : à la rencontre des nouveaux spectres

Un article au titre pour le moins étonnant est publié récemment dans une revue scientifique :

Haut potentiel intellectuel et syndrome d’Asperger : à la rencontre des nouveaux spectres

par Morgane Romand et Catherine Weismann-Arcache

Il faut savoir que Catherine Weismann-Arcache (psychanalyste)   a écrit en 2005 dans un autre article , cette phrase énigmatique et/ou irrationnelle  « ou si la précocité intellectuelle prend la place d’un phallus« ; on peut le lire dans cet article les articles édifiants de Catherine Weismann-Arcache :   inné-psys

Il ne faut pas s’étonner de la part de la psychanalyse de qualifier le haut potentiel de « surinvestissement de l’intelligence ». Par contre, nommer le haut potentiel de « nouveau spectre » est incongru et très inquiétant. On comprend de suite que les fantômes de la psychanalyse sont de retour, sous couvert de « neurosciences ».

Déjà dans la recherche de participants, les deux concepts étaient étrangement intriqués, comme s’il s’agissait de deux phénomènes proches. D’où vient l’idée de cette recherche, si ce n’est de la pathologisation du haut potentiel. C’est un peu comme si dans une thèse, on recherchait les similitudes et les disparités entre une grippe et une angine, parce que les deux maladies donnent 39 de fièvre. Alors que les deux maladies n’ont rien à voir entre elles. Mais le médecin doit savoir différencier les deux pour son diagnostic. Dans la confusion actuelle qui existe entre la douance et le syndrome d’asperger, un article titré ainsi ne peut qu’ajouter à la confusion. Plutôt que prendre le concept à l’endroit, c’est à dire considérer que le syndrome d’asperger est un TSA (trouble du spectre autistique) avec QI moyen ou élevé, dans cet article, les auteurs considèrent que le haut potentiel est soit ordinaire, soit asperger, en incitant presque à penser que les deux sont des troubles du développement.

comme on peut le lire sur cette recherche de participants :

http://cra-haute-normandie.superdoc.com/modules/edito/content.php?id=84

« Le but de cette recherche est de mieux comprendre les relations (similitudes et disparités) qui existent chez des enfants à haut potentiel intellectuel, et chez des enfants à haut potentiel intellectuel avec un syndrome d’Asperger ou des troubles du spectre autistique.
L’intérêt de cette étude est de pouvoir mieux identifier ces deux groupes d’enfants à « besoins éducatifs particuliers », qui présentent parfois des difficultés communes, et d’améliorer l’accompagnement scolaire, pédagogique, et si besoin est, thérapeutique, de chacun. »

la thèse est prévue en octobre 2017 sous le titre

Haut potentiel intellectuel et troubles du spectre autistique.

par Morgane Romand

Article publié en juillet 2017 :

http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0014385517300634

Résumé

Objectifs
En tant qu’entité transnosographique, le haut potentiel intellectuel concerne tant le champ du normal que celui du pathologique. Le « spectre du haut potentiel intellectuel » regroupe ainsi différents profils, qui sont souvent dysharmoniques et s’associe notamment au syndrome d’Asperger chez certains sujets. Ce syndrome d’Asperger a lui-même disparu du DSM-5, pour se fondre dans cette nouvelle catégorie des « troubles du spectre autistique ». L’objectif de cet article est ainsi de questionner ces « nouveaux spectres » et ces deux entités, que sont le haut potentiel intellectuel et le syndrome d’Asperger, chez l’enfant.

Méthode
Une revue de littérature a permis la mise en perspective clinique et psychopathologique des travaux sur le haut potentiel intellectuel et sur le syndrome d’Asperger, à travers trois axes : le rapport au savoir, le rapport aux autres et le rapport au monde qu’entretiennent ces enfants.

Résultats
Leurs rapports au savoir nous questionnent sur la « suffisante perméabilité » de ce savoir et sur la possibilité pour eux d’utiliser leur intelligence au profit de leur insertion relationnelle et sociale. Leurs centres d’intérêt spécifiques, mais aussi les particularités de leur langage rendent parfois difficile la relation aux pairs d’âge et peuvent les amener à se tourner vers les adultes ou à se distancier de la relation. Leur rapport au monde, enfin, est communément marqué par une grande perméabilité sensorielle et émotionnelle susceptible de les fragiliser.

Discussion
Le surinvestissement de l’intelligence semble communément être force de pare-excitation, et participe à une forme de repli interne dont on peut questionner la continuité d’avec le repli autistique, la remise en cause du réel et son évitement. Ce surinvestissement viendrait suppléer les fonctions du Moi et permettrait à l’enfant de maintenir le lien à l’autre, à la réalité, au monde.

Conclusion
Ce travail de littérature nous amène à nous interroger quant à un continuum transnosographique entre ces deux entités et nous invite à poursuivre nos recherches cliniques dans le but de mieux identifier les similitudes et les disparités qui existent chez ces enfants et les processus psychiques qui les sous-tendent.

 

MA CONCLUSION

La pathologisation du haut potentiel gagne peu à peu, après les médias, les thèses. Et ensuite ?

La pseudoscience des surdoués

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2 réflexions sur « Haut potentiel intellectuel et syndrome d’Asperger : à la rencontre des nouveaux spectres »

  1. Bonjour, je crois que je ne vous avais pas répondu, pardon. Malheureusement, le titre « à la rencontre des nouveaux spectres » semble indiquer que les auteurs ont une idée préconçue.

    Vous n’êtes pas sans savoir que l’on parle de « spectre de l’autisme », alors parler de « spectre de la douance » est plus que choquant. Les recherches en neurosciences et sciences cognitives ne sont pas choquantes, ce qui est choquant c’est de confondre les deux aspects, et nier que le haut potentiel reflète avant tout l’intelligence d’un individu. Dans cette étude il y a à mon avis un gros risque de confondre douance et autisme, qui ne peuvent être confondus.

    En ce qui concerne la douance, il n’existe pas, comme vous l’écrivez de « structuration différente de la pensée », mais une efficacité et une rapidité plus importante de la pensée , ce qui est quand même plus nuancé et très différent, si je puis dire.
    Si une personne a des troubles autistiques,plus ou moins marqués, en étant surdouée, il faut rechercher un diagnostic d’asperger, et ne pas attribuer ces troubles à la douance.

    C’est le sens de cet article :
    http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/la-pseudoscience-des-surdoues/

    définition du syndrome d’asperger

    https://planetesurdoues.fr/index.php/videos/les-asperger/

  2. La problématique de ce genre d’études et de corrélations n’est pas de chercher des zones de convergence entre les troubles de spectre autistiques et la douance ; elle réside dans l’interprétation et les conclusions que l’on en tire.
    Si ces études visent à prouver que la douance et les spectres autistiques sont toutes deux des pathologies, alors effectivement il faut s’en inquiéter.
    Par contre, qu’il y ait des recherches en neurosciences et sciences cognitives sur la douance vs autisme ne me choquent pas du tout. Selon moi, autisme et douance ne sont aucunement des pathologies mais une organisation physiologique différente des connexions synaptiques, vraisemblablement associée à une surmultiplication de ces dites-connexions et une structuration différente de la pensée. En tant que THPI, mais non autiste, j’ai suis néanmoins affecté par certains troubles de type autistique et le nier, c’est aussi fermer les yeux sur la souffrance que peut induire ces difficultés dont la fréquence est souvent proportionnelle au potentiel intellectuel.
    Malheureusement, notre société a cette fâcheuse tendance à de plus en plus considérer les différences comme nuisibles : dans tel domaine, on parlera de communautarisme, ailleurs cela se traduira par de l’élitisme et dans le cas ici-présent, par une pathologie, voire un handicap.
    Ne faisons pas l’erreur de ce débat si absurdement manichéen. Privilégions plutôt l’éloge de la différence et soyons vigilants pour que certaines recherches, qui ont déjà le mérite d’exister, puissent avant tout permettre de comprendre, d’accepter et ne jamais être utilisées pour rejeter et pour catégoriser de manière simpliste et abusive.

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