Créativité

Dans le systéme scolaire la créativité est peu encouragée. Les notes à l’école reflètent un niveau de base de connaissances générales et une capacité de synthèse. Ces connaissances sont d’ailleurs très utiles, mais on demande peu de créativité à l’école, dans le meilleur des cas,  car elle est parfois sanctionnée ! Certains enfants doués et peu scolaires sont souvent des enfants très créatifs. Mais l’école ne prend pas en compte cet aspect de leur intelligence. Or dans la vie professionnelle, et dans la vie , la créativité est essentielle. Un entretien de Todd Lubart avec Joëlle Aden et Enrica Piccardo, enseignants-chercheurs,  à Paris le 20 octobre 2009 traite de ces questions passionnantes et toujours d’actualité. Todd Lubart est professeur de psychologie à L’Université Paris-Descartes et auteur avec Mouchiroud, Tordjman, Zenasni de l’ouvrage « Psychologie de la créativité »(2003).

Extrait :
« JA et EP
Dans votre ouvrage Psychologie de la créativité vous parlez d’une dimension
cognitive de la créativité, pourriez-vous préciser ce que vous entendez par là ?
TL
Quand on parle de la cognition créative, on évoque l’idée que certains types de
traitement de l’information, certaines capacités de traitement de l’information
s’appliquent plus spécifiquement à la recherche de nouvelles idées. Au cours
des cinquante dernières années, de nombreuses recherches dans la littérature
scientifique ont identifié un certain nombre de capacités cognitives. Ces
capacités cognitives apparaissent peu dans les tests classiques d’intelligence,
cependant, certaines d’entre elles, comme le facteur général d’intelligence ou
des connaissances générales sur le monde – sont également sollicitées dans des
productions créatives.
Quand on parle de cognition créative, on parle de capacités cognitives plus
spécifiques qu’on peut mesurer mais qui sont relativement peu sollicitées à
l’école ou peu mesurées dans des bilans intellectuels classiques. La pensée
divergente est un bon exemple, elle a un rôle important quand on cherche
à avoir un maximum d’idées très diverses et elle témoigne d’une certaine
flexibilité de la pensée lorsqu’il s’agit d’explorer un thème ou un problème
dans des directions différentes.
On peut comparer pensée divergente et pensée convergente. La pensée
convergente cherche une seule bonne réponse, la réponse « optimale ». A
l’école c’est souvent la réponse qui est connue par l’enseignant. La pensée
divergente peut être développée par des exercices et dans certaines recherches
on constate que plus on cherche des idées éloignées de la norme, plus on a une
probabilité de tomber sur une idée différente de ce que les gens trouvent de
façon spontanée. C’est tout à fait normal car quand on pose un problème ou une
question, la plupart des gens sollicitent des connaissances qui sont rapidement
accessibles, il s’agit là des idées qui sont connues, partagées socialement. Par
exemple, si on dit chien beaucoup de gens vont dire chat, mais si on commence
à chercher des dizaines de mots associés au mot chien on va bientôt tomber
sur des associations plus idiosyncrasiques, plus originales, moins connues,
qui peuvent être source d’idées originales et créatives. C’est un exemple de
processus cognitif qui peut être sollicité dans des épreuves classiques….

…JA et EP
Toujours dans ce même ouvrage, vous mentionnez à plusieurs reprises le lien entre
créativité et émotions, pourriez vous définir la nature des facteurs émotionnels
et leur valeur en relation à la créativité ?
TL
On prête une attention croissante aux aspects émotionnels impliqués dans la
créativité, et typiquement on évoque d’une part les états émotionnels transitoires :
on peut être de façon ponctuelle dans un état plutôt positif ou négatif, plus
ou moins intense. D’autre part, nous évoquons également les caractéristiques
stables sur le plan émotionnel, comme des traits émotionnels de personnalité.
Certaines personnes prêtent plus d’attention ou donnent plus d’importance à
leur vie émotionnelle que d’autres. Certaines personnes vivent leur émotions
plus intensément que d’autres, elles vivent une vie émotionnelle plus riche, plus
idiosyncrasique et il y également des personnes qui ont ce qu’on appelle une
intelligence émotionnelle développée, qui savent reconnaître et utiliser leur
intelligence au profit des émotions ou des informations émotionnelles.
Il y a de plus en plus de recherches sur ces thèmes. On sait qu’il y a des
interactions entre des caractéristiques stables émotionnelles comme le niveau
d’implication d’une personne, son état émotionnel et ses productions créatives.
Il y a certains liens avec la motivation : être dans un état émotionnel peut
focaliser des énergies parce que l’acte créatif est potentiellement un moyen
d’évacuer une énergie émotionnelle dans un travail productif….»

intégralité du  PDF   cliquez sur   entretien Todd Lubart

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